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University of Chicago Libraty
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Martin A. Ryerson
H. H. KoHLSAAT Byron L. Smith
Chas. L. Hutchinson C. R. Crâne
H. A. RusT Cyrus h. McCormick
A. À. Sprague C. J. Singer
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PASTEUR D'HERMAS
IMPRIMEIilE D. BARDIN, A S AIN T-GEHM AIN .
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ANALYSE
ACCOMPAGNÉE D'UNE NOTICE,. D'EXTRAITS
ET DE NOTES
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PARIS
LIBRAIRIE SANDOZ ET FISGHBACHER
G. FISGHBACHER, Successeur
33, RUE pE SEINE, 33
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LE PASTEUR D'HERMAS
NOTICE
Lé Pasteur est une apocalypse qui a été écrite en grec
dans le courant du second siècle, à Rome. Son authenticité
et son antiquité sont hors de doute, puisqu'il à été cité et
mentionné plus ou moins longuement par Irénée (m. en
202), par saint Clément d'Alexandrie (m. eu 217), par
Origène (m. en 253), etc. Son nom figure en outre dans
le canon de Muratori, que l'on suppose avoir été rédigé
vers l'époque d'Irénée, de 180 à 190. Quant à la date pré-
cise de sa composition, elle peut être, d'après les témoi-
gnages internes, fixée entre les années 130 et 140, vers la
fin du règne d'Adrien mort en 138. Cette conclusion est
du reste confirmée par la déclaration du canon de Mura-
tori, qui attribue la composition de Pasteur à unHermas,
frère du pape Pie I, dont on place le pontificat entre 142
et 157. Une autre opinion mise en avant par Origène, et
suivie par Eusèbe et saint Jérôme, donne pour auteur à,
notre livre cet Hermas que Paul salue dans son épître aux
Romains (ch. xvi, v. 14). Mais l'état intérieur et extérieur
de l'Église de Rome, tel qu'il est dépeint dans le Pasteur,
rend cette opinion très invraisemblable. Du reste, qu'on
adopte la première ou la seconde, on se heurte à de graves
1
2 LE PASTEUR D HE RM A S
difficultés. (Voir la note placée à la fm de la présente
notice).
Heureusement l'intérêt que présente le Pasteur, qui
nous fournit des renseignements si intéressants, sur l'état
et les croyances des Églises chrétiennes au moment de sou
apparition, cet intérêt, dis-je, dépend beaucoup moins
du personnage problématique qui en est l'auteur et de la
date précise de sa composition, que du crédit dont il a
joui dans l'Église pendant le u"^ et le m'^ siècles au
moins. Or tous les témoignages concordent pour nous
montrer qu'il avait acquis alors une vogue immense, qui
fait du Pasteur un représentant irrécusable des senti-
ments généraux de la chrétienté aux époques primitives.
Si jamais ce livre n'a été vénéré à l'égal des quatre Évan-
giles et de la plupart des autres écrits reçus comme apos-
toliques, qui composent le recueil du Nouveau Testament,
du moins est-il certain qu'il a été considéré comme une
écriture inspirée, et qu'à ce titre il était lu habituellement
dans les assemblées des chrétiens et cité comme une
autorité par les Pères. Voici les preuves les plus intéres-
santes de ces diverses assertions.
^ Nous avons d'abord le Canon de Muratori, qui con-
tient la nomenclature des livres que l'Église catholique
(texte textuel) est dite reconnaître pour apostoliques, et
qu'elle oppose comme une autorité aux livres des héréti-
ques. La série des livres apostohques se termine par les
Apocalypses de Jean et de Pierre, que l'auteur dit être les
seules reçues d'entre toutes les Apocalypses qui existaient
alors : à l'égard de celle de Pierre cependant, il fait
1. Ces renseignements sont extraits textuellement de V Histoire
du Canon des saintes Ecritures^ par M. Ed. Reiiss.
LE PASTEUR D.'hERMAS. 3
observer que quelques-uus lui refusent l'honneur de l'usage
officiel dans l'Église. L'auteur eu nomme toutefois ensuite
encore une autre, le Pasteur d'IIermas, qu'il dit avoir été
écrite récemment de notre temps, pendant que Pie occu-
pait le siège épiscopal de Rome, et par son frère. On doit
la lire (legi quidem Pastorem oportet), dit-il; mais, on ne
doit lui accorder une place, ni parmi les prophètes dont le
recueil est clos, ni parmi les écrits apostoliques.
Irénée cite le premier commandement du Pasteur sous
la forme consacrée de rpatp'/i, l'Écriture (1. IV, xx, 2) î
(( Bene ,ergo pronuntiavit Scriptura quee dicit:. Primo
omnium crede, quoniam unus est Deus » (Voir
Eusèbe, H. E., 1. V, vni, 7). L'emploi de ce terme de
rpaç-/) appliqué au Pasteur, sans autre désignation plus pré-
cise, montre bien qu'il était universellement connu, lu et
vénéré dans les Églises d'Occident. Le témoignage du
Canon de Muratori se trouve ainsi renforcé. — Notons eu
passant qu'une traduction latine devait déjà exister du
temps d'Irénée, pour rendre alors possibles en Occident
ces lectures devant le peuple.
TertuUien, dans son livre De oratïone, ch. xn, se raille
des chrétiens qui se croyaient obligés à s'asseoir après
avoir achevé leurs prières, parce qu'ils lisaient dans
le Pasteur (Vis.V/1) : « Gum adorassem et assedis-
sem super lectum..., » et dans ce passage, il donne à
ce livre le titre consacré d'Écriture : Hermas ille_, cujus
Scriptura fere Pastor inscribitur imo contra Scripturàm
fecerit^, si qtiis in cathedra aut subselHo sederit (non in
lecto). » Devenu montaniste, TertuUien prit le Pasteur eu
aversion, et il l'appelle un livre bon pour les adultères
[De Pudicitia, ch. x et xx) : a Scriptura Pastoris qua? solà
mœchos amat. . '. Pastor ille mœchorum) : il prétend dans
LE PASTEUR d'hERMAS.
lé premier de ces deux passages qu'il était exclu de toutes
les Églises, et jugé apocryphe et faux, qu'il ne mérit^ait
pas de figurer dans le recueil canonique. Il résulte cepen-
dant de ses propres expressions que ses adversaires, le
pape Zépliyrin par exemple, lui avaient opposé l'autorité
du Pasteur, et lui-mê'me reconnaît un peu plus bas, bien
involontairement, il est vrai, que le Pasteur était reçu
dans les Eglises, quoique avec moins de faveur que
l'épître aux Hébreux : « Et utique receptior apud Eccle-
sias Epistola Barnabse illo apocrypho Pastore mœchorum »
[Depud., ch. xn).
Saint Clément d'Alexandrie emprunte au Pasteur des
citations assez fréquentes et parfois étendues : il insiste
sur l'inspiration qu'il attribue à l'auteur : « La Puissance
qui a parlé divinement à Hermas dans son Apocalypse,
6pa[j.aTa, (pY,cl,... » (Strom. I, xxix, p. 246). — « La Puis-
sance qui est apparue à Hermas dans une de ses visions,
sous la forme de l'Église, ne lui a-t-elle pas donné un
livre à copier, parce qu'elle voulait qu'il le communiquât
aux Églises?» (Strom. VJ^ xv, p. 806). — « La Puissance,
qui lui est apparue, dit à Hermas :...» (Strom. II, ch. i,
p. 430).
Origène' témoigne que le Pasteur est répandu dans
l'Église : il ne doute pas de l'inspiration de ce livre et le
cite souvent : « Je pense, dit-il, que cet Hermas, que Paul
salue dans son épître aux Romains (ch. xvi, 14) est
l'auteur de ce livre qu'on appelle le Pasteur: cette Écri-
ture me semble très-utile, et à mon avis, elle a été divine-
ment inspirée » (Comment, in Rom., 1. X, ch. xxxi).
Mais il reconnaît, eu le regrettant, que tout le monde n'est
pas de son avis: « Si nous devons oser faire usage d'un
LE PASTEUR d'hçRMAS. S
livre répandu dans l'Église, sans être cependant tenu pour
divin par tout le monde, nous nous appuierons sur ce qui
est rapporté dans le livre du Pasteur au sujet de certaines
personnes. » {Comment. Math., ch. xiv). — « Ce qui est
dit dans le Pasteur^ livre qui est méprisé par quelques
personnes....» (De princip,, iv, 11).
Terminons par le témoignage d'Eusèbe. Cet historien
partage les livres qui se donnaient pour inspirés en
trois catégories^ et_, pour base de sa classification, il prend
le nombre des voix qui s'étaient prononcées pour ou
contre chacun d'eux. La première catégorie comprend
ceux sur l'autorité et l'authenticité desquels toutes les
Églises, tout les auteurs qu'ilavait consultés étaient d'ac-
cord; la troisième est formée de ceux contre lesquels les
témoins se prononcent avec une égale unanimité. La
seconde forme dès lors une classe intermédiaire, compo-
sée des livres au sujet desquels les suffrages se divisaient.
Les premiers sont les homologoumènes, les seconds sont
les antilégomènes^ ou livres contestés, qu'il appelle égale-
ment bâtards (voôa) ou apocryphes * , c'est-à-dire qui
n'ont pas le cachet de légitimité canonique. Les derniers
1. Eusèbe applique indistinctement aux mêmes livres l'épithète
d'antilégomènes et de bâtards : ainsi il dit, 1, III, 23 : « Dans la
classe des antilégomènes on place d'habitude l'épître dite de Jac-
ques, et celle de Jude, etc.» Ailleurs (1. 11,23), il dit : «Ilfaut cepen-
dant savoir que l'épître de Jacq.ues est illégitime. Il n'y a qu'un
petit nombre d'auteurs anciens qui la mentionnent ainsi que
celle dite de Jude, qui est aussi du nombre des sept épîtres catho-
liques. »
On sait encore par le passage suivant (III, 31) qu'Eusèbe ne
considérait que trois classes de livres : « Voilà ce qui est parvenu
à notre connaissance relativement aux apôtres et à leur époque,
ainsi qu aux saintes Ecritures qu'ils nous ont laissées, et aux
livres qui, bien que contestés, sont cependant consacrés à l'usage
6i ■ LK PASTEUR D HERMAS.
sont les livres hérétiques, contraires à la vraiç foi aposto-
lique. C'est dans la seconde classe, celle des livres con-
testés, qu'Eusèbe place le Pasteur d'IIermas, en compa-
gnie cle Fépître de Jacques, de celle de Jude, de la seconde
de Pierre^ des deux. dernières de Jean, de l'épître de
Barnabas, et ajoute-t-il, de l'Apocalypse de Jean, que les
uns rejettent, tandis que les autres la comprennent parmi
les livres universellement reçus {H. £'., L III, ch. xxv).
Il dit encore, 1. III-, ch. ni : « Quant au Pasteur, il faut
savoir qu'il rencontre de l'opposition, de sorte qu'on ne
saurait le mettre parmi les homologoumènes : d'autres
cependant le jugent indispensable pour rinstruction élé-
mentaire. C'est pour cette raison qu'il est en usage dans
les Églises, et je vois que plusieurs des anciens auteurs
s'en servent, w
Nous avons un autre genre de preuves de l'usage qu'on
faisait dans les anciennes Églises du Pasteur d'Hermas :
c'est la composition des anciens manuscrits du Nouveau
Testament^ de ces belles copies en grand format sur par-
chemin qui étaient faites^ non pour des individus, mais
pour des Églises.
Le plus ancien manuscrit existant de la Bible grecque,
le Codex du Sinaï, rapporté en 1860 par M. Tischendorf
et qui date du iv'' siècle, comprend le Pasteur.
Le Codex de Clermont; offre à la suite du texte la copie
d'une ancienne liste complète des livres de l'Ancien et du
Nouveau Testament. Cette stichométrie, comme on appe-
lait alors ces listes, se termine par la mention des livres
suivants : l'épître de Jacques, les trois de Jean, celle de
public dans la jDlujDart des Eglises, enfin à ceux qui sont absolument
pocryphes et contraires à la ATaie foi apostolique. »
LE PASTEUR d'iIERMAS.
Jude^ celle de Barnabas (épître aux Hébreux), l'Apoca-
lypse de Jeau, les Actes des Apôtres, le Pasteur d'Her-
mas, les Actes de Paul et la Révélation de Pierre.
En voici assez pour établir l'autorité dont a joui long-
temps le Pasteur, et l'intérêt qui existe à constater la na-
ture exacte des croyances qu'il nous révèle.
Nous avons vu qu'une traduction latine du Pasteur a dû
être faite de très bonne heure. Jusque dans ces derniers
temps on ne possédait le texte du Pasteur que dans cette
langue : il y a plus^ tous les manuscrits latins connus de
ce livre représentaient une version unique, celle qu'on
appelle la version latine vulgaire, et ces manuscrits décou-
lent tous d'un manuscrit unique fort corrompu. Mais de-
puis peUj on à découvert et publié :
l*^ Une seconde version latine, dite Palatine;
2*^ Une version éthiopienne;
3^ Le texte grec presque complet. 11' ne fait, en
effet, défaut que pour la fin du livre, c'est-à-dire pour les
chapitres xxx-xxxiii de la neuvième similitude et la
dixième similitude tout entière^ qui comprend quatre
.chapitres.
On peut donc s'écrier avec M. Hilgenfield(1866)j faisant
allusion à Mathieu, xm, 17*: « Quod permulti, si non
« prophetae, tamen justi viri doctique, antea videre cu-
« pierunt, sed non viderunt, grœciim liermœ Pasto-
« rem^ eum uobis coqtigit videre. Fragmenta quidem
« graeca jam priores editores inter quos J.-B. Cotelerius
« etJ.-A. Fabricius excellebant, ex Ecclesiae scriptoribùs
1. Math. XIII, 17 : Beaucoup de prophètes et de justes ont sou-
haité de voir ce que vous voyez et ne l'ont pas vu, et d'entendre ce
que vous entendez et ne l'ont point entendu. — CL Luc, x, 24.
8 LE PASTEUR d'hERMAS.
« cliligentér contulerunt, sed grsecus textus ipse uostra
u demum œtate incotuit. »
Ce texte grec a pu être rétabli :
1° Au moyen du manuscrit du Sinaï, qui, malheureuse-
ment, est détruit à partir du sixième verset du troisième
chapitre du quatrième commandement,, et fournit, par
conséquent, à peine le premier quart;
2° Au moyeu du Codex Lipsicnsis, c'est-à-dire de trois
feuilles proyenant d'un manuscrit peu ancien, découvert
au mont Athos par le Grec Simonide, et de la copie du
reste de ce manuscrit faite de la main de ce même Si-
monide;
S'^ Au moyen des citations faites par Clément d'Alexan-
drie et d'autres Pères. Il faut mentionner en particuher
deux ouvrages oii l'on rencontre des extraits fort étendus,
plus ou moins textuels, du Pasteur ; c'est : 1^ le livre des
homélies à Antiochus , qui est attribué à Athanase ;
2^^ l'ouvrage d'Antiochus de Palestine, intitulé Pandecie
de V Écriture sainte. Ce moine, qui vivait dans le courant
du v° siècle au monastère de Saint-Saba, a, comme le faux
Athanase, fait ses nombreux emprunts au livre d'Hermas
sans indiquer la source oii il puisait.
La version latine vulgaire, accompagnée des extraits du
texte grec recueiUis dans les Pères, a été imprimée bien
des fois : on la trouvera, par exemple, dans le deuxième
volume des Pères grecs de la collection Migne.
Le texte grec a été édité d'abord par M. Tischendorf,
en 4 856, puis par M. Ililgenfeld en 1866, enfin par
MM. Oscar de' Gebhardt et Adolphe Ilarnack en 1877, à
Leipzig. Cette dernière édition comprend en outre la version
latine dite Palatine, ainsi que des prolégomènes étendus
très-intéressants et un commentaire perpétuel fort ins-
LE PASTEUR d'hERMAS 9
tructif. Elle est divisée en versets; c'est à elle que se rap-
porteront nos renvois.
NOTE SUR L'AGE DU PASTEUR
Le Pasteur témoigne d'un grand relâchement dans l'É-
glise de Rome ; l'impression qu'il laisse est que le nombre
des chrétiens convaincus et sérieux n'y forme qu'une mi-
norité. Il est peu probable qu'il en fût déjà ainsi à la fin
du i"^^ siècle.
En outre, ou y voit que les chrétiens ont déjà été per-
sécutés, que des recherches positives ont été faites contre
eux, qu'ils ont été dénoncés, traînés devant les tribunaux,
où on a voulu leur faire renier le Christ. Or, tous ces
caractères ne sauraient s'appliquer évidemment à la per-
sécution de Néron, qui frappa les chrétiens en bloc, sans
poursuites ni jugements. Quant à Domitien, c'est à peine
s'il persécuta les chrétiens : u Domitien, dit Tertullien
[Apolog., 5), ce demi-Néron pour la cruauté, avait aussi
essayé de la violence ; mais, comme il conservait quelque
chose d'humain, il s'arrêta sur cette pente et rappela
même ceux qu'il avait exilés. » 11 n'y a eu sous son règne
ni tribunaux siégeant, ni juges instruisant et prononçant
dans des causes chrétiennes. Pline écrit à Trajan qu'il n'a
jamais assisté à des procès criminels faits à des chrétiens,
qu'il ne sait pas bien sur quoi porte l'instruction, quel est
■i)
10 LE PASTEUR d'heRMAS.
précisément le crime dont on les accuse. Or Pline, qui
était légat de l'empereur Trajan en Bithynie quand il écri-
vait ces mots, vivait à Rome du temps de Domitien ; il y
exerçait la profession de jurisconsulte et d'avocat; pendant
plus de vingt ans il n'avait pas quitté le barreau ; il avait
traversé toutes les charges publiques, y compris lapréture
et le consulat. On est ainsi reporté à la fin du règne de
Trajan et à l'époque d'Adrien, époque à laquelle on com-
mença à instruire régulièrement contre les chrétiens.
Une autre considération d'un genre différent s'oppose
à ce qu'on attribue au Pasteur une trop haute antiquité.
L'auteur qui fait une énumératiou si longue et si détail-
lée des diverses espèces de chrétiens, ne fait pas la moin-
dre allusion à des chrétiens judaïsants. La rupture entre
l'Eglise et la Synagogue était donc dès lors un fait ac-
compli.
D'un autre côté, si le Pastem' n'est pas l'œuvre d'un dis-
ciple inimédiat des Apôtres, comment a-t-il mérité l'hon-
neur de figurer parmi les livres lus publiquement dans les
assemblées des chrétiens? Il serait le seul dans ce cas.
S'il n'a été composé que vers 140, comment était-il si
répandu en Orient et en Occident dès les temps de Clé-
ment d'Alexandrie et d'irénée, déjà morts, le premier en
217 et le second en 202? Comment était-il dès lors vénéré
partout, même des chrétiens les plus instruits ?
Eufyi l'auteur du Pasteur ne connaît pas d'évêques.
Irénée, au contraire, en est déjà à préconiser l'épiscopat •
et à fournir une liste complète d'évêques romains (i?«?r^5.,
1. III, ch. let suiv.) ^
1. Pundantes igilur et jnstruentes beati ai^ostoli Petrus et Paulus
Ecclôsiam Romœ, Lino episcopatiim aciministj'andœ Ecclesiaî tradi-
deriint... Siiccedit aiitem ei Anacletus : post eiim tertio loco ab
^
LE PASTEUR d'hERMAS. 11
N'y a-t-il pas quelque chose de choquant, de contradic-
toire, qui inspire la défiance, à voir le Canon deMuratori
proclamer comme ayant été composé « récemment, de
notre temps, sous Vépiscopat de Pie^ » un ouvrage oii,
précisément, l'épiscopat est ignoré? « Pastoren;i vero nu-
u perfime temporibus nostris in urbe Roma Herma cons-
« cripsit, sedente cathedra urbis Romse Ecclesise Pio
(( episcopo fratre ejus. » Quant à supposer que, par les
derniers mots, l'auteur du canon a simplement voulu dire
qu'Hermas avait un frère, Pie, qui était, un des auciens
de l'Église de Rome, on ne le peut pas, en présence du
document contemporain fourni par Irénée, auquel nous
avons fait allusion.
apostolis episcopatum sortitur Glemens... etc. — La série de ces
évoques estl° Lin; 2" Anaclet; 3" Clément;. -4° Évariste; 5° Alexan-
dre; 6° Six tus; 7° Télespiiore ; 8" Hygin ; 9"^ Pie; 10^ Anicet;
11" Soteret 12° Eleuthèrc, contemporain d'Irônée.— Il faut remar-
r
quer ici qu'Irénéc attribue la fondation de TEglise de Rome aux
deux apôtres Pierre et Paul également et qu''il ne compte ni l'un
ni l'autre au nombre des évoques de cette ville.
LE PASTEUR d'hERMAS.
APERÇU
Le Pasteur est une Apocalypse : c'est une série de
visions ou de révélations faites à Ilermas par des person-
nages célestes.
L'ouvrage est divisé en trois parties, dont la première
est formée de cinq visions, la seconde de douze comman-
dements et la troisième de dix similitudes.
■ ■ 1° Visions.
Première vision (quatre chapitres). — Hermas raconte
qu'il avait été conduit à Rome pour être vendu à une
chrétienne nommée Roda. Au bout de quelques années il
fît sa connaissance et l'aima comme une sœur. L'ayant
vue un jour se baigner dans le Tibre et lui ayant donné la
main pour sortir du fleuve, il fut frappé de sa beauté, et le
désir lui vint, quoiqu'il fût marié, de posséder une femme
qui lui ressemblât.
Un certain temps après, s'étant endormi sur la route de
Cumes, il eut une vision. Roda lui apparut dans le ciel et
lui reprocha, comme une faute, le désir qui s'était élevé
dans son cœur. Quand elle se fut retirée, Hermas aperçut
un trône tout blanc, oii vint s'asseoir une femme âgée qui
tenait un livre dans les mains. Cette femme le voyant tout
LE PASTEUR d'hERMAS.
troublé du reproche que lui avait fait son ancienne maî-
tresse, le rassura sur ce point, mais lui apprit que le Sei-
gneur était irrité contre lui, parce qu'il avait laissé ses
enfants se corrompre ainsi que toute sa maison. Elle lui
fit ensuite une lecture dans son livre, puis se retira vers
l'orient, emmenée par six jeunes gens.
Deuxième vmoîi (quatre chapitres). — L'année suivante,
toujours sur la route de Cumes, il est transporté en esprit
dans le même lieu que la première fois et revoit la même
vieille femme hsant un petit livre qu'elle lui donne à
copier, ce qu'il fait, sans du reste le comprendre. C'est
seulement quinze jours plus tard que le sens de ce hvre lui
est révélé en songe par un jeune homme : on y accusait sa
femme de ne pas retenir sa langue, et ses enfants d'avoir
dénoncé leurs parents : on engageait Hermas à ne pas les
renvoyer pour cela, mais à les exhorter à faire pénitence.
Le jeune homme lui apprend en même temps que la vieille
femme qu'il avait vue était l'Éghse. Celle-ci lui apparaît
un peu plus tard pour lui donner l'ordre de lire son livre
aux anciens et d'en faire deux copies, qu'il remettra l'une
à Clément, l'autre à Grapta ; le premier l'enverra aux villes
étrangères, la seconde la communiquera aux veuves et aux
orphelins. •
Troisième vision (treize chapitres). — La même
femme apparaît encore à Hermas dans un songe et lui
donne rendez-vous dans un champ, oii il va : il y
trouve des sièges préparés, mais personne; toutefois la
femme ne tarde pas à se présenter, toujours accompagnée
par les mêmes six jeunes gens qui la servent. Elle fait
asseoir Hermas et donne à ceux-ci l'ordre de bâtir. Bientôt
Hermas voit s'élever sur les eaux une tour carrée qu'édi-
fiaient ces six jeunes gens avec l'aide d'une multitude
LE PASTEUR d'hERMAS,
d'autres hommes qui allaient chercher des pierres de tous
côtés : parmi ces pierres, les unes étaient admises, les
autres rejetées, soit provisoirement, soit définitivement,
chap. i-n. — L'explication de cette apparition est bien-
tôt donnée à Hermas par la femme, qui lui apprend que
la tour, c'est elle-même^ l'Église, que les six jeunes g-ens
sont les anges créés les premiers, les chefs des autres
anges que figuraient les hommes apportant les pierres :
ces pierres sont les différentes variétés rVappelés, qu'elle
lui dépeint : quant aux sept femmes qu'il voit tout autour
de la tour, la soutenant, ce sont les sept vertus princi-
pales, la Foi, la Tempérance, etc., chap. m-ix. — L'ex-
plication étant finie, la femme est emportée dans la tour
par les six jeunes gens, pendant qu'ïlermas lui demande
de lui expliquer ce que signifient les trois formes différentes
sous lesquelles elle lui était apparue, d'abord vieille, puis
de plus en plus jeune. Cette explication ne lui est donnée
qu'un peu plus tard dans un songe, par un jeune homme,
chap. x-XHi.
Quatrième vision (trois chapitres). — Hermas ayant
pris la voie Campanienne, s'était engagé sur une route
de traverse solitaire, quand il voit s'élever un grand
nuage de poussière et aperçoit bientôt un monstre de la
grandeur d'une baleine, qui s'avançait vers lui ; des sau-
terelles de feu ^ sortaient de sa bouche, et sa tête était de
quatre couleurs. Hermas s'étant recommandé à Dieu avec
confiance, le laissé s'approcher sans trembler : effective-
ment le monstre s'arrête à ses pieds, et le laisse passer
sans lui faire aucun mal, chap. i. — L'ÉgHse vient
alors au-devant de lui sous la forme d'une vierge parée
■ 1 ^poc.,ix, 3 : de cotte famée il sortit des sauterelles qui se
répandirent sur la terre...
LE PASTEUR d'hERMAS. 15
comme une nouvelle mariée^ et lui explique que cette bête
est uue image de la grande tribulation qui va venir, mais
dont les vrais fidèles n'auront rien à craindre, cliap. n-iii.
Cinquième vision (un chapitre). — Cette vision n'est
qu'un préambule à la seconde partie qui va suivre, celle
des douze commandements. Hermas était chez lui, occupé
à prier, quand il voit entrer tout à coup un ange habillé
en berger, qui lui -apprend que VAnge très-vénérahle l'a
envoyé habiter dans sa maison, pour lui transmettre cer-
tains commandements et lui procurer de nouvelles visions.
Commandements.
Premier commandement (un chapitre). — Croire eu un
seul Dieu, infini, créateur du monde, et le craindre.
Deuxième commandement (un chapitre). — Éloge de
la simplicité de cœur; ne pas médire du prochain : faire
l'aumône sans distinction de personnes.
Troisième commandement (un chapitre). — Respecter
la vérité.
Quatrième commandement (quatre chapitres). — Chap. i!
Observer la chasteté, même en pensée : on doit se séparer
de sa femme, si elle tombe, dans l'adultère et dans l'idolâ-
trie : toutefois il ne faut pas se remarier, afin de se réser-
ver la faculté de la reprendre, si elle vient à se convertir. —
Chap. u : Le repentir est un acte d'inteUigence. — Chap; ni :
Il n'y a pas d'autre rémission des péchés que celle qui
s'obtient par le baptême: toutefois, dans sa miséricorde.
Dieu vient faire en ce moment un suprême appel aux
1. yi_poc., XXI, 2 : Et je vis descendre du ciel, d!auprès de Dieu,
la Ville sainte, une Jérusalem nouvelle, prêté comme une épouse
qui.s'est parée pour son époux. .
16 LE PASTEUR d'hEAMÀS.
pécheurs et est prêt à les admettre encore à la pénitence ;
mais il faut se hâter d'user de cette faveur exceptioiinelle,
qui ue profitera pas aux péchés commis à l'avenir. —
Chap. IV : Il vaut mieux ne pas se remarier, quand on
est devenu veuf.
Cinquième commandement (deux chapitres). — Éloge
de la patience ; condamnation de la colère, qui met en
fuite l'Esprit-Saint et donne accès aux esprits du mal.
Sixième commandement (deux chapitres). — La justice'
et l'injustice : l'homme a toujours à ses côtés deux anges,
un ange du bien et un ange du mal, qui parlent alternati-
vement \ son cœur : il est facile de les reconnaître à la
nature de leur langage.
Septième commandement (un chapitre). — Craindre
Dieu, mais non le diable. Ne pas se contenter de craindre
Dieu, mais encore observer ses commandements.
Huitième commandement {\m chapitre). — Quelles sont
les choses dont il faut s'abstenir et celles dont on doit se
garder de s'abstenir.
Neuvième commandement {un chdi^iivQ). — Mettre toute
sa confiance en Dieu et bannir le doute de son cœur. Le
doute est un des vices les plus funestes aux fidèles.
Dixième commandement (trois chapitres). — La tris-
tesse est encore une des dispositions de l'âme les plus fâ-
cheuses pour les fidèles. La tristesse porte au mal, afflige
l'Esprit-Saint, et les prières de l'homme triste ne s'élèvent
pas jusqu'à Dieu, devant qui trouve grâce, au contraire, la
gaieté du cœur : il y a cependant des circonstances oti la
tristesse est le chemin du salut. — Chap. i : Digression
sur la nécessité de se désintéresser du monde pour acqué-
rir l'inteUigence des choses saintes.
Onzième commandement (un chapitre). — Caractères
LE PASTEUR D HERMAS.
distinctifs des Yrais et des faux prophètes. Se garder des
faux prophètes ; ne pas les consulter. *
Douzième commandement (six chapitres). — Chap. i-ni :
Chasser de son cœur les mauvais désirs et cultiver l'amour
de la vertu. —Chap. in-vi : Les commandements de Dieu
sont doux et aisés : les serviteurs de Dieu n'ont rien à
craindre dudiable, qui ne peut rien contre eux.
SlMIUTUDËS.
Première similitude. (un chapitre). — ; Les serviteurs de
Dieu habitent ici-bas dans un monde qui leur est étranger,
leur propre cité est ailleurs ^^ : ils ne doivent pas chercher
à amasser des biens sur cette terre.
Deuxième similitude (un chapitre). — De même que la
vigne, pour s'élever et fructifier, a besoin du soutien
d'un orme, de même, pour s'élever et produire du fruit, le
riche a besoin de s'appuyer sur le pauvre, qui seul est
puissant auprès Dieu.
IVoisième similitude (un chapitre). — Le Pasteur mon-
tre à Hermas un grand nombre d'arbres dépourvus de
feuilles, tous semblables entre eux : ils sont l'image de
ce monde, où les justes et les pécheurs se trouvent con- .
fondus.
Quatrième similitude (un chapitre). — Le pasteur mon-
tre ensuite à Hermas une autre plantation d'arbres, oti les
uns sont couverts de feuilles et les autres desséchés. C'est
l'image du siècle à venir, oti les justes fleuriront, tandis
i. V Ep. Jean, iv, 1 : Mes bicn-aimcs, ne vous fiez pas à tout
esprit, mais éprouvez les esprits, pour voir s'ils viennent de Dieu,
car beaucoup de faux prophètes ont paru dans le monde.
:2. Ilébr. XIII, 14 : ... Car nous n'avons point ici de cité perma-
nente, mais nous clierclions celle qui est à venir.
18 LE PASTEUR d'hERMAS
que les gentils et les pécheurs seront desséchés et brûlés.
Cinquième similitude (sept chapitres). — Les chapitres i
et m expliquent que le jeûne agréable au Seigneur con-
siste à pratiquer la charité. — Le chapitre deuxième déve-
loppe l'allégorie suivante : Un maître^ sur le point de par-
tir pour un voyage, fait choix d'uii serviteur à qui il confie
sa vigne, pour qu'il la garnisse d'échalas. Celui-ci s'acquitte
avec soin de cette mission, et fait, en outre, tout ce qu'il
peut pour que son maître à son retour retrouve sa vigne
dans l'état le plus florissant. Le maître, lorsqu'il la revoit,
se sent en effet si heureux du zèle déployé par son servi-
teur, qu'il convoque son fils unique et ses conseillers,
pour leur déclarer sa résolution d'adopter le serviteur et
de l'établir cohéritier de son fils. Ceux-ci applaudissent à
cette décision. — Les chapitres iv et v donnentl'explication
de cette parabole. Le maître du champ, c'est Dieu; le
champ, c'est le monde ^; le fils du maître, c'est le Saint-
Esprit, Fils de Dieu ; les conseillers, ce sont les six ar-
changes; enfin le serviteur, c'est l'Homme-Christ que le
Saint-Esprit a choisi comme demeure et comme coopéra-
teur, lorsqu'il a voulu, au prix de mille peines, purifier le
genre humain et lui transmettre la loi qu'il avait reçue de
son Père. L'Homme-Christ s'est prêté avec tant de zèle à
ce ministère, a partagé avec tant de courage les fatigues de
l'Esprit-Saint, qu'il a mérité d'être appelé par Dieu à parti-
ciper pour toujours à la gloire et à l'habitation de celui-ci.
— Le chapitre 'septième est une exhortation adressée à tous
les fidèles, en la personne d'Hermas, pour qu'ils s'abs-
tiennent de souiller cette chair, qui doit partager un jour
la récompense de l'Esprit.
1. Math. XIII, 3*7 : Il répondit : Celui qui sème la bonne semence,
c'est le Fils de l'homme, le champ c'est le monde, etc.
Lli PASTEUR d'hEUMAS. 19
Sixième similitude (cinq chapitres). — Chap. i-iii : Le
Pasteur montre à Ilermas un berger à l'extérieur avenant,
qui fait paître un troupeau divisé en deux parts au milieu
de pâturages plantureux : dans la première partie du trou-
peau, on voj'^ait toutes les brebis folâtrer, tandis que dans
la seconde, elles ne se livraient à aucun ébat. Bientôt
Hermas voit celles-ci livrées à un second berger à l'air
rude, qui les mène paître au milieu des épines et les acca-
ble de coups, sans leur laisser un instant de relâche. —
Le premier berger est l'ange de la volupté, et le second
l'ange du châtiment ; la première partie du troupeau re-
présente les fidèles que la volupté a perdus sans retour; la
seconde partie figure ceux pour lesquels il y a espoir de
guérison par le moyen de la pénitence. Les épines et les
coups représentent les diverses épreuves de la vie qui
servent d'expiation. — Chap. iv-v : Exphcations sur la
manière dont la durée des peines doit être appréciée : s'il
y a de mauvaises voluptés, il y en a de bonnes.
Septième similitude (un chapitre). — Le Pasteur expli-
que à Hermas qu'il a été livré à l'ange du châtiment à cause
des péchés de toute sa maison, et lui promet d'intercéder
auprès de ce dernier pour qu'il adoucisse ses soufïrances.
Huitième similitude (onze chapitres). — Chap. i, u :
Le pasteur montre à Hermas un grand saule qui couvrait
les plaines et les montagnes et sous l'ombre duquel vien-
nent se réunir tous ceux à qui l'Évangile a été prêché.
Près du tronc se trouvait un ange de haute taille avec une
faux. U en coupe une multitude de petits rameaux, sans
que l'arbre paraisse en souffrir et les distribue à tout ce
peuple. Bientôt il se les fait rendre dans l'ordre même oii
il les avait donnés, et les examine un à un. Tous ceux qui
les rendent couverts de fruits ou au moins de feuilles re-
20 LE PASTEUn D'ifEItMAS.
çoiveut des courouDCs \ et il les envoie habiter dans la
tonr. Quant aux autres^ il les livre à l'ange de la péni-
tence, pour qu'il fasse subir une épreuve à leurs baguet-
tes, et les traite ensuite suivant le résultat de cette
épreuve. — Cliap. in : Explication partielle de l'allégorie :
Le grand arbre, c'est la Loi, qui est elle-même le Fils de
Dieu^ ; Fange, c'est l'archange Michel, le chef du peuple
saint, à qui il a donné la loi, représentée par les baguettes.
Ceux qui ont été dirigés vers la tour, ce sont ceux qui
ont observé fidèlement la loi, c'est-à-dire les martyrs,
les confesseurs, les saints et les justes. Ceux qui ont été
livrés au Pasteur, ce sont ceux qui ayant plus ou moins
transgressé la loi, ont besoin de faire pénitence. —
Chap. iv-v : Au bout de quelques jours le pasteur qui avait
planté et arrosé (chap, n)'les baguettes de ceux qui lui
avaient été livrés, revient s'asseoir à la place de l'ange, fait
arracher par chacun sa baguette et les passe toutes en re-
vue. En même temps, il fait placer leurs possesseurs par
groupes, suivant l'état dans lequel ces rameaux lui sont
remis. — Chap. vi-x : Le Pasteur fait remarquer à Ilermas
que si, parmi ces pécheurs, il y en a qui n'ont pas fait pé-
nitence, ily en a d'un autre côté un grand nombre qui se
sont repentis et qui ont mérité d'aller habiter dans les mu-
railles, et même dans la tour. Puis il donne une exphcation
détaillée de ces diverses catégories de pécheurs et de l'ha-
bitation qui les attend. — Chap. xi : Ilermas est engagé
à prêcher la pénitence à ses frères.
Neuvième similitude (trente-trois chapitres). — Cette si-
militude est en quelque sorte une reprise de la troisième vi-
1. Apoc.n, 10; m, 11... etc.; 1 Cor. ix, 2o ;2Tim. iv, 8; Jacq. i,
12 et 1 Pierre v, -4.
2. Jean xv, S : Je suis le cep et vous êtes les sarments.
LE PASTEUR d'hERMAS. 21
siou, modifiée et développée. Chap. i-ii : Le Pasteur révèle à
Ilermas que c'était l'Esprit-Saint, c'est-à-dire, ajoute-t-il, le
Fils de Dieu, qui lui est apparu daus les premières visions
sous la figure de l'Église, par égard pour sa faiblesse,
et il lui fait observer qu'à mesure qu'il s'est aguerri^ il a
reçu des révélations de plus en plus hautes. Il le mène
ensuite en Arcadie sur une montagne, d'oti il lui montre
une grande plaine entourée de douze montagnes rangées
en cercle et ayant chacune sa physionomie particuhèrc.
Au centre de la plaine se dressait un grand rocher blanc,
muni d'une porte brillante : cette porte était gardée par
douze vierges. — Chap; ni-v : Arrivent six hommes (six
auges) qui en convoquent une multitude d'autres, et tous
ensemble se mettent à bâtir une tour sur le rocher, au-
dessus de la porte. Les vierges prenaient les pierres à me-
sure qu'on les apportait, leur faisaient traverser la porte
et les remettaient aux ouvriers chargés de bâtir : les cent
dix premières* furent extraites d'un abîme, et servirent
de fondement à l'édifice ; les suivantes furent prises dans
les douze montagnes : celles qui par hasard n'avaient pas
été introduites par les vierges, à travers la porte furent
enlevées et reportées à leur ancienne place. Quand la tour
fut près d'être achevée, on suspendit le travail pour at-
tendre l'arrivée du maître. — Chap. vi-vii : Bientôt se
présente ce maître de la tour, sous la forme d'un homme
1. Pour ces cent dix pieiTes, voir S. IX, m, 3; iv, 3; xv, 4 : Les
trente-cinq avant-dernières sont les prophètes de Dieu et ses mi-
nistres; les quarante dernières sont les apôtres et les docteurs; les
dix premières sont la première généi'ation humaine, les vingt-cinq
suivantes sont la seconde génération des justes. Ces quatre catégo-
ries forment quatre rangs de pierres dans les fondations de la toui'.
Cf. Ephés. II, 20 : Vous avez été édifiés sur le fondement des apôlros
etdes prophètes, la pierre angulaire étant Jésus-Christ lui-môme. Cf.
aussi Apoc. xxi, 1-4,
22 LK PASTEUR T) IIERMAS.
dout la taille dépassait l'édifice lui-même : il est accompa-
gné des six chefs qui dirigeaient la construction, et suivi de
la multitude des travailleurs. Il passe l'inspection de la
tour^ examine les pierres une à une, ordonne qu'on retire
celles qui ne conviennent pas et les fait remplacer par
d'autres pierres tirées de la plaine. Ces pierres exclues, il
les livre au Pasteur, c'est-à-dire à l'ange de la pénitence,'
pour qu'il les nettoie et les taille. — Chap. vni-x : Ces
pierres sont examinées : les unes, après avoir été taillées,
sont replacées à l'intérieur de la bâtisse ; les autres, recon-
nues définitivement impropres, sont livrées à douze femmes
vêtues de noir, qui les reportent sur leur ancien emplace-
ment. Le berger passe alors un dernier examen de la
tour, fait disparaître les défauts au moyen de ciment, puis
s'en va, laissant Hermas en compagnie des douze vierges.
— Chap. XI : Hermas passe la nuit avec celles-ci en
prières. Le berger revient le lendemain matin et se met
en devoir de lui expliquer la vision, après s'être assuré
par certaines questions de la chasteté dont il avait preuve
pendant la nuit, au milieu des douze jeunes filles. —
Chap. xii-xvi: Première partie de l'explication. Le rocher,
comme la porte, c'est le Fils de Dieu, qui est aussi le
maître de la tour ; la multitude des ouvriers, ce sont les
anges ; leurs six chefs, ce sont les archanges ; la tour,
c'est l'Église ; les pierres ce sont ceux qui ont reçu l'ap-
pel de l'Évangile ; les douze vierges qui gardaient la porte,
ce sont les douze vertus principales ; les douze femmes
vêtues de noir, ce sont les douze vices opposés à ces
vertus. — Chap. xvii-xxiii : Explication des douze mon-
tagnes; les pierres qu'on en tire, avec celles de la plaine
et celles de l'abîme, sont les diverses espèces de chrétiens.
Exhortation à la pénitence.
LE PASTEUR d'HERMAS. . 23
Dixième similitude (quatre chapitres) . — Le grand ange,
maître de la tour, apparaît lui-même à Hermas pour lui faire
l'éloge de Fange de la pénitence, lui recommander de prê-
cher le repentir et lui apprendre qu'il a ordonné aux
douze vierges qui figurent les douze vertus principales, de
demeurer avec lui : il finit en l'exhortant à pratiquer la
charité envers les indigents.
Nota. — La division actuelle du Pasteur en Visions,
Commandements et Simihtudes ne remonte pas à une
haute antiquité et n'est pas du fait de l'auteur. Celui-ci,
comme on le voit par le chapitre premier de la première
Similitude divisait son livre en deux parties principales,
comprenant chacune deux sections.
La première parlie comprend les quatre premières Vi-
sions, où Hermas est instruit par l'ÉgHse, sous la forme
d'une femme, vieille ou jeune.
La seconde partie est formée du reste du livre, où ce
n'est plus l'Éghse, mais un ange, celui de la pénitence,
qui s'entretient avec Hermas, sous la figure d'un berger.
Dans la première partie, la première section comprend
les deux premières Visions, où Hermas ne voit aucun ange ;
la seconde section est formée des Visions trois et quatre,
où des anges s'offrent aux yeux d'Hermas.
Dans la seconde partie, on voit l'auteur opposer les
IX^ et X''. Similitudes, comme une seconde section, à une
première section, composée par conséquent des douze
Commandements avec leur préambule (5^ Vision) et des
huit premières Simihtudes.
24 LE PASTEUR d'hERMAS.
ANALYSE METHODIQUE
DU PASTEUR
Observons d'abord que le Pasteur semble avoir été ins-
piré à son auteur par le mauvais état intérieur de l'Église
de Rome, vers le milieu du second siècle; le but qu'il s'est
proposé est d'admonester les nombreux pécheurs qui
déshonoraient déjà cette Église et de les exhorter à faire
promptement pénitence, s'ils veulent profiter de leur ad-
mission parmi les élus, pour être sauvés. La fin des temps
est proche; l'édifice de l'Église est sur le point d'être
achevé; la construction s'en trouve un instant suspendue,
pour laisser aux pécheurs le temps de se repeulir; mais
ils doivent se hâter : du reste il ne faut plus pécher doré-
navant ; car si toutes les fautes passées doivent être remises
aux pénitents, il n'en sera plus de même des péchés com-
mis dans l'avenir, surtout de l'apostasie^ pour lesquels il
n'y aura pas de pénitence possible.
Nota. — Nous rappellerons que les renvois se rappor-
tent à l'édition de MM. Oscar de Gebhardt et Adolfus
Harnack (Leipzig, 1877), oii le texte est divisé par ver-
sets.
L Dieu. — Hermas n'a aucune idée de la Trinité or-
thodoxe (voir la note A); sa profession de foi, telle qu'où
la trouve par exemple dans son premier Commandement,
LE PASTEUll D IIKRMAS
' 2o
est une pi'ofessioa purement monothéiste, dont rien ne
vient changer le caractère dans tout le reste de l'ouvrage.
Il ne connaît, eu fait de Dieu, qu'une seule personne
(éternelle), inHnie, présente partout [vh-xv. //opwv, jy/ivo; ^2
à/wp-/iTo; ôjv), qui habite dans les cieux, qui par sa puis-
sante parole (la/upw p-/i[j.aTi) soutient le monde, qu'il a créé
de rien (s/, toû v/^ ovtoç)^, à cause de l'homme, à qui il a
tout soumis, et en particulier à cause de sa sainte Église.
Il l'appelle le Dieu des puissances (ô ©sô; twv f^uva;xs(ov,
Vis. I, m, 4). —Cf. Vis. 1, 1,6 et ni, 4; Mand. I;M. XII, iv,
2 et Sim. V, v, 2.
II. Le Fils de Dieu'. — Ce Dieu a un fils, son fds bieu-
aimé (àya7;7,To;) (Sim. V, n,"6, et S. IX, xn, 5), sou héri-
tier naturel (/.V/)povo[xoç^) (Sim. VI, 11, 6) : mais ce fils,
chez ïlermas, n'a rien de commun avec ce second Dieu
du symbole, dit d'Athanase, consubstantiel à sou Père,
éternel comme lui et l'égalant en toutes choses. Ce fils
qu'Hermas appelle l'Esprit-Saiut par excellence (to TwVcOaa
To ayiov) est une créature, la première de toutes les Sim. V. v,
créatures en dignité comme en antiquité ^ (tô Tvpoov, _^ ^^,'u-^'
s. IX, I, 1 :
1 rr.7 o n' i l £• • • i TCVSÎiaa tÔ «-^'lOV,
1. Heur, XI, d : u est par la loi que nous reconnaissons que le • - - .> ,
monde a été fait par la parole de Dieu (p7]y.aTi ©eoîi), en sorte que ee e iti; 71Ô ûuû k
qu'on voit n'a pas été fait de choses qui se vissent. — Le servit
2. Héhr. i, 2 : Dieu nous a parlé dans ces derniers temps par son ^^''"- ^) ^-^V
Fils qu'il a établi héritier de toutes choses et par lequel aussi il a P /"' u*^.^".'
. / f 1 ment coheril
iait le monde. du Fi[setcol^
3. Hébr. III, 1 : Jésus, qui est fidèle à celui qui l'a créé :jw tiei' de l'E-r
TTotvicavTt aÙTov). — Colos. i, 15 : C'est ce Fils qui est l'image du saint : ou-|;4).r,p
Dieu invisible, le 2^'>^emier-né de toute la création... l\ est avant v'^'^ '^ y-^'^ ^^'''^
toutes choses et toutes choses subsistent en lui. — Hébr. i, 6 : Et ^"", ' \*'' ,
quand il introduii-a le premier-né dans le monde, il doit dire : ^rjj âv^y y,.Jn^
Que tous les anges de Dieu l'adorent. — Apoc. m, 14 : Voici ce que vi, 6.
dit l'Amen, le témoin fidèle et véritable, la première des créatures
de Dieu (■/) apyr, Trj; y.Ti7cO)ç tou Ssov).
26 LE PASTEUR d'hE«MAS.
Sioi. V, VI, 5 ; TwpoycvécTspo; -nracryi; r^'ç XTicrecoç tou 0£Ou,
Sim. IX, XII, 2); c'est un ange*, l'ange du Seigneur
(d ayy6Xo;Kup''ou) (Sioi. VII, 5 ; VIII, I, 2 et II, 1) ; l'auge très-
saint (6 cspoTaToç ayYe)ioç) (Vis. V, 2, et M.aud. V, I, 7);
l'ange glorieux par excellence (ôev^o^oçayye^^oç) (Sim.YII, 3
et Sim. IX, i, 3; Cf. S. VIII, i, 2 et IX, vu, 1). C'est en-
core sous cette appellation dUange qu'il est positivement
désigné et introduit dans la X*^ Similitude. •
Il est un des anges glorieux qui entourent Dieu comme
une muraille, et c'est lui qui constitue la porte de cette
enceinte (Sim. XI, xii, 6). Il est en particulier un des sept
archanges qui forment le conseil de Dieu (Sim. V, ii, 6
et 11 ; V, 2 et 3, et vi, 7), et leur chef; les six autres ar-
changes l'accompagnent partout (Sim. IX, xn, 8), le
servent et lui obéissent, comme nous le montrerons tout
à l'heure à propos de ceux-ci (Voir la note B). C'est lui
1. Dans l'épître aux Hébreux (i, 4.) le Fils est dit très-supérieur
aux anges, mais toutefois de même nature qu'eux, comme il
résulte du verset i, 9 : « C'est pourquoi, ô Dieu, #on Dieu t'a oint
jihis que tes pairs (irapoc toÙç [aeto^ouç cou) d'une huile d'allégresse. «
Jésus était donc par nature un ange : c'est la volonté de Dieu qui
l'a élevé au-dessus de ses pairs. Mais son Père reste toujours son
Dieu, comme on le ,voit par le même verset. On voit de même
Jésus appeler le Père son Dieu dans Jean xx, 17, Apocal. m, 12 et
Ephes. 1, 3 et 17. (Jeanxx, 17: Jésus dit à Marie : Ne me touche pas ; car
je ne. suis pas encore monté vers mon Père ; mais va trouver mes
frères, et dis-leur que je monte vers mon Père et votre Père, vers
mon Dieu et votre Dieu. — Apoc. lîi, 12 : Celui qui vaincra , je fe-
rai de lui une colonne dans le sanctuaire de mon Dieu, et il n'en
sortira jamais; j'écrirai aussijsur lui le nom de mon Dieu, et le nom
de la ville de mon Dieu, de la nouvelle Jérusalem, qui va -des-
cendre du ciel d'auprès de mon Dieu, et mon nom nouveau. -^
Ephés. I, 3 et 17 : Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-
LE PASTETJlt d'hERMAS. 27
qui a créé le monde (to xveiïjxa to àyiov, to wpoov, ro XTicav
Tvacav r/jv ZTiciv, S. V, VI, 5).
Ce Fils de Dieu, cet Esprit-Saint par excellence, appa-
raît à Hermas dans les quatre premières Visions sous la
forme d'une femme figurant l'Église (S. IX, i, 1); on l'y Simii.ix,i,l:
voit servi par les six archanges. a.^i è'^=tÇs w nvsù(y.a
Dans la Similitude VIII, il apparaît sous la forme d'un tô à-^wv to xaxviaa^
ange glorieux de très haute taille (ayyeloç toO Kupiou evrjo- ^rr, 'E-Mim^i- hd-
^oclUv ûmlo^;, S. VÏII, I, 1), qui n'est autre que l'archange ''T? ^° ^^^">'^'^ '
^ / . ' /' X j. ^ o uto;TO\j0eo2EaTiv...
Michel (6 i^è àyyeT^oç à pyaç y.ai ev^o^oç Miyarfk... Sim. VIIl, _ 2 : vSv Je wô
j„ Q\ à-j-jéXcupXéTveiç, 5tà
' ' • ^ To5 aÙTCu [i.àv lïviû-
Dans la Similitude- IX, il apparaît sous la figure d'un acte;.
homme plus élevé que la tour qui représente l'Église,
accompagné à droite et à gauche de six autres archanges
et suivi de la foule des anges (âv/ip tiç û^-/i'Xoç tû [7.£yéÔei,wcTe
Tov Tvupyov 'J7:£pe)(_8iv... Sim. IX, VI, 1 et 2). .
Enfin dans la X° Similitude il aborde lui-même Hermas
pour s'entretenir avec lui, et dans cet épilogue *du livre, il
est présenté , en dehors de toute allégorie , sous le nom d'ange
(Sim. X, I, 1) ; c'est, du reste, de la même manière qu'il
avait été désigné Vis. V, 2 et Sim. VII, o.
Son nom est ffrand et infini (àycopviTov) ; il soutient Y^^^'7:^ l^^^'
(^acTà(^8i.) tout l'univers (Sim. IX, XIV, 5). voTâxcuà'ï^Éxoujiva
Il a reçu tout pouvoir ag son Fere v(-n:a(7av s^ouGiav XoLbiàv gj^^ y^ g , ^^_
TCapàrou Trarpoç aÙTO'ji, Sim., V, VI, 4). Om; 7vpoo=Ta?£v é à-j-
Ghrist... afin que le Dieu de notre Seigneur Jésus-Chrisi, le Père
de gloire, vous donne dans sa connaissance un esprit de sagesse et
de révélation.)
1. Math. XXVIII, 18 : Tout pouvoir m'a été donné au ciel et sur
la terre. — Jean, m, 25 : Le Père aime le Fils et il a tout mis dans sa
main. — Ibid.xiu,3 : Quoiqu'il sût que le Père lui a tout remis dans les
mains. — Ibid. xvii, 2 : Glorifie ton Fils, selon que tu lui as donné
LE PASTEUR D HliRMAS.
7ï).c; Kujîcu hiX- 11 est le chef du peuple saint (aùTo; 0.6-16; Igxi. toO iy.w,
iu/.i Sim. X, i, 1 : ^^^^- V , VI, 4. — Miya'/iX o s/ojv r/iv s^oucav toutûu tou ÀaoO' /Cat
... venit nuntiiis ^la/.u^ecvwv aùTouç, S. VIII, III, 3). 11 a établi des anodes pour
ille qui me tracli- .^.-^ -w^x r. « or
.lerat huio pasio- le garder (Sim. V, ii, 2 et 3; v, 3 etvi, 2).
ri... Tiadidi te, H est l'arbre de la Loi de la Similitude Vill, sous le-
inqiiit.el domurn '
tuum imio pas- quel toute la terre est abritée (Sim. VIII, i, 1 et m, 2) et
'"'"'' les élus sont rassemblés. 11 est la Loi elle-même S qui a
été prêchée jusqu'aux confias de la terre (6 §è vo[xo; ou-o;
yîoç (Isou iaiiv XTipuy^Sel; zl; rà repairar^'; yvii;, S. VIII, III, 2).
11 a enseigné les sentiers de la vie et communiqué aux
liommes, après les avoir purifiés de leurs péchés^ la loi
toute autorité sur toute chair. — Ibid. xvii, 7 : Maintenant ils ont
connu que tout ce que tu m'as donné vient de toi. — Héhr. ir, 6 :
Tu ]'as abaissé pour un peu de temps au-dessous des anges, tn l'as
couronné de gloii-e et d'iionneur, tu as mis toutes choses sous ses
pieds.— l"Cornii/i. XV, 27:EneffetDieuatoutmissous ses pieds; tou-
tefois quand il est dit que tout lui a été soumis, il est évident qu'il
faut excepter celui qui lui a soumis toutes choses. Lorsque toutes
choses lui auront été soumises, alors le Fils lui-même sera aussi
soumis à Celui qui lui a soumis toutes choses, afin que Dieu soit tout
en tous. — Bphês. i,20 : L'infinie grandeur de sapuissance,iiradé-
ployée en Christ, lorsqu'il l'a ressuscité des morts et qu'il l'a fait as
seoir àsa droite, dans les cieux, bien au-dessus de toute principauté, de
toute autorité, de toute puissance, de toute dignité et de tout nom
qui se peut nommer, non seulement dans ce temps-ci, mais encore
dans le siècle à venir, et lorsqu'il a mis toutes choses sous ses
pieds et l'a donné pour chef suprême à l'Église, qui est son corps,
l'œuvre parfaite de celui qui rend tout parfait en tous. — Philip, u,
9 : C'est pourquoi Dieu l'a souverainement élevé, et lui a donné le
nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu'au nom de Jésus, tout
genou fléchisse dans le ciel, sur la terre et sous la terre, et que
toute langue confesse que Jésus-Christ est le Seigneur, à la gloire
de Dieu son Père. — Apoc. ii, 27 : Et il les gouvernera avec une
verge de fer, les brisant comme on brise des vases d'argile, ainsi que
j'en ai moi-même reçu le pouvoir de mon Père, Cf. Ibid. m, 27.
1. Le Ghi'ist est appelé Loi et Parole dans le livre de laPi'édica-
LE PASTEUR ij'lIERMAS 29
qu'il avait reçue de son Père * (Sim. V, vi, 3 et Sim. VI II, gj^^ y ^^ 3 ,
III, 3). aÙTÔ? tuv y-aOxcîaa;
inspecte 1 Eglise (Sim. IX, vi, 1 ss. ; Sim. IX, xii, / ; ^y,-^ ^j^,^,,, ^^tJ;
Sim. YIII, 1,5 ss ; Sim. VIII, m, 3). -'^•' ;'^>'-' '^" ^'^^
U rejette les pécheurs et les livre à lange du repentir Tc-i. — s. vii,
TOV TGV VO'A'.V.
pour qu'ils s'amendent par ses soius(Sim. YIII eX S. IX, vu "^' "^ ■■m.y-rx.
ss. Cf. Sim. YI, n, 5 et m, 1 ss). C'est lui qui envoie ^.ù!;5iùTcviTiivvo>cv
l'auffe de la Pénitence, le Pasteur, demeurer chez Her- ^'-^ '''f*^'''' '•"'
mas (Yis. Y, n; S. Yll, v et S. X, i, 1). L'ange de la pé- s. vin, m, 3 :
nitence exécute ses ordres avec zèle et redoute de lui pa- -rS c5v âùuij?r£^
raître néghgent (Sim. YIII, 11, 7 et Sim. IX, vu, 6). ' «?"• jj-3fT.*a-T.v 7ù-
II a le pouvoir de Justifier les pécheurs repentants (oaoi
av jjL£Tavo-/]toc>i.v £^oV/i; Tv;;/.ap§iaçaiJTCov... s^iy.atwGvicavviîcp iravreç
UTTO Too ceixvoTaTouâyYs^'^'Jî Mand. Y, I, 7).
Il est le rocher sur lequel l'Église est bâtie (S. IX, 11^ 1 ,
et xn, 1), son fondement (Ôs^iT^iov, S. IX, xiv, 5 et 6)^.
tion de Pierre (et de Paul). VoirCiément d'Alexandrie Slrom. i,29,
182, p. 427; 11, 13, 08, p. 463; vu, 3, 16, p. 837; Excerpt. ex Propli.
§ 38, p. 993 et encore Strom. L. 1, ad finem. — Saint Justin appelle
souvent aussi le Chi'ist la Loi, la Loi nouvelle, le Nouveau Testa-
ment. Voir Trypli. 11, 43, 31, 118 et 122. Saint Justin appelle égc-
]cment le Christ Législateur (yo[j.oOéTfiç), le nouveau Législateur.
YoirTryph. 12,14, 18.
1. Jeanx, 18 : Tel est l'ordre que j'ai reçu do mon Père. —
Ibid.yn, 16 : Ma doctrine n'est pas la mienne, mais celle de Celui
qui m'a envoyé. — Ihid. viii, 28-29 : Celui qui m'a envoyé est véri-
dique, et quant à moi, ce que j'ai entendu de lui, c'est ce dont je
parle dans le monde... Je ne fais rien de mon chef, mais je parle
comme mon Père m'a enseigné. — Ihid.- xii, 49 : Le Père qui m'a
envoyé m'a lui-même prescrit ce que je devais dire et ce dont je
devais parler. — Ibid. xv, 13 : Je vous ai faitconnaître tout ce que
j'ai appris de mon Père. — Ihid. xvii, 8 : Je leur ai donné les pa-
roles que tu m'as données.
2. Ephés. II, 20 : Vous avez été édifiés sur le fondement des
apôtres et des prophètes, la pierre angulaire étant Jésus-Christ kii-
30 LE PASTEUR d'hERMAS.
Il est la porte, la seule par laquelle ou puisse entrer
dans le royaume de Dieu (Sim. IX, ii, 1 et 12^ \ ss.)-
Qu'on soit homme ou ange, on ne peut pénétrer jusqu'à
Dieu que par lui (Sim. IX, xii, 8 et Sim. X, ii, 2).
Le rocher est vieux parce que le Fils de Dieu est la plus
ancienne des créatures; la porte de la tour est neuve,
parce qu'il ne s'est manifesté au monde que dans les der-
niers temps (oTt eic' iajjxibiv tûv '/i{xspûv T/iç auvxekdai; çavspoç
èysveTo Sim. IX, XII, 2 et 3).
III. Le Fils adoptifde Dieu. — Outre ce vrai Fils, Dieu
a un fils adoptif (ô r^è^oûT^oç, ô uîoçtou ©eousctiv, Sim. V, v, 2) :
c'est l'Homme-Christ, que l'Esprit-Saint avait choisi pour
en faire sa demeure, afiii de transmettre, par son organe,
aux hommes la loi qu'il avait reçue de son Père. L'Homme-
Christ, en effet, s'étant prêté de tout son cœur à ce minis-
tère, aux peines et aux douleurs qu'il comportait, ayant
même fait plus qu'il ne lui était demandé, a mérité d'être
adopté, d'être nommé cohéritier du Fils de Dieu, d'aller
habiter avec lui et de participer à sa gloire ((7uyyAvipovop.ov
Tw Vlô TO'j 0£ou, Sim.V, II, 7, 8 et 11 ; p.STa tûû TCveujjLaroç tou
àyioi) -/coivwvov, Sim.. VI, VI, 6; iva -h cràp^ auTvi, ^ouT^eucacra tw
TîvsuaaTi â[X£p,7CTù)(; C5(_-^ totcov Tivà •/.aTacx»vivc6'j2wç, Ib., VI, 7) ^.
même. C'est en Inique tout l'édifice, harmonieusement ordonné,
s'élève pour être un temple saint, dans le Seigneur; c'est en lui, que
vous aussi, vous avez été édifiés, pour former par l'Esprit-Saint une
maison, où Dieu habite.
1. Philip> II, 6 ss. : Quoiqu'il fût(J.-G.) en forme de Dieu, loin de
s'en prévaloir pour s'égaler à Dieu, il s'est anéanti lui-même en
prenant la forme de serviteur, en devenant semblable aux hommes,
et ayant paru comme un simple homme, il s'est abaissé lui-même,
se rendant obéissant jusqu'à la mort, jusqu'à la mort de la croix.
C'est pourquoi Dieu l'a souverainement élevé et lui a donné le nom
qui est au-dessus de tout nom, afin qu'au nom de Jésus, tout geiiou
LE PASTKUll d'hEMIAS. 31
Hermas ne connaît pas la théorie du Verbe, qui suppose
l'emploi du terme spécial de Aoyoç avec sa si'gnificatiou
particulière et complexe, terme ^gu'il n'emploie jamais.
S'il eût connu et admis cette théorie, on en trouverait la
trace, en particulier dans Vis. I, m, 4, oii il n'eût pas
choisi par exemple le mot de pYi(;.a, parole, pour l'intro-
duire comme un des agents de la création. 11 n'eût pas
non plus, dans la V® similitude (vi,5), attribué la création
à l'Esprit-Saint, mais au Logos. La théorie du Logos a
fait son apparition dans le christianisme avec l'évangile de
saint Jean et les écrits des Pères platonisants ou alexan-
drins, tels que saint Justin, Athénagore, Tatien, Théo-
phile d'Autriche, Clément d'Alexandrie, Origène, etc. Il
est d'autant plus vraisemblable qu'Hermas ne connaissait
pas le quatrième évangile, que cet évangile était certaine-
ment encore inconnu à saint. Justin, m. en 167 ^ qui autre-
ment n'eût pas manqué de le citer dans ses interminables
spéculations sur le Logos; la première mention nominale
de l'Évangile de saint Jean se rencontre dans Théophile
d'Antioche,mort en 182.
IV. Le Saint-Esprit. — Hermas ne connaît pas d'autre
fléchisse dans le ciel, sur la terre et sous la terre, et que toute lan-
gue confesse que Jésus-Christ est le Seigneur, à la gloire de Dieu,
son Père. — Hébr. ii, 9 : Toutefois celui qui a été abaissé pour un
peu de temps au-dessous des anges, Jésus, nous le voyons couronné
de gloire et d'honneur, a cause de la mort qu'il a soufferte, afin que
par la grâce de Dieu, il goûtât la mort pour tout homme. Puisque
celui poUrqui etparqui sont toutes choses, voulait conduire un grand
nombre de fils à la gloire, il était convenable qu'il élevât par des
souffrances au plus haut degré de perfection et de gloire l'auteur de
leur salut. — Cf. Apocal. v,9 : Tu es digne... cartu as été immolé..*
1 Voir, entre autres, Stap, Études sur les origines du Christia-^
nisme, p. 324 ss.
32 LE PASTEUR d'hERMAS,
"oxov zo ani'fij.v. Saiut-Esprit, que le Fils (le Dieu qui est venu habiter dans
ù;.rov ™r;.K p.- jg ^jj^jgj^ ^,ggj ^g ^^^^ Saint-Esprit qui vient habiter
TflC TOJ lieu TOU WtûU ■•■ J.
È/, -^xp Tco Ttv?î3aa- dans les fidèles ; car, immédiatement après avoir parlé de
Toute votre race ^«^ glorification accordéfî àriIomme-Christpour avoir servi
hîibitei-a avec le jg demeure immaculée à cet Esprit, Fils de Dieu, il ajoute :
Fils de Dieu, car ^ , . -, ,
vous avez reçu « Une récompense cst réservée à toutc cliair daus laquelle
^/! SOI) esprit. (S. rj^^-^^^ habité r Esprit-Saint, et qui aura été trouvée pure et
IX, XXIV, 4). .
sans tache » (Sim. V, vi, 7). Toutefois, Hermas s'exprime
comme si cet Esprit se divisait eu une multitude de per-
^ sonualités distinctes pour venir loger dans les cœurs des
fidèles. Un Esprit-Saint habite en chacun d'eux(M. III, i ;
M. y, 1, 2ss. ; M. X, n, 6), donné parDicu {â-h Qivj rVjc'v, M. XI,
V, et X 26; à-o toG 02ou sp/oasvov, M. XI, XVII) ; il est appelé
aussi Esprit divin (oa'ov, M. XI, 9; irvc-jj^a tvî? eior/iro;, M. XI,
10) et esprit d'en haut avcoôsv, M. XI, 5, 8, etc.). Ces esprits
saints sont amis de la vérité (M. III), de la pureté (M. Y),
,, , ^,,, de la joie (M. X, ii, 1, ss.). Ils sont délicats (-rpuoissa, M. V,
Monl. XII, II, J \ ■.77; \ y i ^» '
2 : aiirr, -|à?T; Ik:- I, 3 ct H, 6) : ils UG pcuvcut soulIVir Ic coutact d'un esprit
O..U.J.. r 7vov:n:« Tcu j^ j^^j ,iyj^ y ^ Q^ ç.^ gQ^^ ^^^ ■ inspirent les vrais
r'.-'. prophètes (M. XI).
ManJ. IX, 11 : T-, .,• -i • i t i -t
i Si M'jyîa i-:- ^^ oppositiou avcc CCS csprils samts, 1 auteur conçoit
7iiovîTvsûu,»£auTCa- ^(35 cspiùts du mal (-ovrpx 7:v£u;/.a-a) qui disputent aux es-
^'''^'"' '' '" ' prits saints le cœur des fidèles (M. V. ii) : il les appelle
des esprits terrestres (è-iyeia) venant du diable (P/I. XI, 17).
Ce sont eux qui inspirent les (aux prophètes (M. Xt). Ce
sont les vices personnifiés (M. V, ii, 4 et 5) , comme les es-
prits sainis sont les vertus personnifiées.
Les douze vertus qui, sous la forme de vierges, gardent
la porte de la tour et y introduisent les élus, vertus que
l'auteur appelle les Puissances du Fils de Dieu (al r^jvatxsi;
ToG rlou ToC 0£oC, Sim. IX, xiu, 2) sont pour Hermas des es-
prits saints (ayia 7:WJaaT«, Sim. IX, 13, 2). Pour être ad-
;^
/
LE PASTEUU u'iIERMAS 33
mis dans la tour, on doit revêtir leurs manteaux, c'est-à-
dire leurs noms ; car le Fils de Dieu lui-même porte ces
noms (Sim. IX, xm, 2-4). 11 estdit des élus qu'ils ont porté
les esprits de ces vierges (rà 7i;v8u[j.aTa twv irapGIvojv [xexà Tou
6vo[xaTO(; i(i^6ozaa.v, Sim. IX, 17, 4 ; dv^s^upivoi to 7rv£U[xa to
ccyiov TOUTWV Tcov TrapGevcov, Sim. IX, XXIV, 2; >.aêovT£ç Ta TvVcU-
{7.a-ca Taura, Sim. IX, xm, 7).
En opposition avec ces douze vertus, Hermas nomme
douze vices (Sim. IX, xv, 3), qu'il présente sous la forme
de femmes vêtues de noir, qui sont autant d'esprits du mal
(Sim. IX, IX, 5 et 6 ; xm, 8; xv, 1 et 3) : il estdit des
réprouvés qu'ils ont revêtu la puissance de ces femmes
(éve^ucravTo t'/iv S6va(uv aÙTwv, Sim. IX, XIII, 8), qu'ils ont
porté leurs noms [xaîixa i:c(. ÔvdjxaTa ô (poptov... où/. etG£}^£UGeTat
eiç T/iv Paci>>£iav xou 0£O'j, Sim. IX, XV, 3).
De même qu'IIermas oppose des esprits méchants aux
esprits saints, il conçoit en face de l'Esprit saint par excel-
lence l'Esprit du mal par excellence, le Diable (ô ^ta^^olo;). "
Il est le père de toutes les mauvaises passions (M. IX, 9 et
M et M. XII, II, 2) ; c'est un être rusé (to'XutvT.ox.oç, M, IV, m,
4) ; il remplit ses victimes de son esprit (6 ^laêoTvo? Tw^^ripoi
aÙTov Tw aÙTo'j Twvaup.Tc, M. XI, 3), il habite dans la colère
(M. V^ I, 3), il cherche à nuire aux serviteurs de Dieu et se
plaît à les tenter (M. IV, m, 6 et XII, v, 4) ; mais les vrais
fidèles qui ont mis toute leur confiance en Dieu ne doi-
vent pas le craindre, car il n'a aucun pouvoir sur eux
(Mand. VII; M. XI ; M. XII, iv, 6 ; v, 2 et 4.; vi, 1 ss.)
En résumé, les esprits saints d'Hermas sont les person-
nifications des bons sentiments, personnillcations issues
du Saint-Esprit, de même que les esprits du mal sont les
personnifications des mauvais sentiments, issues du
diable.
3
34 LE PASTEUR d'hERMAS.
11 en est de même des bons et des mauvais anges
qu'Hermas attache à chaque homme pendant toute sa
vie, et qui lui fout entendre alternativement leurs voix
(Mand. VI, n, 1 ss.).
V. Anges. — Outre le Fils de Dieu, qui est leur supé-
rieur et leur chef, il y. a six autres archanges (oi év^o^oi
ay^eloi) (Sim. V, VI, 4 et7; Sim. VIII; Sim. IX, xn, 7 et 8) ;
ces six archanges forment le conseil de Dieu (Sim. V, ii, 6
et 11; V, 3; vi, 4. — Cf. Sim. V, v, 3, avec Vis. 111, iv, 1);
ils entourent toujours leur chef (Sim, IX, vi, 2 et xii, 8),
et ne peuvent communiquer avec Dieu que par lui
(S. IX, xïi, 8).
Ils , ont été créés les premiers. (oJ TrpwToi jctkjÔsvtsç),
(Vis, m, IV, 1, et Sim. V, V, 3); le gouvernement du
monde leur est confié (olc Tvape^wxsv 6 Kupioç Traaav TTjV
/.Ticriv aÙTOu, au^etv xai oty-o^O[xeîv y.al ^e(j7i;o(^eiv tyi'ç -/.Ttcrecoç
xaaviç, Vis. m, IV, 1).
On les voit servant leur chef, l'Esprit-Saint, dans les Vi-
sions où celui-ci apparaît à Hermas sous la figure
(S. IX, I, 1) de l'Eglise (Vis. l,iv,l et 3); Vis. 111, 1, 6 ss.;
Vis. III, X, 1); ils ont alors la forme de six jeunes gens
(ot ïi veaviGjtot). Dans la Similitude IX, ils sont introduits
sous la forme de six hommes de haute taille, glorieux et
tous semblables (ei^ov e^ av^paç \i<\^'i\kQoc, YMi êv^Q^ouç xcà djxoiouç
T-^ i^ea, S. IX, III, 1). L'une de leurs principales fonctions
est d'édifier l'Eghse représentée comme une tour dont les
fidèles sont les pierres (Vis. III, I, 7; n, 5, etSim.IX, mss.).
L'ange de la pénitence qui apparaît à Hermas sous la
forme d'un Pasteur envoyé par le Fils de Dieu et dont
Hermas se donne comme ne faisant que rapporter les en-
seignements, semble être un de ces six archanges (Vis. V, 2 ;
S. VII, 5 et X, 1, 1 et 3), C'est à lui que le Fils de Dieu
LE PASTEUR d'iIERJIAS. 35
livre les verges à faire reverdir (S. VIII, ii, 5-7) et les
pierres à retailler (S. IX, vu, 1 ss.). H est évident qu'il
est sous les ordres directs du Fils de Dieu, à qui il craint
de paraître négligent (S. VIII, ii, 7, et IX, vu, 6), qui le
fait asseoir à sa droite (S. X^ i, 1) et qui vante sa puis-
sance, en recommandant qu'on lui rende grand honneur
(S. X, 1,3 et II, 4).
Ces six archanges ont sous leurs ordres une multitude
d'autres anges (aviot âyjzkai. tou ©eou* oûtoi oÎ s^ Ù7:eps5(^0VTeç aÙTOu;
£i(jiv, Vis. III, IV, 2), qui concourent avec eux à l'adminis-
tration du monde, à l'édification de l'Eglise* (Vis. III et
Sim. IX) et qui sont comme des appuis pour le peuple de
Dieu (ol ^e )^apa)4eç ol ayioi (X.yyekoi zlai tou Kuptou ot «TuyxpaToijVTeç
Tov laov aÙToij, S. V, V, 3). Ilermas leur donne l'épithète
d'ev^o^oi. (tov 6yy.ov tov ot)to^op!,ouvTa tov Tcupyov... èx,eîvoi iravTeç
ccyy&koi EV^o^ot etct, S. IX, XII, 6).
Hermas donne à l'un de ces anges (ou des archanges ?)
le nom de Thégri (Osypt) ; c'est celui qui a la puissance sur
les bêtes féroces (tov im tôv 6-/ipiœv ovTa, Vis. IV, ii, 4).
VI. Église-type. — L'Eglise est fondée sur la parole
(p'/f[j.aTi) de Dieu (Vis. III, m, 5) : c'est la plus ancienne de
toutes les créatures ^ (TcavTwv TrpwTvi £x.Ttc6vi, Vis. II, iv^ 1),
1. Jlébr. 1, 14. : Ne sont-ils pas (les anges) tous des esprits ser-
vants, employés au service de Dieu et envoyés pour ceux qui doivent
hériter du salut ?
2. Ephés, m, 8 ss. '. C'est à moi, le moindre des saints, qu'a été
faite cette faveur d'annoncer à tous les gentils les richesses inson-
dables du Christ et de les éclairer tous sur l'économie du mystère
qui avait été caché de tout temps en Dieu, le créateur de toutes
choses, afin qu'à la vue de l'Église, les iDrincipautés et les puissances
dans les cieux connussent aujourd'hui la sagesse infiniment variée
de Dieu, selon le dessein éternel qu'il a réalisé en Jésus-Christ...
Cf. Colos. I, 26.
36 LE PASTEUR d'hERMAS.
et c'est pour elle que Dieu a fait le monde (xal ^là Taur/]v o
y.oGpç "/.ar/iptiffÔy), Vis. II, IV, 1 ; à ©eoç XTtcraç Iy. toS \j.7\ ovtoç
rà ovxa /.al icV/iÔuvaç x.al ait^vfcaç evs/.ev T-i^'ç àytaç 'ExxA'/iciaç aÙToC,
Vis. I, I, 6; Cf. Vis. I, m, 4j. Le Fils de Dieu est sou chef
et son maître (ô^ediror/içTouTropYou, Sim. IX, v, 7; vu, 1, etc.).
Il lui emprunte sa figure pour apparaître à Hermas dans
les premières Visions, alors que celui-ci n'est pas encore
aguerri à ces communications célestes (to Tcveuf^-a to àytov
To >.aXv](7av [uxk cou Iv [/.opçrï tviç 'Ex./cV/iaïaç* £7ret^*^ yàp àaOevécTspûç
r/î capyàviç... vijv ^è ûtco àyyeXou ^XeiTStç^oàTOÛ' aÙToO [^iv TCveUiy-aTo^,
S. IX, ij 1-2). Plus tard, il lui apparaît sous sa vraie forme,
celle d'un ange (Ibid. et Sim. X, ch. i ss.).
L'Église apparaît donc à Hermas trois fois, sous la figure
d'une femme, d'abord yieille, puis de plus en plus jeune,
accompagnée de six archanges (Vis. I, ii, 2 ss. —
Vis. II, I, 3 ss et IV. — Vis. III, i et x, 2 ss. — Vis. III,
XI, XII et XIII. — Vis. IV, II, 1 ss. — Cf. Sim. IX, i, 1).
Elle lui apparaît encore sous là forme d'une tour aux
pierres brillantes, bâtie sur les eaux (eauoo du baptême)
(£7:1 û^ocTwv) (Vis. III, n, 4 ss ; m, 3 ss.), ou bien sur un ro-
cher (/^5ws-CAn5if), n'ayant qu'une porte, qui est le Fils de
Dieu (Sim. IX tout entière et particulièrement le chap. xiii) :
cette tour est construite par les six archanges, aidés des
autres anges (Vis. III, ii, 5 ; etc. ; Sim. IX, ch. m ss.) ; les
fidèles en sont les pierres ^ : ces pierres sont si bien assor-
ties entre elles et avec le rocher, si bien appareillées, que
la tour semble monolithe et ne faire qu'un avec le roc sur
1. 1 Pierre ii, 4 : Approchez-vous de lui, la pierre vivante, mise
au rebut, il est vrai, par les hommes, mais choisie, précieuse aux
yeux de Dieu, et comme des pierres vivantes, formez vous-mêmes
un édifice, une maison spirituelle, pour constituer une sainte sacri-
licature, et offrir des sacrifices spirituels à Dieu, par Jésus-Christ.
LE PASTiiiun d'hermas, * 37
lequel elle s'élève (Sim. IX, ix, 7). Le Fils de Dieu, maî-
tre de la tour, inspecte lui-même une à une toutes ces
pierres et rejette toutes celles qui ont des défauts (Sim.
IX, VI, 3 ss.).
Tel est le type de l'Église ; quant à la réalité , telle
qu'Hermas l'avait sous les yeux à Rome, voici ce qu'il nous
apprend.
VII. U Eglise terrestre, à Rome. — L'Église, du temps
d'IIermas, en était encore à la période de sa jeunesse, au
moins si on en juge par les trois caractères suivants :,
l'' L'imperfection de sa christologie, telle qu'elle a été
exposée plus haut.
2^ La manifestation persistante (Mand. XI), dans les as-
semblées, de ce délire prophétique^ dont il est si souvent
question dans le Nouveau Testament (Actes xr, 27-28 ;
xni, 1 ; XV, 32 ; xix, 6 ; xxi, 10 et 11. — Rom. xii, 6. —
1 Cor. xn, 10, 28 et 29 ; xm, 2 et 8 ; xiv, 3, 4, 5, 6, 22,
24, 29-32. — Ephés. IV, M).
3*^ Son organisation intérieure oii manque l'épiscopat
(dans l'acception postérieure de ce mot)^ et à plus forte
raison la papauté. Dans le Pasteur^ l'Église de Rome se
montre gouvernée par un conseil d'anciens. On pourra
s'assurer en effet par les citations reproduites en tête de la
note D , qui sont aussi complètes que possible , qu'il n'est
jamais fait allusion à un directeur particulier de cette
1. Ephés. 111,5-6 :Le mystère n'a pas été révélé en d'autres
âges à l'humanité, comme il l'a été, clans ces derniers temps,
par l'Esprit, aux saints apôtres du Christ et« ses prophètes. — Ibid,
ir, 20: Vous avez été édifiés sur le fondement des aiipbtres et des
propJiètes, la pierre angulaire étant Jésus-Christ lui-même.— Math.
X, 41 : Celui qui reçoit un prophète en qualité de prophète, recevra
une récompense de prophète.
38 LU PASTEUR DHERMAS.
Église, mais toujours à des chefs (oî Trpoyiyoupi.evoijOt xpoïGToc-
pvoi, oî TvpcoToxaÔe^piTai) au pluriel : le terme d'èTrtcxoTCot ne se
rencontre jamais au singulier, mais toujours au pluriel et
jamais il n'est opposé à celui de Tcpecêurepoi : ces deux ap-
pellations au contraire sont prises indifféremment l'une
pour l'autre, comme dans le Nouveau Testament : les seules
dignités énumérées dans le Pasteur sont les anciens ou
évêques, les diacres (ot ^taxovot) et les docteurs (oi ^i^ccGxa-
T^oi), dont l'ensemble constitue le corps directeur, admi-
nistrateur et enseignant de la communauté. Il y avait en
outre des prophètes; mais la prophétie. était un don d'en
haut, et non pas une charge. Il serait prodigieusement
étonnant, s'il eût existé à Rome un siège épiscopal et un
évêque (surtout un évêque de toute la chrétienté), qu'Her-
mas, dans un ouvrage aussi étendu, où il s'adresse souvent
aux dignitaires de son Éghse, n'eût jamais fait la moindre
allusion ni à cet évêque, ni à son siège.
Il importe de rémarquer que les docteurs (oJ ^t^acjca-
\ùC) forment dans notre ouvrage une catégorie à part , à
côté des anciens ou évêques et des diacres : on en doit
conclure que les fonctions propres aux anciens ou évêques
étaient l'administration et la surveillance, mais non l'en-
seignement, lequel était dévolu à cette catégorie particu-
lière dés docteurs : aussi quand Hermas parle de la prédi-
cation de l'Évangile, ne nomme-t-il (Sim. IX, xv, 4 et xxv,
2) que les apôtres et les docteurs, sans mentionner ni les
diacres, ni les anciens ou évêques. Les docteurs (ol Si^'xa-
y.akoi) sont également présentés dans le Nouveau Testa-
ment comme remplissant une fonction particulière distincte
de celle du gouvernement et de la surveillance : voyez par
exemple 1 Gorinth. xii, 28; les docteurs, en tant que rem-
plissant une mission spéciale d'enseignement analogue à
■^r
LE PASTEUR d'hERMAS. 39
celle des apôtres, sont souvent mentionnés dans le même
recueil ; voir Actes xiii, 1 ; Rom. xn, 8 ; 1 Coriuth. xii, 28
et 29; Ephés. iv, 11; Jac. m, 1 : ces docteurs n'étaient
pas nécessairement' des anciens, ou des évêques, et réci-
proquement^ : du reste les laïques continuèrent longtemps
à enseigner dans les assemblées, à côté du clergé.
Comme témoignage delà jeunesse relative de l'Église du
temps d'Hermas, on peut encore relever que celui-ci, à la dif-
férence d'Irénée, de TertuUien, etc., ne connaît pas à' églises
hérétiques^ de règle de foi antignostique, de traditions éma-
nant des apôtres et transmises par les évêques. En opposi-
tion avec l'Église il ne présente que les païens, les apostats,
les débauchés, les hommes absorbés par les affaires du
siècle, d'autres enseignant de mauvaise's doctrines, mais
sans songer à se séparer de la communauté, etc.
Sous le rapport de l'état extérieur, on voit que l'Église
a déjà été persécutée (Vis. III, i, 9; n, 1 et v, 2 ; Sim.
VIII, ni, 6 ; Sim. IX, xxvm, 2 ss. et tous les endroits oh
il est question des confesseurs et des différentes espèces
de martyrs), et les termes employés laissent souvent en-
trevoir que les chrétiens avaient été traînés devant les
tribunaux^ et sommés d'adorer les faux dieux (Sim. IX, xxi,
1. 1 Tim. Y, 17 : Que les anciens qui gouvernent bien reçoivent
un double honneur, surtout ceux qui s'occupent de la prédi-
cation et de l'enseignement. — 1 Corinth. xiv, 26 : Toutes les
fois que vous vous assemblez, chacun de vous a son psaume, sa
leçon, son exercice de langues, sa révélation ou son interprétation :
eh bien ! que tout se fasse pour l'édification.
2. Math. X, 17 [Marc xiii, 9, et Luc xxi, 12) : Tenez-vous en
garde contre les hommes, car ils vous livreront aux tribunaux, et
ils vous fouetteront dans leurs synagogues. On vous mènera de-
vant les gouverneurs et devant les rois à cause de moi, et vous
rendrez témoignage devant eux et devant les gentils.
40 LE PASTEUR d'iIERMAS.
3 et xxviii, 4): ou voit également qu'elle est sous le coup
d'uue persécution nouvelle fvoir toute la IV*' vision et en par-
ticulier ch. Il, f 5, comme aussi tous les passages oii il est
question de la grande tribulation qui vient, t-^ç ôlt^j^ewçr^ç (;.eV
T^ouG'/iç (ou Tnç £7repp[X£vvi;) t'oç p^eyaV/iç, comme Vis. II, II, 7 ;
m, 4. — Vis. IV, I, 1 ; II, 5 et m, 6. — Sim. IX, xxi, 3)^
Si nous considérons maintenant l'Église de Romeàl'in-
térieur, nous la voyons déjà formée d'éléments très divers,
les uns bons, les autres en grand nombre mauvais. Her-
mas fait allusion à des martyrs (Vis. III, i, 9 ; ii,i et v, 2 ;
Sim. VIII, m, 6), dont les uns se sont offerts généreuse-
ment au supplice (xpoGu^y-oiç eTraGov £^ ôl'/iç zap^iaç y.al Trape-
Wav Taç «Luyocç aÙTcov, Sim. VIII, X, 4 ; Sim. IX, xxvm, 2
et 4), et dont les 'autres ne s'y sont résignés qu'après une
certaine hésitation (Sim. IX, xxvm, 4). Des confesseurs
sont aussi mentionnés (oî u^èp tou vop.oi) 6>.i€&vt£;, p, TraOovxEç
^£, Sim. VIII, m, 7)2.
i:Sim. IX, XXI, 3 : ouxto xal oî w^uyoi,6xav OXT'kv àxoucrojat ^ Stà tyiv Ssi-
"kiav aÙTwv eiSoAoXarpoiîat xal xô ovo[^.a £7ratGj(;Uvouvxat xoïï Kupiou aùxcov. —
C'est ainsi que les gens de peu de foi, quand ils entendent parler
de tribulations, craignant pour eux-mêmes, s'abandonnent à l'ido-
lâtrie et rougissent du nom de leur Maître. — Sim. ix, 28, 4 :
yffot et:' i^ouffiav à'/OévTsî l^'/ixaffOyicav xai oùx •^pvvio'avxo, àXX' £7:aOov irpoQur/toç,
o&xoc [;.aXXov IvSo^oxspot dci Trapà xw Kupiw : xouxiov ô y.apiroç lax'.v ô U7:£p£)f0)v,
"Ouxoi oè SeiXoi xai âv StcrxaY[^.w lyÉvovTO xat IXoytcravxo Iv xaTç xapSiatç aù-
xwVjTToxepov apv/iffovxaro ô[7.oXoYyi(70u(7i, xai CTaOov, touxojv oi xapWt IXdcxxouç
Eio-iv. — Tous ceux qui conduits devant les autorités et mis à la
question, n'ont[pas renié mais ont souffert courageusement, ceux-
là sont plus illustres devant Dieu, et leur fruit est supérieur. Mais
ceux qui en proie à la crainte et à l'hésitation, ont délibéré dans
leur cœur, avant de souffrir, s'ils renieraient ou confesseraient,
ceux-là portent des fruits moins beaux.
2. Mat7i. V, 11 [Luc vi, 22-23) : Vous serez heureux lorsqu'on
vous insultera, qu'on vous persécutera et qu'on dira de vous toute
sorte de mal à cause de moi. Réjouissez-vous alors et tressaillez de
X
LE PASTEUU d'iIERMAS. 41
Mais, à côté des martyrs, nous voyons heaucoup de dé- àTroorârxi : Vis.
lateurs (77po^oTai; TvpoéWav...), de blasphémateurs (pT^aao'/i- ^^ 4.'sim. ix]
[Jm), d'apostats (à7:oGTaTai,oî àpv'/iGa[7.evoi tov Kuptov), entraînés XIX, i.
à renier leur foi, soit par tiédeur (Sim. IX, xxi, 3), soit par KOpLv^r^vbr' il,
attachement à leurs richesses (Vis. III, vi, 5 ; Sim. 1,5 ss. ; ", 7 ss. ; m, 2
„. ^TTTT r , Ci et 4; Sim. VIII,
Sim. VIII, VI, 4 et VIII, 2). vni,4etIX,xxVi,
Hermas approuve certains docteurs aux doctrines sévè- •^•
res; il en signale de bons, encore vivants (Vis. III, v, 1) : £6xaa9%Wxv:Vi!?.
mais il en signale aussi d'autres^ qui cherchent des voies ^^' "' ^' Sim.vi,
° -^ . II, 3: Sim. VIII,
nouvelles (Vis. III, vu, 1), qui répandent parmi les fidèles m, 7 et vi, 4;
de mauvaises doctrines (Sim. VIII, vi, 5 et IX, xix,2),qui ^J™' ^^' ^^^' ^
flattent en vue d'un gain coupable les passions de leurs au- TCpoJo-a^TTaçc'^u-
diteurs (Sim. IX, xix, 3) ; d'autres, enfin, qui, enflés d'un jj'*"^'." s^^ ^\ll{
VI, 4 ; Sim. IX,
joie, car votre récompense est grande dans les deux : c'est ainsi ^^^' * ®* •
qu'on a persécuté les prophètes qui ont été avant vous. — Math.
X, 32 {Lue XII, 8) : Ainsi quiconque me confessci-a devant les
hommes, je le confesserai aussi devant mon Père qui est dans les
cieux ; mais quiconque me reniera devant les hommes, je le renie-
rai aussi devant mon Père qui est dans^les cieux.
1. 2 Tim. IV, 15 : Mais l'Esprit dit expressément que dans les der-
niers temps, quelques-uns abandonneront la foi, pour s'attacher à
des esprits séducteurs... etc. — Jac. m, 1 : Mes frères, qu'il n'y ait
pas parmi vous tant de gens qui s'érigent en docteurs; vous savez,
que par là on s'expose à un arrêt plus sévère. — 2 Pierre ii, 1 ss. :
Mais, comme il y a eu de faux prophètes parmi le peuple, il y
aura aussi de faux docteurs, qui introduiront sourdement de perni-
cieuses hérésies... Bien des gens les suivront dans leurs désordres,
en sorte que la voie de la vérité sera diffamée à cause d'eux. Poussés
parla cupidité, ils vous exploiteront avec des pai'oles artificieuses...
Après avoir abandonné le droit chemin, ils se sont égarés en sui-
vant la voie de Balaam, fils de Baor. Cet homme amoureux du
salaire de l'iniquité vit sa prévarication démasquée. — Actes, xx,
29 : Je sais qu'après mon départ, il s'introduira parmi vous des
loups terribles, qui n'épargneront point le troupeau, et qu'il s'élè-
vera dans votre sein des hommes professant des doctrines perverses
pour s'attirer des disciples.
42
LE PASTEUR D HEKMAS
Sim. VIII, YI,
5 : èxoTpscpovTEÇToù;
JûÛXoUÇ TOÛ 0EOλ,
à(ptEVT-£ç fjtpE-ravcsTv
aÙTOûç-, àXXà rat? S'i-
^a^atç raï; [^-upaT?
77£Î60VTEÇ aÙTûû;.
savoir purement imaginaire, s'élancent dans des spécula-
tions inintelligibles (gnostiques) (Sim. IX, xxii ss.).
Des hérétiques existent, mais dans l'intérieur de la com-
munauté : ainsi Hermas est obligé de protester contre ceux
qui nient la résurrection des corps ^ (Sim. V, vi, 7 et vu,
2), comme aussi contre ceux qui n'admettent pas la possi-
bilité de la pénitence après le baptême et jettent un grand
nombre de fidèles dans le désespoir (Vis. I, i, 9 ; Mand.
XII, VI, 1 ss. ; Sim. VIII, vi, 5 et ix, 4).
Si parmi les conducteurs de l'Église, les évêques ou an-
ciens et les diacres, il y en a de bons^ qui s'acquittent
saintement de leurs fonctions (Vis. III, v et Sim, IX, xxvn,
2), il y en a beaucoup d'autres auxquels Hermas est obligé
d'adresser de vives admonestations, soit parce qu'ils sont
injustes (Vis. II_, ii, 6), soit parce qu'ils sont . ambitieux
Sim. VIII, VII, 4), soit parce qu'ils sont querelleurs et or-
gueilleux (Vis. III, I, 8 et V, 1), endurcis, déréglés et pleins
de venin (ève(7/ttp&)'[y,évoi. [j.vi 'éjoweç Trai^eiav, iov zlç tÀv xapèiav
[3a(jTaCovT£ç,Yis. III, IX, 7-10), OU enfin négligents (Sim. IX,
XXXI, 5 et 6).
A'côté des vrais prophètes. humbles, désintéressés, etc.,
nous voyons aussi de faux prophètes^ que certains fidèles
1. 1 Corinth. xv, 12 : Si l'on prêche que Christ est ressuscité des
morts, comment quelques-uns parmi vous disent-ils qu'il n'y a
point de résurrection des morts?
2. Math. VII, 15 : Gardez-vous des faux prophètes : ils viennent
à vous sous la peau de brebis; mais au dedans, ce sont des loups
ravissants. C'est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez. — \Math.
XXIV, 11 : Et il s'élèvera beaucoup de faux prophètes et ils séduiront
bien des gens. — Math, xxiv, 24, {Marcxiii, 22) : Il s'élèvera de
faux messies et de faux prophètes qui feront des miracles et des
prodiges au point de séduire, s'il était possible, les élus eux-mêmes.
LE PASTEUR d'hERMAS. ' 43
vont consulter dans le secret, à la manière des oracles
païens, qui se font payer leurs consultations, et qui per-
vertissent leurs clients en leur fournissant des réponses
conformes à leurs secrets désirs : ce sont des gens qui
aiment les honneurs, le luxe elles plaisirs (Mand. XI).
En même temps que des néophytes résolus (Vis. III,
V, 4), notre auteur en signale d'autres, qui, après avoir
cru , reculent devant les engagements du baptême
(Vis. III, VII, 3).
Pour terminer la nomenclature des diverses catégories
de fidèles signalées par Hermas, nous noterons encore :
. 4° Les hypocrites (s-nriGTSucrav év ÛTCOxptGei, Vis. III, VI, 1).
Cette épithète à'ùizoz^nai est aussi donnée aux faux doc-
teurs (Sim; VIII, VI, 5 et IX, xix, 2).
2° Les débauchés (Vis. III, vi, 2 et Sim. VI, n, 3 ss.).
3^ Ceux qui ont des amis parmi les païens (Mand. X, i,
4 et Sim. VIII, ix, 1 ss.)
4*' Ceux dont la vie reste absorbée parles soins donnés
<\ leurs richesses et aux affaires du siècle : nous y revien-
drons.
S" Les calomniateurs, les médisants, ceux qui aiment
les disputes, qui fomentent les divisions, qui ne savent pas
oubherles injures. Nous y reviendrons.
6« Ceux qui vivent à part et ne fréquentent pas les as-
semblées des saints ^ (p y.oXKoiii.t^Qi. mç àytoiç, Vis. III, vi,
— JEJp. Jac. lY, 1 : Car beaucoup de faux prophètes ont paru dans
le monde.
1. ilébr. X, 25 : N'abandonnons point nos assemblées, comme
quelques-uns ont coutume de le faire, mais exhorlons-nous les uns
les autres, et cela d'autant plus que vous voyez s'approcher le
grand jour. — Ep. Barnabe, iv, 10 : Ne vous renfermez pas en
vous-mêmes, ne vous isolez pas, comme si vous étiez déjà justifiés.
44. LE PASTEUR d'hEIIMAS.'
2; Sim. VIII, viii, 1 dix, 1; Sim. IX, xx, 2 ; [r/i/oX7a.j-
[XÊVoi, TOtç ^ouT^oiç Tou 0£ou, vXkk [j.ovaCovTeç, «7ro)^7^uou<7i tocç éauTôJv
tj/uyaç, Sim. IX, XXVI, 3).
7^ Ceux qu'il appelle ^l'I'u/oi, c'est-à-dire les geus dont
l'esprit est partagé entre des sentiments contraires, parti-
culièrement entre la foi et l'incrédulité. Nous y revien-
drons.
L'auteur parle du reste souvent de chrétiens dont ni la
conduite, ni les mœurs, ni la charité fraternelle ne lais-
sent rien à désirer (Vis. III, v, 3; Sim. VIII, m, 8; Sim.
IX, XXIV, 2 ss. ; XXIX, 1 ss. ; xxx, 2 ss. ; etc.).
Les défauts les plus intéressants h noter parmi ceux
contre lesquels Hermas croit devoir mettre les fidèles en
garde sont : .
1^ L'humeur chagrine ('h o^upXia) et la tristesse (-î 16-
TT'/i), qui fout l'ohjet du X*^ commandement. L'Esprit-Saint
est naturellement gai (Mand. V, i, 2 et X, m, 2) ; il hait la
tristesse, qui l'afflige (où/^ ÛTîooécsi r/iv Iutcyiv, Mand. X, ii,
6 ;.,. on luTzsX to nv£u(za to ccyiov, Mand. X, iii, 2). La prière
de l'homme triste n'a pas la puissance de s'élever jusqu'à
Dieu (M. X, m, 2). Il faut bannir la tristesse (Mand. X,
i, 1 et m, 4) et se revêtir de gaieté (âv^u-jai, t-ov îXapor/iTa,
Mand. X, m, 1 et 4), parce que la gaieté est agréable à
Dieu et à l'Esprit-Saint. (Voir la note E). Voir encore
Vis. IV, m, 4 et Sim. IX, xv, 2 et 3. — Il y a cependant
une tristesse qui est une source de salut [Mand, X])^
2° Ce qu'Iïermas appelle ^4'J'//°'-> c'est-à-dire l'incerti-
tude, l'irrésolution, l'inconstance, la défiance, le doute, la
tiédeur, la foi vacillante, dont l'opposé est une foi ferme,
1. ^Corinth. vu, 10 : La tristesse selon Dieu produit une rcpcn-
tance qui conduit à un salut qu'on ne regrette point, au lieu que la
tristesse du monde produit la mort.
LE PASTEUll d'hERMAS. 45
puissante, pleine de confiance en Dieu*. En regard des ^t-
«iu/ot l'auteur place ceux qui sont parfaits dans la foi {oko-
Ta'Xerç £v Tfi maxzi, Maud. IX, vi). — Voir particulièrement
le IX'' commandement, bien que l'auteur prenne conti-
nuellement à partie les ^l(];u/oi. — Les Siû^uyjn ne sont ni
vivants, ni morts (Sim. VIII, vu, 1 et IX, xxi, 2); ils sont dif-
ficilement sauvés (Mand. IX, yi). Ce sont des gens qui se
découragent aisément et ne réussissent h rien (Mand. X,
II, 2). Us prient Dieu sans foi, sans confiance, parce qu'ils
doutent et désespèrent de sa miséricorde (Mand. IX,, 1,7,
12 et Sim, VIII, ix, 4);, aussi n'obtiennent-ils rien. Ils sont
faibles contre la colère (Mand. V, ii^ 1 ss.) et victimes des
faux prophètes qu'ils consultent. Ils se demandent si les
choses annoncées sont vraies ou ne le sont pas (^laAoyi'Copi-
vo'ji- ev TaJ; xap^iaiç aÙTwv d apa ecTiv Tau-ra v) oùx. ecTtv, Vis. III,
IV, 3)^. Ils ne peuvent se fixer dans leurs croyances et cher-
1. Jac. I, 6 : Mais qu'il demande avec foi, sans hésiter; car celui
qui hésite est semblable au flot de la mer, agité et ballotté par le
vent; que cet homme-là, homme irrésolu (av/)p Si«|^u7.oç), inconstant
dans toutes ses voies, ne s'imagine pas qu'il recevra quelque chose
du Seigneur, — Jac. v, 8 : Nettoyez vos mains, pécheurs ; purifiez
vos âmes, hommes irrésolus (ciJ;u'xot). — JS}^. Clém, aux Corintli.
ch. X : La femme de Lot était sortie avec lui, mais elle était agitée
par de tout autres sentiments et ne partageait pas sa confiance :
c'est pourquoi elle fut choisie pour devenir un signe, c'est-à-
dire cette statue de sel qui subsiste encore aujourd'hui, afin
que tout le monde sût bien que ceux: qui ont l'esprit partagé (ot
ci'^uyoi) et qui doutent de la puissance de Dieu sont destinés à être
jugés et à devenir un exemple pour toutes les générations.
2. B2D. Clém. aux Corinth. ch. xxiii : Loin de nous ces paroles
de l'Ecriture : « Malheureux ceux qui ont l'esprit double (ot §i'|/u/oO
« dont l'esprit est hésitant et qui disent : Nous avons entendu diic
« ces choses du temps de nos pères, et voici que nous avons vieilli
« et aucune d'elles ne s'est réalisée pour nous, insensés, compu-
« rez-vous à un arbre. Prenez une vigne : d'abord elle perd ses
46 LE PASTEUR d'hERMAS.
chent toujours des voies nouvelles (Vis. III, vu, 1) : ils
ont le Seigneur sur les lèvres, mais non dans le cœur (Sim.
IX, XXI, 1; Cf. Vis. m, VI, 4) : à la première annonce
d'une persécution, ils retombent dans l'idolâtrie (Sim. IX,
XXI, 3). .
3° La médisance, la calomnie, les disputes, le ressenti-
ment des injures et les divisions. Hermas appuie souvent
sur ces divers points^ ce qui montre que la charité frater-
nelle et l'union parfaite étaient loin de régner absolument
parmi les chrétiens de l'église de Rome, ses contempo-
rains (140 après J.-C). (Vis. 111, vi, 3 et ix, 2; Mand. 11 ;
Sim. VIII, VII, 2 et 4ss.; ix,4etx, Iss.; Sim.IX,xxiii; 2 ss.;
XXVI, 7 ss. ; XXXI, 4 ss. ; xxxii, 2 et o. — Vis. Il, n, 3).
Du reste les mêmes recommandations reviennent souvent
dans le Nouveau Testament^ et on doit en conclure que
« feuilles, puis un bourgeon se forme, puis une feuille, puis une
« fleur, après cela du raisin vert, et enfin une grappe mûre.» Vous
voyez comme en peu de temps le fruit de l'arbre arrive à maturité.
En réalité sa volonté s'accomplira bientôt et subitement, l'Écriture
témoignant « qu'il viendra aussitôt et ne tardera pas; que le Sei-
, « gneurviendra subitement dans son temple, avec le saint que vous
a attendez.» ^— 2 Pierre, m, 3 ss. : Sachez avant toutes choses. que
dans les derniers temps il viendra des moqueurs plein d'ironie, vi-
vant au gré de leurs passions, qui diront : Où est la promesse de son
avènement? Car depuis que les pères sont morts tout continue à
subsister comme depuis le commencement de la création... Le
Seigneur ne tarde pas dans l'exécution de sa j^romesse, comme le
pensent certaines personnes, mais il use de patience envers vous,
ne voulant pas qu'aucun périsse, mais que tous viennent à résipis-
cence. Le jour du Seigneur viendra comme un voleur. — Barnabe,
XIX, A : Ne doute pas, ne te demande pas si ces choses seront ou ne
seront pas (ou [/,•)) Bi^uy^/ia-r^q TiOTepov EiTat r^ oS).
1. 1 Corinth. i, 10 : Je vous conjure, mes frères, au nom de noire
Seigneur Jésus-Christ, d'avoir tous un même langage. Qu'il n'y ait
point de divisions parmi vous, mais soyez bien unis dans un même
LE PASTEUR D HERMAS. 47
toutes ces petites communautés chrétiennes, unies par
une charité réciproque contre l'ennemi du dehors, n'en
étaient pas moins travaillées au dedans par des dissensions
de toutes sortes, rivalités de personnes, discussions sur le
dogme, l'organisation, la discipline, etc. : c'était des foyers
esprit et dans une même pensée, car, mes frères, j'ai appris parles
gens de Giiloë, qu'il y a des disputes parmi vous. J'entends par là
que chacun dit : « Moi, je suis à Paulj — moi, à Apollos; — moi,
à Céphas; — moi, à Christ. » Est-ce que Christ est divisé? — Ibid.,
XI, 18 : D'abord j'apprends que, lorsque a^ous vous réunisssez en
assemblée, il y a des divisions parmi vous, et je le crois en
partie : il faut bien qu'il y ait parmi vous des dissensions, afin
qu'on voie nettement quels sont les bons parmi vous. — Ibid.,
ch. XIII (Eloge de la charité). — Ephés. v, 29 ss. : Qu'aucune
mauvaise parole ne sorte de votre bouche... Qae toute aigreur,
toute violence, toute colère, toute criaillerie, toute injure soient
bannies du milieu de vous, et toute méchanceté. Soyez JDons,
pleins de tendj-esse les uns pour les autres,, vous pardonnant
réciproquement , comme Dieu vous a pardonné en Christ.
Soyez donc des imitateurs de Dieu , comme des enfants bien-
aimés, et marchez dans la charité, à l'exemple de Christ, qui... —
Jac. I, 26 : Si quelqu'un croit être religieux, et qu'il ne tienne pas
sa langue en bride, il se trompe lui-même et sa religion est vaine.
— Jac. m, 2 ss. : Si quelqu'un ne bronche pas en paroles, c'est un
homme parlait, capable de tenir en bride son corps tout entier...
La langue aussi est un feu, le monde delà méchanceté : c'est la
langue qui, parmi les membres, a l'art de souiller le corps tout
entier, et d'enflammer tout le cours de la vie, étant enflammée elle-
même au feu de la géhenne. — Ibid. m, 14 : Si vous avez dans le
cœur un zèle amer et un esprit de dispute, ne vous glorifiez pas de
votre sagesse; vous parleriez contre la vérité. — Ibid. iv, 1 : D'où
viennent les guerres et d'où viennent les luttes parmi vous ? N'est-
ce pas de vos passions' qui se déchaînent dans vos membres ? —
Ibid. IV, M : Mes frères, ne parlez pas malles uns des autres:
Celui qui dit du mal d'un frère ou qui juge son frère, dit du mal de
la loi et juge la loi... Un seul est législateur et juge, c'est celui qui
a la puissance de sauver et de perdre : mais, toi, qui es-tu pour
juger le prochain?
48 LE PASTEUR d'hERMAS.
ardents de passions religieuses : ou s'y aimait, s'y haïssait
et s'y querellait beaucoup.
4^ Les rivalités pour les premières places et les hon-
neurs (Sim. VIII, VII, 4 ss.).
Les sept vertus qui, sous forme de femmes, soutiennent
l'édifice de l'Éghse dans la IIl^ Vision (ch. viii) sont : la
Foi (iitGTtç), la Continence ( 'Ey^pccTsta) , la SimpHcité ( 'AttXo-
r/iç), l'Innocence ('Ay.a>'.(à),la Sainteté (2£por/)ç),la Science
('ETrtcT/ip) et la Charité ÇAyd-Kr,).
Les douze vertus qui, également sous la figure de vierges,
gardent l'entrée de la tour de la IX^ Similitude et trans-
mettent les pierres aux constructeurs de l'édifice, sont :
1^ la Foi, la Continence, la Force et la Patience ; 2'', en
second ordre : la SimpHcité, l'Innocence, la Pureté, la Joie,
la Vérité, l'Intelligence, la Concorde et la Charité (Sim.
IX, xv)^ Les vices contraires sont personnifiés de la même
façon ; ce sont : l*' l'Infidélité, l'Intempérance, l'Incré-
dulité, l'Illusion; 2° la Tristesse, la Méchanceté, la Dé-
buacli?, le Mensonge, la Sottise, la Médisance, la Haine.
Ilermas fait souvent l'éloge de l'ingénuité (â^T^or/iç ou
v/)TCior/iç), et des fidèles qui sont demeurés simples comme
des enfants"^ [ôic, Tccv/fiTia, w; r/imv. ppeç'/i) (Mand. II, 1 ; Sim.
IX^ XXIV, 3 ; XXIX, 1 et 2 ; xxx, 3 et xxxi, 3).
1. 2 Pierre, i, 5 : Faites de votre côté tous vos efforts poUf
joindre à votre foi {■Klcrzi) la vertu, à la vertu (àpstri) la science, à la
science (yvwcrst) la tempérance, à la tempérance (ey^paTôt'a) la patience,
à la patience (î)7tojji,ovvi) la piété, à la piété (euc-eSst'a) l'amour fraternel,
à l'amour fraternel (cptXaoeXcpia) la chai'ité (àyâ-K-riv).
2. Math. XI, 2o {Luc, x, 21) : Je te rends grâce, ô mon Père,
maître du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux
sages et aux. savants et de ce que tu les as révélées aux enfants
[Yf\T:ioi(;).— Math, xviii, 3 : En vérité je vous dis que si vous ne
changez pas et ne devenez comme les petits enfants, vous n'en-
Le pasteur D*HEIIMAS. 49
Vlli. De la Pénitence. — Hermas qui se fait dicter son
livre par l'Ange de la Pénitence , aurait pu prendre pour
épigraphe cette parole dans laquelle saint Mathieu, vers
le commencement de son évangile fiv, 7), résume la pré-
dication de Jésus : « Repentez-vous, car le royaume des
cieux est proche » ; ou encore mieux cet autre passage du
discours de Paul à Athènes devant l'Aréopage (Actes ^
xvn, 30) : « Dieu, passant donc sur ce temps d'ignorance,
« fait savoir actuellement en tous heux, à tous les hommes,
« qu'ils aient à se repentir ; parce qu'il a arrêté un jour oti
(( il doit juger la terre avec justice, par l'homme qu'il a
(( désigné, en foi de quoi il l'a ressuscité des morts. »
Le Pasteur n'est eu effet qu'un long et suprême appel
fait à la repeutance.
Les idées d'Hermas sur la pénitence peuvent paraître
tant soit peu indécises, et comme il approuve (Mand. lY,
ni, 1) les docteurs qui enseignaient qu'après le baptême
les fautes graves ne sauraient plus être par données, on a
pu voir en lui un précurseur des Moutanistes : mais la sé-
vérité de ses principes n'est qu'apparente, elle ne gît que
dans la forme. Aussi Tertullieu, devenu rigide montauiste,
a-t-il appelé le Pasteur un livre bon pour les adultères
{Pastor^ qua3 sola (scriptura) mœchos amat, De pud.,x\
— Pastorille msechorum, Ibid. ,20). Il est visible quenolrc
auteur est partagé entre la crainte de nier l'efficacité du
repentir, et celle de favoriser les rechutes à Tabri de la
Ircrcz pas dans le royaume des cieux. Celui donc qui serendia
humble comme ce joelit enfant sera le plus grand. dans le royaume
des cieux. Math, xix, 23 (Marc x, 14; Luc xviii, 16) : Laissez ces
petits enfants, et ne les empêchez pas de venir vers moi, car le
l'oyaume des cieux esta ceux qui leur ressemblent. — MatJi. v, 3 :
Heureux les pauvres en esprit; car le royaume des cieux est à eux-
4
Y.
SO LE PASTEUR d'hERMAS.
faculté laissée aux pécheurs de faire indéfiniment péni-
tence. « Celui, dit-il (Mand. IV, m, 6), qui abuse de la
pénitence pour retomber sans cesse dans le péché, sera
difficilement sauvé. » Il s'excuse en plus d'un endroit
(Mand. IV, r, 11 et m, 3 ; Sim. IX, xxvi, 6) de vouloir, en
prêchant l'utilité de la pénitence, offrir aux fidèles' des
facilités pour persévérer dans le maP.
Les principes d'Hermas et son point de vue sont assez
nettement exposés dans le in^ chapitre de son IV"^ Com-
mandement. En principe il approuve les docteurs qui pro-
fessent que les péchés commis après le baptême sont irré-
missibles^ ; mais, ajoute-t-il, Dieu qui connaît toutes les
ruses du diable, toutes les obsessions dont il accable les
fidèles, s'est laissé fléchir. Il a envoyé l'Ange de la péni-
tence faire un suprême appel et offrir pour la dernière fois
aux fidèles la faculté de faire pénitence. Seulement, il faut
se hâter : les derniers temps sont arrivés : l'édification de
l'Église, sur le point d'être achevée, a été supendue un
.instant pour laisser à l'Ange de la pénitence le loisir de
remplir sa mission. Tous les péchés antérieurs, quels qu'ils
1. Comparez le bel éloge de la pénitence fait par Clément, Ep.
aux Cor,, ch. vu et vin. Hermas aussi du reste en exalte la puis-
sance. (S. X, I, 3.).
2. C'est la doctrine de l'Épître aux Hébreux (VI, 4-6 et X, 26
ss.) : « Il estimpossible queceuxqui ont été une fois éclairés, qui ont
goûté le don céleste, qui ont eu part au Saint-Esprit, qui ont savouré
la bonne parole de Dieu et les puissances du monde nouveau, puis
sont tombés, soient ramenés à la repentance par un second renou-
vellement, puisqu'ils crucifient de nouveau, pour leur malheur, le
Fils fie Dieu et l'exposent à l'ignominie. » — « Si nous péchons
volontairement, après avoir reçu la connaissance de la vérité, il ne
reste plus de sacrifices pour les péchés : il n'y a plus à attendre
qu'un redoutable jugement et l'ardeur d'un feu qui doit dévorer les
rebelles. ».
LE PASTEUR d'hERMAS. 51
soient, peuvent donc être remis à ceux qui s'empresse
ront de se repentir : mais les fidèles ne doivent plus pécher
dorénavant ; ils ne pourront plus faire pénitence qu'une
seule fois : les gentils cependant seront admis au pardon
jusqu'à la dernière limite.
Ces diverses propositions sont du reste affirmées (jii et
là dans tout le cours de fouvrage.
La fin des temps est arrivée (Vis. III, m, 2 et
vin, 9^.
L'édification de l'Église, sur le point d'être achevée, a
été interrompue pour offrir aux pécheurs une dernière oc-
casion de faire pénitence (Sim. IX_, v, i ; xiv, 2 et xxvi,
6 ; Sim. X, iv, 4).
Il faut se repentir avant l'achèvement de cette tour qui
figure l'Éghse (Vis. Ili, ix, 5 ; Sim.lX,xxvi, 6 et xxxn, 1 ;
Sim. X, IV, 4). .
Après le solennel appel fait présentement par F Ange de
la pénitence, il n'y a plus qu'une seule pénitence possible
pour les fidèles (Vis. II, ii, 4 et o ; Mand. IV, m, 6 ; Sim.
VIlï, XI, 2 et3).
Les serviteurs de Dieu ne peuvent faire pénitence qu'une
seule fois (Mand. IV, i, 8 et ni, 6).
Le repentir sera ouvert pour les gentils jusqu'au dernier
jour (Vis. II, II, 5).
Le blasphème , l'apostasie, l'action de livrer les saints
sont des péclié,s mortels, pour lesquels il n'y a pas de re-
pentir possible (Sim. VI, ii, 3 ; Sim. VIII, vi,4 et viii, 2 ;
Sim. IX^ xixy 1).
Cep.endant l'Ange admet que ceux-là mêmes qui onttrahi
et apostasie dans le passé pourront faire pénitence ; mais
il n'eu sera plus ainsi pour ceux qui renieront leur foi
LE PASTEUR d'iiERMAS.
dans l'avenir (Vis. II, ii, 8 et Sim. IX, xxvi, 6. — Cf.
Mand. IV, i, 10).
Les péchés commis avant le baptême sont remis gratui-
tement : quant à ceux qui sont commis depuis, non seule-
ment on n'en peut faire pénitence qu'une fois, mais encore
on doit les expier ici-bas par des peines temporaires pro-
portionnelles, pour lesquelles on est livré à l'Ange du châ-
timent (Vis. Il, m, 1 et III, vu, 6; Mand. IV, m, 1 ss. ;
Sim. VI, II, III et iv ; Sim. VII, 4 et 5).
(Dans son IV Commandement, l'auteur parle de deux
espèces d'adultères : par le premier il entend l'infidélité
dans le mariage, et par le second l'inlîdéhté envers Dieu,
ou l'idolâtrie, à l'exemple des anciens prophètes, de Jac.
IV, 4 et d'Apoc. ii,.22, etc. : il admet qu'on peut faire pé-
nitence de l'un et de l'autre.)
Hermas blâme ceux qui désespèrent de leur salut à
cause de leurs péchés antérieurs, et les exhorte à ï?À^ê pé-
niteiice, en se confiant en la miséricorde divine (Maiid.
XII, VI, 1 ss. — Cf. Vis. I, I, 9 et Sim. VD[, ix, 4).
11 signale comme de faux docteurs'c-^ux dont les mau-
vaises doctrines ne permettent pas aux pécheurs de faire
pénitence (Sim. VIII, VI, 5).
Il faut remarquer que jamais Hermas, len im sujet qui
l'y amenait si naturellement, ne parle dq[; confession auri-
culaire, ni de confession pubhque, ni d'àibsolution donnée
soit par un ancien ou évoque, soit par l'ïjlglise assemblée.
11 n'a évidemment aucune idée de ce quv» nous appelons
aujourd'hui le sacrement de Pénitence, et ïm ne saurait y
voir une allusion dans ce second sceau queS, reçoivent les
fidèles repentis, qui, par leurs péchés, avaient Ibrisé le pre-
mier, celui du baptême (Sim. VIII, vi, 3) ; ca^ Hermas dit
positivement, comme l'auteur de l'Épître aux\ Hébreux,
LE PASTEUR DIIERMAS. 53
qu'il n'y a d'autre rémission des péchés que celle qui s'ob-
tient parle baptême : la pénitence qu'il prêche n'est qu'une
faveur exceptionnelle faite à la fin des temps par un Dieu
miséricordieux et qui n'est applicable qu'aux péchés com-
mis dans le passé (Mand. IV. m).
IX. Le monde, les affaires^ les richesses. — L'Église,
ou royaume de Dieu, est opposée au monde (xocp;), au
siècle (a'^wv) ou royaume de Satan. « Je voudrais, dit Her-
mas (Vis. IV, m, 1 ss.), savoir ce que signifient les quatre
couleurs que la bête porte sur sa tête. — Écoute, répon-
dit-elle, la couleur noire,- c'est ce monde... quant à la por-
tion couleur d'or, c'est vous, qui avez fui ce mondée »
Le fidèle doit se désintéresser des biens et des affaires
de ce monde (rà i^nù-zvm 7T:pay[xaTa, Vis. in. XI, 3) (Mand.
Vlir, 3; Sim. I, 1 et 6 ; Sim. IV, 5).
Ceux qui se laissent amollir ([j.a7^a/.ic6evTeç, Vis. III, xi, 3)
et embarrasser (repiTroiou^aevoi, 7û£ptcnvW[xevot, £[XTC£^up[jivoi), par
ces biens et ces affaires, n'ont plus le loisir et la liberté
de penser à Dieu, et ne peuvent faire leur salut^ (Vis. I, i,
.1. Év. Jean^ xvii, 9 : Je ne prie pas pour le monde, mais je prie
pour ceux que tu m'as donnés.— Ihicl. xvii, 14 : Le monde les a haïs,
parce qu'ils ne sont pas du monde, cornme moi-môme Je ne suis
pas du monde. — Ibid. xviii, 36 : Mon royaume n'est pas de ce
monde. — Jac. i, 27 : La religion pure et sans taclie consiste
à ... et à" se préserver des souillures du monde. — Ibid. iy, 4 :
Ames adultères, ne savez-vous pas que l'amoui- du monde est
inimitié contre Dieu? Celui donc qui veut être aussi du monde est
ennemi de Dieu. — Luc iv, 5 ss. ( Math, iv, 8-9) : Le diable l'ayant
emmené lui fît voir en un instant tous les royaumes de la terre et
lui dit : Je te donnerai toute cette puissance et la gloire de ces
royaumes; car elles m'ont élé données et je les donne à qui je
veux. Si donc tu le prosternes devant moi, elles t'appartiendront
tout entières.
2. 4» Ép. Jean, ii. 13 : N'aimez point le monde, ni ce qui est
S'i LE PASTEUR d'iTERMAS.
8 ; Mand. X, i, 4 et XII, i, 2 ; Sim. II, 5 ; IV, 5 ; IX, xx,
1 ss.; Sim. VIII, VIII, 1 et IX, xxx, 4). .
Les richesses sont, un obstacle au salut, non seulement
parce qu'elles détournent la pensée des choses de Dieu,
mais encore parce qu'elles empêchent ceux qui les pos-
sèdent de fréquenter leurs frères, dont ils craignent les
obsessions (Sim. IX^ xx, 2) et les portent au contraire à
fréquenter les gentils (Mand. X,i, 4 et Sim. VIII, ix, 1 ss.);
parce qu'elles leur inspirent de l'orgueil (yaupiwvTsç, Vis. I,
I, 8 ; û^|;•/]■Xo(ppoveç, Sim. VIII, IX, 1) ; parce qu'elles les pous-
sent à l'intempérance (Vis. III, ix, 3 et 4) ; enfin, parce
que, les attachant au monde, elles les entraînent à l'apos-,
tasie (Vis. III, vi, 5 et Sim. VII1> viii, 2).
X. Les riches et les pauvres ; V aumône. — Le riche
est difficilement sauvé ^ (oî ir'XouGiot. ^ucjtoXcoç etcsleuaovTai sic
Tviv ^(xaCkzicxN to'j ©eo'j. . . tok TOtouTotç hÛQy.okov èariv sic t'/iv ^a-
ct'Xsiav Tou 0£.oô etaeT^GeTv, Sim. IX, XX, 2 et 3).
Dieu, quand il Ycut sauver les riches, leur retranche la
majeure partie de leurs biens (Sim. IX, xxx, 5 et xxxi, 2 ;
Vis. III, VI, 6).
.La prière du riche a moins de vertu auprès de Dieu
Sim II 5 • '0 ^"^ ^^^^^ ^^^ pauvre^, (Sim. II, 56 et 7).
';vXoûoic<; Ta -Kçhti tôv
KûpiovTïTMyêùei daiîs le monde ; si quelqu'un aime le monde, l'amour du Pùi'e n'est
/.kl Xtav ^iMow v/ti point en lui... .
Tïiv e?o,^oXoYi<iivj4al ,, _ j^f^fj^^ XIX, 23 {Marc, x, 23 et Luc, xviii, 24) : En Vérité je
rr,v émuÇiv TToô? tÔv t ,.i . jtp -i ^ • i ni i i j
. I „ VOUS dis qu il est ditiicile a un riche d- entrer dans Je royaume des
awoàv >cal [îx-fi-xpàv cieux. Je vous le dis encore, il est plus , aisé qu un chameau passe
xalàvu |j,n é'xouffav par le trou d'une aiguille qu'il ne l'est à un riche d'entrer dans le
5'ûva[/.tv...(3 5'è7r£vïîî royaume de Dieu. — Voir encore la parabole du mauvais riche, Licc
irXouaio; eayiv ev tyi ^^^^^ ,^q_^,^ . Abraham lui clit : Mon enfant, souviens-toi que tu as
yoXo-Yvioet ml iû- ^^'^^^ ^^^ bicns pendant ta vie, et que Lazare, au contraire, a eu ses
va[i,iv jj-e-Y^XYiv é'x,£i maux ; maintenant ici il est consolé, et toi tu souffres,
^É'vTEu^iç aùToîiira- 2. Luc,yi, 20 : Heureux, vous qui êtes pauvres, car c'est à vous
pa Tuj 0Eip. qu'appartient le royaume de Dieu ; heureux vous qui avez faim
LE PASTEUR d'iIERMAS. 55
Le riche ne doit se 'Considérer que comme le dispensa-
teur des biens, de Dieu : c'est une sorte de ministère (^ta-
x-ovta) qu'il a reçu de lui et qu'il doit remplir fidèlement
pour oJ3tenir son salut (Maud. 11^ 5, 6 ; Sim. I, 8, 9 et
li, 7).
maintenant, parce que vous serez rassasiés ; heureux, vous quipleurez
maintenant, parce que vous rirez... Malheur à vous, riches, parce
que vous avez déjà votre consolation! Malheur à" vous, rassasiés,
parce que vous aurez faim ! Malheur à vous qui riez maintenant,
parce que vous serez dans l'affliction et que vous pleurerez! —
Luc, parmi ses sources, en avait une éhionitique ; la jDauvreté y est
souvent glorifiée pour elle-même, et la richesse maudite. — 1° Le
■ royaume de Dieu est particulièrement destiné aux pauvres :
XIV, 13-24... Va vite dans les places et dans les rues de la ville, et
amène ici les pauvres, les estropiés, les aveugles, les hoiteux. xvi,
■19-31 : ... Abraham lui dit (au riche) : Mon enfant, souviens-toi que
tu as reçu tes biens pendant ta vie, et que Lazare, au contraire, a
eu SOS maux; maintenant, ici, il est consolé, et toi tu souffres. —
2" Cest folie de thésauriser (xii, 16-21). — 3o : xvi, 13: Nul servi-
teur ne peut servir deux maîtres à la fois. .. vous ne pouvez servir
Dieu et Mamon. — 4** Il faut se détacher des richesses, y renoncer:
Yi, 29-30 ... Si quelqu'un t'enlève ton manteau, laisse-lui prendre
aussi ta tunique. Donne à tout homme qui te demande, et n€ réclame
pas ton bien à celui qui te le prend... xiv, 33 : Quiconque d'entre
vous ne renonce pas à tout ce qu'il possède, ne peut être mon
disciple. — 3°/^ fau^t servir, flatter les pauvres, ces favoris de-
Dieu : xxi, 33 : Vendez vos biens et les donnez en aumônes, xviii,
22 : Il te manque encore une chose : vends tout ce que tu as,
distribue-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cicux. xiv,
13 : Mais quand tu donnes un repas, invite les pauvres, les estropiés,
les boiteux, les aveugles, et tu seras heureux de ce qu'ils ne peuvent
te le rendre: cela te sera rendu à la résuri'ection des justes [règne
de mille ans? ) xvi, 1-9 ... Faites-vous des amis avec les richesses
produits des malversations, afin que, lorsqu'elles vous manqueront,
ils vous reçoivent dans les tabernacles éternels. — Jêsu,s appar-
tenait à une famille de pauvres: ii, 7 et 24. — Ce sont de simpiles
hergers qui, les premiers, ap)prennent sa naissance et sont
. 56 LE PASTEUll d'hERMAS.
L'aumône aux indigents, ainsi que le soin des veuves et
des orphelins* sont un des pinncipaux devoirs du chrétien
et en particulier du riche (Vis. IH, ïx] 2 et 5 ; Maud. YIII,
10;Sim. I, 8;Sim. V, m, 7 ; Sim. X, iv, 2 et 3. Cf. Vis.
1I_, IV, 3 et Sim. IX, xxvii, 2).
L'aumône doit être faite avec simplicité, sans acception
de personnes^ (àrT^w; [j/n ^icraî^wv tivi r^wç ri tivi p/^ ^w;, ttocîiv
appelés à V adorer : ir, 8 ss. — Jac. i, 11 : Ainsi se flétrira le riche
ail milieu de ses entreprises. — Jac. ii, 5 : Dieu n'a-t-il pas
choisi ceux qui sont pauvres aux yeux du monde, pour être riches
en .foi et héritiers du royaume qu'il a promis à ceux qui l'aiment?
Et vous, vous méprisez le pauvre ! Ne sont-ce pas les riches qui.
vous oppriment et qui vous traînent devant les tribunaux? Ne sont-
ce pas eux qui insultent le beau nom qui vous a été donné? — Jac.
V, 1 : A vous, maintenant, riches ! pleurez et poussez des cris à
cause des malheurs qui vont fondre sur vous. Vos richesses sont
pourries et vos étoffes sont devenues la proie des gerces; votre or
et votre argent sont rouilles, et cette rouille s'élèvera en témoignage
contre vous, et comme du feu, elle dévorera vos chairs. Quel trésor
vous vous serez fait dans les derniers jours ! Voici, il crie, le salaire
dont vous avez frustré les ouvriers qui ont moissonné vos champs,
pt les cris des moissonneurs sont parvenus aux oreilles du Seigneur
des armées. Vous avez vécu sur la terre dans les délices et les fes-
tins, vous avez repu vos cœurs au jour du carnage, vous avez con-
damné, vous avez tué le juste, il ne vous résiste pas. — Voir encore
'Âiwcal.ch.. XVII et XVIII.
1. Jao.i, 27 : La religion pure et sans tache, jdevant Dieu, notre
Père, consiste à visiter les orphelins et les veuves dans leurs afflic-
tions, et à se préserver des souillures du monde. — 1 i^^î. Jean m, 17 :
Si quelqu'un possède les biens de ce monde, et que, voyant son |
frère dans le besoin, il lui ferme ses entrailles, comment l'amour do
Dieu demeure-t-il en lui ?
2. St Math. Yi, 4 : Pour toi, quand tu fais l'aumône, que ta,
main gauche ne sache pas ce que fait ta main droite. — Rom. xii,
8 : Que celui gui donne le fasse avec générosité ; que celui qui pré-
side, y mette du soin; que celui qui prend pitié secoure avec joie.
-*- 2 Corinth. ix, 7 : Que chacun donne comme il a décidé en son .
LE PASTEUR d'hERMAS. 57
f^uW... (r/i^sv ^t:<x,pivœv Ttvi. ^oi •/)' [j:h ^w, Maud. II, 4 et 6. —
àvovsi^taTwç xal àha-vvxxoiç^ Sun. IX, XXIV, 2).
L'exercice de l'hospitalité est recommandé (Sim. VIII,
X, 3; Mand. VIII, 10; Sim. X, xxv;i, 2), surtout envers
les saints ^
Le jeûne agréable au Seigneur consiste dans l'aumône
faite auxindigents, aux veuves et aux orphelins (Sim. V,
I, 1 ss. ; Sim. V, m, 4ss.). — Cf. ïsaïe, lviii ; Barnab.iii,
et Justin, Dial. Tryph., xv et xl.
L'aumône a la vertu d'effacer les péchés (6 oh ^uVj?
àOôioç è<7w,Mand.'lI, vi) ^ .
XI. Rédemption, œuvres. — Hermas ne parle pour
ainsi dire pas de la rédemption. II dit, il est vrai (Sim.
V, VI, 2) : « Son Fils a étabH des anges auprès d'eux
« pour veiller sur eux, et lui-même, à force de peines,
« après mille fatigues endurées, les a purifiés de leurs pé-
(( chés : aucune vigne en effet ne saurait être façonnée
(( sans travail ni fatigue. Lui-même donc, ayant purifié
« les péchés de son peuple, lui a montré les sentiers de la
(( vie, après leur avoir donné la loi qu'il avait reçue de sou
(( Père. » Mais il est évident qu'ici il est simplement fait
allusion aux peines et aux fatigues que Jésus-Christ a eu à
endurer pour amener les hommes à se repentir et à ac-
cœur de donner, sans regret, sans contrainte : « Dieu aime celui qui
donne gaiement.» — Ep. Barn. xix, M : Tu donneras sans liésitei",
sans murmurer (ou Sictadetç ooîîvat oùSè Stoobç y'^YY'^^s'ç)'
1. 1 Pierr. iv, 9 : Exercez entre vous l'iiospilalité, sans mur-
murer. — Iléb. XIII, 1: N'oubliez pas l'hospitalité: c'est en
l'exerçant que quelques-uns ont logé des anges sans le savoir.
i2. 1 Pierre, iv, 8: Surtout ayez une ardente cliarité les uns pour
les autres, car la charité couvrira une multitude de péchés. — Tubie^
IV, 10 et XII, 9. — Luc, xi, 41 : Donnez-en plutôt le contenu en
aumône, et alors toutes choses seront pures pour vous.
08 LE PASTfiUlt d'iTKRMAS.
cepter la loi qu'il leur apportait, après l'avoir reçue de sou
Père. Quaut aux mérites qu'il a acquis en remplissant cette
mission avec un zèle et un dévouement exemplaires, ils
ont été récompeusés en sa propre personne (Sim. V, vi,
6 ss.) ; mais on ne voit nulle part Ilermas témoigner qu'il
croie que ces mérites sont reversés sur le genre humain.
En somme il ne parle du Messie que comme dlun législa-
teur. Il en résulte qu'à ses yeux la Foi est une vertu comme
une autre, bien que la première (Vis. III, viii et Sim. IX,
xv) : elle n'est pas pour lui ce qu'elle est pour saint Paul,
la seule méritante devant Dieu, la source unique de toutes
les autres. Notre auteur n'en dit pas moins de la foi :
a C'est par elle que sont sauvés les élus de Dieu, Vis. III,
Yiii, 3. » Mais il n'exprime jamais cette idée que les
Sim. V, III, 2 : chrétiens ont été lavés dans le sang du Christ.
Eay e ti ajaôov Hcrmas admet donc le mérite des œuvres humaines et
Tox^î ToG 0£oû , ae- pousse ccttc croyancc au point de professer que l'homme
^av,vE:taaoT3>.v',xai peut fairc plus quc Dicu n exigc et s assurer amsi une
É'tTvi ev^oioTEoo? Tvapà gloire supérieure (Sim. V, m, 2. Cf. Sim. V, ii, 4, 10. et
gi;;^!. " ' 11). C'est la distinction entre les préceptes d'obhgation
et les préceptes de conseil, la doctrine des œuvres suréro-
gatoires.
Toutefois, on ne trouve, bien entendu, dans le Pasteur,
aucune trace des idées catholiques sur les mérites sura-
bondants de certains fidèles, sur ce trésor inépuisable des
mérites delà très sainte Vierge et des saints ajoutés aux mé-
rites infinis de Jésus-Christ, trésor dans lequel le pape peut
puiser à volonté pour appliquer les mérites en question
aux chrétiens vivants et morts, en vertu de la communion
des saints. Cette étrange théorie, base des indulgences, a
été inventée par Alexandre de Iialès,mort en 1245, et par
Albert le Grand, mort en 1280, et elle n'a été formulée
LK PAsrrlui^ d'itermas. -^9
olQciellement pour la première fois qu'eu 1349, par le
pape Clément Y, daus sa bulle Unigenitus^.
Hermas cherche à détourner des secondes noces sans
les condamner expressément. (Mand. IV, iv.)
Il semble approuver la résolution prise par des époux
de vivre ensemble à l'état de continence [Vis. II, ii^ 3;
rr\ av,[jJo[(ù cou rn [j.zXkoûa-r^ crou a^a'Xovi. C'est peut-être cependant
une allusion à Math, (xxii, 30) : « Car dans la résur-
rection on ne se marie point ; hommes et femmes sont
comme les anges de Dieu dans le ciel.- » — Cf. Marc xii,
25, et Luc; xx, 35. — Vis. II, m, 1 : prU r/iv à^eT^o'/fv tov
èi(V/jç. — Cf. Sim. IX, n,' 3 : MsÔ' •/ijj.wv, ^acrl vX TrapÔivoi,
XÏI. Opinions, diverses. — Si dans un ménage chrétien
l'un des époux s'abandonne à l'adultère ou à l'idolcitrio,
l'autre doit s'en séparer; mais il lui est interdit de se re-
marier, pour conserver la faculté de reprendre l'ancien
hen conjugal, si le coupable venait à se repentir et à s'a-
mender (Mand. IV, i, 4, ss)2.
1. Eisensclimidt, t. I^p. 185 :,«... thesaiirum mililantiEcclesiœ
accfuisivit, vplens suis Ihesaurizare filiis pius pater... per beatum
Petrum, cœliclavigernm, ejusqne successores, suos in terris vicarios,
commisit fidelibus salubri.ter dispensandiim... Ad ciijus quidem
Ihosauri cumulùm beatœ dei gonitrlcis omninmqiic electoram, a
primo justo iisque ultimum, mérita adminiciilum pra^stare noscuii-
tiir. )) ... Si les mérites de Jésus-Christ forment à eux seuls un trésor
infini et inépuisable, que peuvent y ajouter les mérites des saints?
Qu'en est-il besoin?
2. 1 Corinth. vit, .10 : Qnant aux personnes mariées, j'ordonne,
non pas moi, mais le Seigneur, qu'une fenime ne se sépare point de
son .mari (dans le cas où elle se trouverait séparée, qu'elle demeure
sans se marier ou se réconcilie avec son mari) et qu'un mari ne
répudie point sa femme. Pour ce qui s'agit des autres, ce . n'est
pas le Seigneur, c'est moi qui leur dis : Si un frère a une femme
60 LE PASTEUR d'hERMAS,
Les saints sont bénis par Dieu dans toutes leurs entre-
prises (Vis. I, I, 8 ; Sim. Vf, m, 6 ; Sim. IX, xxiv, 3, et
Sim, X, ij 2 et 3), tandis que les pécheurs expient leurs
fautes ici-JDas par toutes sortes de tribulations (Vis. II,
nr, 1 ; Vis. If I, vu, 6 ; Sim. VI, cli. u, m et iv ; Sim. VII,
4 et 5). Quant à des peines expiatoires temporaires à subir
dans l'autre vi/i par certains pécheurs, Hermas n'y fait
janïais la moindre allusion. Il parle, souvent au, contraire
de la mort éternelle qui attend les grands pécheurs,
Sim. iv,iv:Tà les réprouvés et les gentils* (Sim. IV, 4; Sim. VI, ii,
^Jxau^ô'ïircvraTr.TÎ 3 ct 4 ; Sim, Vf, V, 7 ; Sim. Vîll, vi, 4 et vu, 3; Sim. IX,
ËOv/i ^cauGTÎacvTat 6':t XVHI, 2. — Cf. Vis. I, IV, 2 : ... Ta f^è TCO'kspa TOi; â'OvSGlV
O'jx sptdoavTÔv '/.-[-
■ravTaaÙTcû;.— Cf. JCxl TOCÇ àTÏOCTaTaiç).
r-°)"î' A ^^'^^ ^"' Hermas professe cette opinion qu'en dehors de l'Éghsc
15 ss.; xvir, 27; triomphante, représentée par la tour, il existe un autre
7°sJ^'^T'^^°" • •' ^^^"^ (^^ ^^^'^^ appelle les miirailles) ^ qui sera le séjour des
païenne et que cette femme consente à habiter avec lui, qu'il ne la
répudie point; si une femme a un mari païen et que ce mari con-
sente à Iiabiter avec elle, qu'elle ne répudie point son mari... Si lo
conjoint qui n'a pas la foi se sépare, eh bien! qu'il se sépare ; en
pareil cas, le frère ou la sœur ne sont pas liés : c'est pour que nous
vivions en paix que Dieu nous a appelés. — Cf. MatJu v, 31-32 et
XIX, 9; il/arc X, 11 ; Le^c XVI, 18.
1. 2« Thessalon. i, 1 ss. : Lorsque le Seigneur Jésus, entouré
d'une flamme de feu, viendra du ciel avec les anges ministres de sa
puissance, pour faire justice de ceux qui ne connaissent pas Dieu et
de ceux qui n'obéissent pas à l'évangile de notre Seigneur Jésus,
^ ils seront punis de la perdition éternelle, privés de la présence du
Seigneur et de la gloire dont sa face nous revêtira, le jour où il
viendra... Cf. Apoc. xx, 15.
2. Jean xiv, 2 ; Il y a beaucoup de demeures dans la maison de mon
Père. — CLIrénée, l. V, cZf. xxxvi, § 2 ; Et quemadmodum presbyteri
dicunt, tune qui digni fuerint cœlorum conversatione iiluctransibunt,
id est in cœlos ; alii Iule paradisiis utenlur, alii autem speciositatem
civitatispossidebunt, ubique autem Deus videbitur, et quemadmo-^
• .„ ...„„.. ^>
LE PASTEUR D HERMAS. 61
fidèles n'ayant pas mérité d'être admis dans la tour (éTépw
TOTCô T:okh sV'ttovi, Vis. III, V, 5 et VII, 6; Sim. VIII, ii, 5 ;
VI, 6 ; VII, 3 ; viii, 3).
La science des choses divines (la gnose) ne sert de rien
à ceux qui ne pratiquent pas les commandements de Dieu
(Sim. IX, xviii, 1). Il ne sert de rien d'être chrétien de
nom, si on ne pratique les vertus dont le, Christ nous a
donné l'exemple (Sim. IX, xn, 1 ss.).
Les fidèles qui après leur conversion retombent dans
leurs anciens errements, sont deux fois plus coupables^
(Mand. VIII, 6; Sim. IX,- xviii, 1 ss.).
Hermas proclame la nécessité et la puissance de la
prière faite avec une foi pleine et entière^ (Vis. IV, i,
7ss.; II, 4 : Mand. IX; Sim. V, iv, 4). Au contraire la
prière de l'homme qui ne met pas toute sa confiance en
Dieu n'obtient rien (Mand. IX, 1, 5, 7, 12 ; Sim. V, iv, 3).
Il en est de même de l'homme triste (Mand. X, m, 2).
On doit demander à Dieul'intenigence (cuvecïiç, Sim. V,
IV, 3,etIX^ II, 6) : on doit lui demander aussi la justice et
la vertu ^(£ptoTa/,yi 7:epl ^uaiocuv/iç, l'vaT^aê'/iç [zepoç ti s^auT'^ç etç
Tov oi-/.6v Gou, Vis. III, I, 6).
dum dignierunt videntes eum. Ecce autem distantiam hanc habi-
lationis eorura qui centum fructifîcaverunt, et eorum qui sexaginta,
et eorum qui trigenta : quorum quidam in cœliim assumentur, alii
in paradiso conversabuntur, alii in civitate habitabunt : et propler
boc dixisse Dominum multas esse apud Pati'em mansiones.
1. 2" Pierre^ ii, 20 : En effet, si après s'être retirés des souillures
du monde parla connaissance du Seigneur et Sauveur Jésus-Christ,
ils se laissent vaincre en s'y engageant de nouveau, leur dernière
condition est i^ire que la première; il leur eût mieux valu ne pas
connaître la justice, que de se détourner, après l'avoir connu, du
saint commandement qui leur a été enseigné.
2. Jac. V, 16 : La prière du juste aune bien grande efficace. Élie
était un homme comme nous...
3. Jac. I, o : Si quelqu'un parmi vous manque de sagesse, qu'il
62 LE PASTJÏUll j/ilEKMAS.
Nous avous vu qu'il défeud. le dogme de la résurrectiou
(Sim. V,vi, 7et VII. 2).
Hermas euseigue (^Sim, IX, ch. xvi) qu'après leur mort,
les apôtres out été prêcher l'évaugile et baptiser chez les
morts. Clémeut d'Alexandrie a repris cette opinion et cité
le Pasteur à ce sujet. Voir Strom. II, ix, 44, p. 452 et YI,
VI, 45-56, p. 764. — Mais en général on s'en tient à la
descente de Jésus-Christ aux enfers ; voir Ephés. iv, 7-
9, etl Pierre, m, 19, etiv, 6. .
Il n'y a pas dans le Pasteur mia. seule allusion à l'Eucha-
ristie, à la force, comme on dirait aujourd'hui, qu'on peut
puiser contre les tentations dans la fréquentation de ce
sacrement.
11 est souvent question du baptême (Vis. III, ii, 4; m,
5 et VII, 3; Mand. IV., m, 1; Sim. IX, xvi) ; il est appelé
un sceau (açayiç, Siiii. VIII, ii, 2 et 4 ; IX, xvi, 4; etc.).
Ceux qui out brisé ce premier sceau par leurs péchés
peuvent eu recevoir un second après avoir fait pénitence
(Sim. VIII, VI, 3).
Hermas ne mentionne du reste, môme indirectement,
aucun autre sacrement, ni l'extrême-onction quand il
aurait eu souvent l'occasion d'en parler, ni le mariage qui
la demande à Dieu qui donne à tous généreusement, sans rien' re-
procher, et elle lui sera donnée. Mais qu'il demande avec foi, sans
hésiter, car celui qui hésite est semblahle au Ilot de la mer, agité et
ballotté par le veut, que cet homme-là, hommciirésolu, inconstant
dans toutes ses voies, ne s'imagine pas qu'il recevra quelque chose
(hi Seigneur. — Philip, m, 9 : ;.. afin de gagner Christ et d'être
trouvé en lui, ayant, non ma propre justice, mais celle qui s'obtient
par la foi en Christ, la justice qui vient de Dieu par la foi, en sorte
((ue je le connaisse, lui et la puissance de sa résurrectiou, et la
communion de ses souffrances, en reproduisant sa mort on ma per-
sonne, pour tâcher de parvenir à la bienheureuse résurrection des
morts.
LE PASTEUR .Jj'ïIER3IAS. 63 .
lui eût fourni uu excellent 'argument contre le divorce, etc.
En résumé, si la théologie d'IIermas eût été conforme
à la théologie cathoHque moderne, on doit avouer qu'il
eût traité son sujet d'une tout autre manière.
Son ouvrage fournit des arguments très-puissants en
faveur des propositions suivantes :
i° Les premiers chrétiens n'avaient qu'une idée extrê-
mement confuse du dogme de la Trinité et en particulier
de la troisième personne : quant à la seconde personne,
c'est-à-dire au Fils de Dieu ou nature divine du Christ, ils
ne la considéraient que comme une- créature, une sorte
d'ange, .l'emportant infiniment sur tous les autres en
dignité et en ancienneté.
2^ Ils ne connaissaient ni le sacrement de pénitence,
ni celui du mariage, ni aucun autre, sauf le baptême et
l'eucharistie.
.3° Ils n'avaient point d'évêques dans le sens relative-
ment moderne du mot : l'épiscopat, tel qu'on l'entend au-
jourd'hui, n'est qu'une institution du second âge de
l'Église, qui est loin de remonter à Xésus-Clirist et aux
Apôtres. 11 en est de même à plus forte raison de la
papauté.
4^ La conception d'un purgatoire leur était absolument
étrangère. •
Nous ferons observer en terminant que le Pasteur pré-
sente de nombreuses analogies avec l'épître de Jacques
et la seconde de Pierre : tous ces écrits semblent avoir
été inspirés par une seule et môme situation, par les
mêmes préoccupations.
64
LE PASÎEUll D HERMAS.
EXTRAITS
1. Dieu. — Vis. I, i, 6 : Le Dieu qui habite daus les
cieux, qui a tiré du néant fous les êtres, qui les a multi-
pliés et fait croître à cause de sa sainte Église, est irrité
contre toi, parce que tu as péché contre moi.
Vis. I, m, 4 : Voici, le Dieu des Puissances, qui par son
pouvoir invisible et irrésistible et sa profonde intelligence
a créé le monde, qui par sou illustre volonté a revêtu 'sa
création de beauté, qui par sa puissante parole a fixé le
ciel et fondé la terre sur les eaux, dont la sagesse parti-
cuhère et la Providence ont établi sa sainte Église, qu'il a
bénie, voici, ce Dieu transportera les cieux et les monta-
gnes et les collines et les mers, et tout sera aplani pour
ses' élus^, afin qu'il réalise pour eux la promesse qu'il leur
a faite, avec beaucoup de gloire et de joie, s'ils observent
les comiTiandemcnts de Dieu, qu'ils ont reçus avec une
grande foi.
MandA ! Avant toutes choses, crois qu'il est un seul Dieu,
qui atout créé et ordonné, qui a tiré de néant tout ce qui
existe, qui contient tout et qui seul ne peut être contenu
1. Traces de miilénariame.
LE PASTEUR d'hERMAS. 65
par rien. Crois en lui et crains-le ; et le craignant, domine
sur tes passions.
Sim. V, V, 2 : Le maître du champ, c'est ccliii qui a
tout créé, tout ordonné, tout affermi.
II. Le Fils de Dieu. — Sim. V, chap, ii ... : ^ Quel-
qu'un qui avait un champ et beaucoup d'esclaves planta delà
vigne dans une partie de son champ. Puis ayant fait choix
d'un esclave fidèle qui avait sa faveur et qu'il appréciait,
il le fît venir et lui dit : Prends ce vignoble que j'ai planté
et garnis-le d'échalas, en attendant que je revienne ; je
ne te dis pas d'y faire autre chose, mais exécute l'ordre
que je te donne, et je t'accorderai la hberté. Le maître
de l'esclave s.' en alla alors en voyage. ^ Après son dé-
part l'esclave prit possession du vignoble et se mit à y
planter des échalas. Quand il eut fini ce travail, il remar-
qua que la vigne était pleine de mauvaises herbes. '' Il
raisonna alors en lui-même de cette façon : j'ai rempli
jusqu'au bout les ordres de mon maître ; je vais mainte-
nant façonner cette vigne ; une fois façonnée, elle aura
un aspect plus satisfaisant, et débarrassée des mauvaises
herbes qui ne l'étoufferont plus, elle donnera plus de fruit.
Il se mit donc à la bêcher et enleva toutes les mauvaises
herbes qui étaient dans la vigne. Cette vigne, ainsi débar-
rassée des herbes qui Tétouffaient, devint belle et floris-
sante. ^ Au bout -d'un certain temps le maître de l'es-
clave et du champ revint et se rendit dans sa vigne. En
voyant que cette vigne avait été convenablement garnie
d'échalas, qu'en outre elle avait été façonnée et que toutes
les mauvaises herbes en avaient été arrachées, il se félicita
vivement de la conduite de son esclave. ^ Ayant donc
appelé son fils bien-aimé, celui qui était son héritier, et
les amis qui étaient ses conseillers, il leur exposa les or-
66 LE PASTEUR d'hERMAS.
dres qu'il avait donnés à son esclave et ce qu'il avait
trouvé accompli. Et ceux-ci partagèrent la joie de l'esclave,
pour le bon témoignage que le maître avait porté à son
sujet. '^ Et celui-ci leur dit : J'avais promis la liberté
à cet esclave, s'il exécutait les commandements que je lui'
avais donnés : or non-seulement il les a exécutés, mais il
a fait dans la vigne un excellent travail et il m'a causé la
plus grande satisfaction. En récompense de ce qu'il a fait,
je veux l'établir cohéritier de mon fils, parce qu'ayant
eu de bonnes pensées, il n'a rien négligé pour les mettre
à exécution. ^Le fils applaudit à l'intention manifestée par
son père, de faire de l'esclave son cohéritier. ^Quelques
jours après, le maître donna un festin eteùvoya à l'esclave
plusieurs mets de sa table. L'esclave ayant reçu les mets
que son maître lui avait envoyés, prit ce qui lui suffisait et
partagea le reste entre ses compagnons d'esclavage.**^ Ceux-
ci ayant reçu les mets furent dans la joie et se mirent à faire
des vœux pour que leur camarade crût en grâce auprès
de son maître, à cause du service qu'il leur avait ainsi
rendu. *^ Le maître apprit tout ce qui était arrivé et se
félicita de nouveau de la conduite de son serviteur. Ayant
donc convoqué une seconde fois ses amis et son fils, le
maître leur fit part de la conduite qu'avait tenue son
esclave à l'occasion des mets qu'il avait reçus, et ceux-ci
approuvèrent de plus en plus l'idée défaire de cet esclave
le cohéritier du fils.
Sim. V, ch. V : ^Le champ, c'est ce monde: le
maître, c'est celui qui a tout créé, tout disposé, tout
affermi. Le fils^ c'est l'Esprit saint; l'esclave, c'est le Fils
de Dieu; la vigne, c'est ce peuple . qu'il a planté lui-
même. ^Les échalas, ce sont les saints auges du Seigneur,
ceux qui soutiennent son peuple : les mauvaises herbes.
LE PASTEUR d'hERMAS. 67
qui ont été arrachées de la vigne, ce sont les iniquités
des serviteurs de Dieu : les mets qu'il a envoyés de sa
table, ce sont les commandements qu'il a donnés à son
peuple par le moyen de sou fils ; ses amis et conseillers,
ce sont ceux des saints anges qui ont été créés les pre-
miers ; l'absence du maître, c'est le temps qui reste jus-
qu'à sa parou'sie (son apparition)... . -Pourquoi, Seigneur,
repris-je, le Fils de Dieu se présente-t-il sous la forme
d'un esclave, dans la parabole?
,Sim. V, cA. VI : Écoute, dit-il: Le Fils de Dieu n'y
figure pas sous la forme d'un esclave, mais avec une
grande puissance et une grande dignité. — Comment, dis-
je, Seigneur? C'est ce que je ne comprends pas. — Parce
que, dit-il. Dieu, après avoir planté la vigne, c'est-à-dire
fondé son peuple, l'a confié à son Fils, et son Fils a établi
des anges auprès d'eux pour veiller sur eux, et lui-même,
à force de peines, après mille fatigues endurées, les a pu-
rifiés de leurs péchés : aucune vigne, en effet, ne saurait
être façonnée sans travail ni fatigue. ^Lui-même donc,
ayant purifié son .peuple de ses péchés, lui a montré les
sentiers de la vie, après lui avoir donné la loi qu'il avait
reçue de sonvPère. ''Tu vois, dit-il, qu'il est lui-même
•le Seigneur du peuple, ayant reçu tout pouvoir de son
Père. Mais écoute pourquoi le Seigneur a pris pour
conseillers son Fils et les anges glorieux, au sujet de
l'héritage adonnera son esclave. ^L'Esprit saint, celui
qui préexistait, celui qui a fondé toute la création.
Dieu l'a fait habiter dans telle chair qu'il a voulu. Ce
corps, dans lequel l'Esprit saint a étabh sa demeure, s'est
fait un excellent serviteur de TÈsprit, marchant dans la
voie de la sainteté et de la pureté, n'entachant l'Esprit
d'aucune souillure. ''Cette chair qui s'était acquittée con-
68 LE PASTEUR d'hERMAS.
venablement et saintement de son rôle, qui avait partagé
les fatigues de l'Esprit, qui avait coopéré avec lui en
toutes choses, qui s'était comportée énergiquement et cou-
rageusement, Dieu lui a accordé d'entrer en communauté
avec l'Esprit saint. En effet, la conduite de cette chair a
été agréable à Dieu, parce qu'elle sut se préserver de toute
' souillure sur cette terre, pendant qu'elle portait l'Esprit
saint. "^ Dieu prit donc pour conseillers son Fils et les
auges glorieux, afin que cette chair qui avait servi l'Esprit
d'une manière irréprochable, reçût une place pour y éta-
bhr son habitation, et ne parût pas frustrée du prix de
son service : en effet, toute chair qui sera trouvée pure et
sans tache, dans laquelle l'Esprit, saint aura habité, rece-
vra sa récompense. ^Telle est l'explication de la parabole
que tu demandais.
Sim^ VllI, ch. i: Il me montra un grand saule qui
couvrait plaines et montagnes, et à l'abri duquel vinrent
se réunir tous ceux qui avaient été appelés au nom du
Seigneur. ^Près du saule se tenait un ange glorieux du
Seigneur, armée d'une grande faux, avec laquelle il cou-
pait des rameaux de l'arbre pour les donner au peuple
qui se tenait sous sou abri : les petites .baguettes qu'il
distribuait ainsi étaient longues environ d'une coudée.
^Lorsque chacun eut reçu la sienne, l'ange déposa sa faux,
et l'arbre se trouva être aussi sain que je l'avais vu d'abord.
''Tout étonné, je me disais en moi-même: Comment
cet arbre, après qu'on lui a coupé tant de branches, peut-
il être encore si entier? — Le berger me répondit : Ne
t'étonue pas de voir cet arbre resté sain, après qu'on lui
a retranché tant de rameaux. Mais attends, et quand tu au-
ras tout vu, alors te sera révélé ce qui en est. — ^ L'Ange
qui avait distribué les verges au peuple les redemanda
LE PASTEUR d'hERMAS. 69
bientôt : on fut rappelé devant lui dans le même ordre oti
on les avait reçues, et chacun rendit la sienne. L'Ange
du Seigneur les prenait et les examinait. ^ Il y en eut qui
les lui rendirent desséchées et comme rongées par des
vers; l'ange ordonna à ceux-là de se tenir séparément.
■^D'autres rendirent leurs verges desséchées, mais non
pourries : ceux-là aussi reçurent l'ordre d'aller se tenir à
part...
Sim. VIII, ch. II : L'Ange du Seigneur ordonna alors
d'apporter des couronnes : on en apporta qui paraissaient
faites avec des palmes, et il couronna ceux qui avaient
rendu leurs baguettes chargées de pousses et de fruits,
eu leur ordonnant de se rendre à la tour. ^ 11 y envoya
aussi, après leur avoir donné un sceau, ceux qui avaient
rendu leurs baguettes verdoyantes, mais avec des pousses
dépourvues de fruits. ^Tous ceux qui se dirigèrent ainsi
vers la tour avaient le même vêtement, blanc comme la
neige. ^ 11 congédia ceux qui avaient rendu leurs baguettes
vertes comme ils les avaient reçues, après leur avoir donné
un vêtement et un sceau. — ^ Quand l'Ange eut accompli
ces choses, il dit au berger: Moi, je m'en vais; toi tu
enverras ceux-ci dans les murailles, en leur distribuant
des habitations en rapport avec leurs mérites. Examine
avec soin leurs baguettes, avant de les renvoyer, mais
que cet examen soit rigoureux. Veille, dit-il, à ce que
personne ne t'échappe; si cependant quelqu'un vient à
t'échapper, moi, je l'éprouverai sur l'autel. Après avoir
adressé ces paroles au berger, il s'en alla...
Sim. VIII, chap. m : ... ^Ge grand arbre qui ombrage
toute la terre, plaines et montagnes, c'est la Loi de Dieu,
qui a été donnée au monde entier; cette Loi, c'est le Fils
de Dieu, qui a été prêché jusqu'aux confins de la terre :
\ ■ . , , ,
70 LE PASTEUR d'hERMAS.
le peuple qui se tient sous sou abri, ce sont ceux qui ont
entendu la prédication et qui y ont cru. ^L'Ange grand et
glorieux, c'est Michel^ qui a reçu l'autorité sur ce peuple
et qui le gouverne : c'est lui qui a mis sa loi dans le cœur,
des fidèles : il a les yeux fixés sur ceux auxquels il l'a
donnée, et examine s'ils l'observent. ''Tu vois les ba-
guettes de chacun de ces hommes ; ces baguettes, c'est la
Loi ; tu vois que beaucoup d'entre elles ont été détério-
rées ; elles appartenaient à ceux qui n'ont pas observé la
Loi : je te montrerai l'habitation qui attend chacun
d'eux...
Sim. IX, ch.w Après que j'eus écrit les commande-
ments, et les paraboles du berger, ange de la pénitence,
il vint à moi et me dit : Je veux te montrer de nouveau
tout ce que t'a déjà montré l'Esprit saint, en s'entretenaut
avec toi sous la figure de l'Église, Esprit qui est le Fils
de Dieu. ^En effet, quand tu. étais encore trop faible dans
ta chair, les révélations n'ont pu t'être faites par un ange.
Mais quand tu as été fortifié par l'Esprit et que tu as eu
acquis la force -nécessaire pour soutenir la vue d'un ange,
alors l'Église t'a fait assister à la construction de la tour :
elle t'a tout fait voir convenablement et saintement, comme
il convenait à une vierge. Aujourd'hui c'est un ange qui va
te le inontrer, mais toujours par le même esprit : ^il faut
que tu apprennes tout de moi très exactement. Car si j'ai
reçu mission de l'auge glorieux d'habiter dans ta maison,
c'est afin que tu voies tout avec puissance, n'étant plus
effrayé par rien, comme auparavant. ^Et il me conduisit
eu Arcadie, sur une montagne semblable à un mamelon,
au sommet de laquelle il me fît asseoir...
Sim. IX, ch. II : Au milieu de la plaine il: me montra
un grand rocher blanc qui se dressait sur le sol. Ce rocher
i
i
LE PASTEUR d'hERMAS. 71
était plus élevé que les montagnes et carré, de manière à
pouvoir supporter le monde entier. ^11 était ancien^ et on
y voyait une porte taillée au ciseau, à la suite d'un travail
qui me parut avoir été fait récemment. Cette porte était
plus brillante que le soleil, à un tel point que j'étais émer-
veillé de son éclat. ^En cercle, autour de la porte, se tenaient
douze vierges Ihid,^ cli. m : Je vis arriver six hommes
d'une taille élevée, glorieux et d'un aspect uniforme:
ils en appelèrent une multitude d'autres, et quand ceux-ci
arrivèrent, je vis qu'ils étaient également grands, beaux
et forts. Les six premiers leur ordonnèrent de bâtir une
tour en haut du rocher et au-dessus de la porte. — Ihid,,
ch. V : Et ce jour-là on cessa de bâtir, sans achever la
tour : la construction devait en effet être reprise à nou-
veau. 11 y eut ainsi une interruption dans le travail de
l'édification. Les six hommes ordonnèrent aux construc-
teurs de s'écarter tous un peu et de se reposer ; mais ils
prescrivirent aux vierges de ne pas s'éloigner... —
Ihid.^ ch. VI : Et voici qu'au bout d'un instant je vois venir,
rangés en ordre, un grand nombre d'hommes : au milieu
d'eux était un personnage de si haute taille qu'il dépassait
la tour. ^ Les six hommes qui présidaient à la construc-
tion marchaient avec lui, à sa droite et à sa gauche ; tous
ceux qui avaient travaillé à l'édifice l'accompagnaient
également, et beaucoup d'autres hommes à la mine
glorieuse se tenaient autour de lui. Les vierges qui gar-
daient la tour coururent au-devant de lui pour le saluer,
et elles se mirent à marcher à ses côtés autour de la tour.
^ Cet homme examinait l'édifice avec le plus grand soin
et éprouvait chaque pierre en particuUer. D'une baguette
qu'il tenait à la main, il frappait une à une toutes les
pierres entrées dans la construction, '' et, au moment où
72 • LE PASTEUR d'hERMAS.
il les touchait, les unes devenaient noires comme de la
suie, d'autres se couvraient d'une sorte de lèpre, d'autres
se fendaient^ d'autres s'écornaient, d'autres se montraient
toutes grises, d'autres dépolies et mal assorties avec les
autres, d'autres se couvraient de taches. Telle était la
variété des pierres qui furent trouvées gâtées dans l'édi-
fice. ^11 ordonna donc que toutes ces pierres fussent en-
levées et déposées au pied de la tour, puis que d'autres
fussent apportées pour être mises à leur place... — Ibid.,
ch. VII : Quand le personnage glorieux, maître de toute la
tour, eut achevé ces choses, il appela le berger et lui livra
toutes les pierres qui gisaient au pied de la tour, après
avoir été rejetées de l'édifice; puis il lui dit : ^Nettoie
avec soin toutes ces pierres et fais-les entrer dans la cons-
truction de la tour, colles du moins qui pourront s'adapter
avec les autres : quant à celles qui ne pourront pas être
adaptées, jette-les loin de la tour. ^Après avoir donné ces
ordres au berger, il s'éloigna de la tour avec tous ceux
avec lesquels il était venu, mais les vierges restèrent
autour de l'édifice pour le garder. ^^Ihid.^ ch. xii : Avant
toutes choses , Seigneur , dis-je , apprends-moi ceci :
qu'est-ce que le rocher? qu'est-ce que la porte? — Le
rocher lui-même, dit-il, ainsi que la porte, c'est le Fils de
Dieu. — . Comment cela, dis-je, Seigneur? Le rocher est
antique et la porte est neuve ! — Écoute, reprit-il_, et
comprends, ô homme dépourvu d'inteUigence I ^Le Fils
de Dieu a été engendré avant toute sa création, de sorte
qu'il a été le conseiller de son Père pour cette création :
par cette raison, il est ancien. — Mais, dis-je, Seigneur,
pourquoi la porte est-elle neuve? — Parce que, répondit-
il, dans les derniers jours de la consommation, il s'est
rendu visible : voilà pourquoi la porte est neuve, et c'est
LE PASTEUR d'hERMÂS 73
afin que ceux qui doivent être sauvés entrent par elle dans
le royaume de Dieu. — ''As-tu vu, dit-il, les pierres, qui,
d'abord introduites par la porte pour être placées dans
l'édifice, ont été ensuite rejetées, et celles qui ont été
renvoyées à la place qu'elles occupaient, sans avoir été
même introduites ? — Je lésai vues, Seigneur, dis-je.— C'est
ainsi, reprit-il, que personne n'entrera dans le royaume
de Dieu qu'il n'ait pris le nom de son Fils. ^ Si quelqu'un
voulait entrer dans une ville et que cette ville, entièrement
ceinte d'une muraille, n'eût qu'une porte, est-ce que tu
pourrais rentrer dans cette ville autrement que par son
unique/porte? — Seigneur, dis-je, comment pourrait-on
faire autrement? — Si donc il est certain que tu ne pour-
rais, entrer dans une pareille ville que par sa porte, de
même, dit-il, l'homme ne peut entrer dans le royaume de
Dieu autrement que par le nom de son Fils bie'n-aimé.
''As-tu vu, ajouta-t-il, la foule qui travaille à la construc-
tion de la tour? — Je l'ai vue, Seigneur, dis-je. — Ce sont
tous, dit-il, des anges glorieux. Ils forment une enceinte
au Seigneur : la porte est le Fils de Dieu ; c'est la seule
entrée pour aller au Seigneur. Personne ne peut aller à
lui autrement que par son Fils. ^ As-tu vu, continua-t-il,
les six hommes et au milieu d'eux un personnage grand et
glorieux, qui marchait autour de la tour et qui a rejeté un
certain nombre de pierres de l'édifice? — Je les ai. vus.
Seigneur, dis-je. — ^Ce personnage glorieux, dit-il, c'est
le Fils de Dieu, et ces six hommes sont les anges glorieux
qui se tiennent toujours à sa droite et à sa gauche. Aucun
de ces anges glorieux, dit-il, ne peut aller à Dieu sans
lui: quiconque n'aura pas pris son nom n'entrera pas
dans le royaume de Dieu. {Vis. III, iv, 1 : Les six jeunes
gens qui bâtissent la tour, qui sont-ils? — Ce sont les
74 LE PASTEUR DHERMAS.
saints' anges de Dieu, ceux qui ont été créés les premiers,
auxquels le Seigneur a remis toute sa création, pour la
faire croître, l'édifier et la régir : c'est donc par eux que
sera achevée la construction de la tour. — Sim. V, v, 3 :
Les amis et conseillers de Dieu, ce sont ceux des saints
anges qui ont été créés les premiers.)
Ibid.. ch. xm : Qu'est-ce que la tour? dis-je. — Cette
tour, répondit-il, c'est l'Église. — ^ Et ces vierges, qui
sont-elles ? — Ce sont des esprits saints : personne ne
saurait être admis dans le royaume de Dieu sans avoir été
revêtu par elles de leur vêtement; car. à qui prendrait le
nom du Fils de Dieu, mais n'aurait pas reçu d'elles son
vêtement, cela ne servirait de rien. En effet ces vierges
sont les vertus du Fils de Dieu. Si donc tu portes le nom
de celui-ci, mais que tu ne portes, pas ses vertus, c'est en
vain que tu seras porteur de ce nom. ^ Les pierres, conti-
nua-t-il, que tu as vues rejetées, ce sont ceux qui ont porté
le nom, mais qui n'ont pas revêtu le manteau des vierges.
— Quel est, dis-je, leur vêtement? — Leurs noms mêmes,
répondit-il, sont leurs vêtements. Quiconque porte le nom
du Fils de Dieu doit aussi porter leurs noms : car le Fils
lui-même porte les noms de ces vierges...
Ibid., oh. XIV : ''Maintenant, Seigneur, enseigne-
moi pourquoi là tour n'a pas été bâtie sur le sol, mais sur
le rocher, au-dessus de la porte ^Écoute, dit-il; le
nom du Fils de Dieu est grand et infini, et ilsoutieut le
monde entier. Si donc toute la cri^ation est supportée par
le Fils de Dieu, que penses-tu qu'il en soit de ceux qui
ont été appelés par lui, qui portent le nom du Fils de Dieu
et qui marchent suivant ses commandements?*^ Vois-tu, en
effet, quels sont ceux qu'il soutient ? Ce sont ceux qui por-
tent son Dom de tout leur cœur. Il est donc devenu lui-
LE PASTEUR d'hERMAS. 75
même pom' eux un fondement, et il les soutient avec
plaisir, parce qu'ils ne . rougissent pas de porter son
nom.
Sim. X, ch. I : Lorsque j'eus fini d'écrire ce livre, je
vis venir dans ma maison cet Ange qui m'avait confié au
Pasteur; il s'assit sur mon lit et le Pasteur "se plaça à sa
dl'oite. Ensuite il m'appela et me dit : ^ Je t'ai confié, toi
et ta maison, à ce pasteur, afin que tu pusses être protégé
par lui. — C'est vrai, Seigneur, dis-je. — Si donc, re-
prit-il, tu veux être gardé contre toute vexation et toute
violence, réussir dans tout ce que tu entreprendras et diras
de bien, enfin posséder la justice dans toute sa force,
marche dans les commandements qu'il t'a donnés, et tu
pourras dominer toute méchanceté. ^ En efCet, situ gardes
ces commandements, tu seras au-dessus de toutes les
passions et de toutes les douceurs de ce siècle, et le suc-
cès t'accompagnera dans toutes tes justes. entreprises.
Imite la sainteté et la modestie de ce pasteur et fais savoir
à tout le monde qu'il est en grand honneur et en grande
dignité auprès de Dieu, qu'il est investi d'un grand pou-
voir et puissant dans sa charge. A lui s"eul sur toute la
terre est dévolu le ministère de la pénitence. Te paraît-il
assez puissant? Malheureusement vous méprisez la gra-
vité et la modestie avec lesquelles il se montre à vous.
Ihid^ ch, II : Je lui dis : Demande-lui à lui-même, Sei-
gneur, si depuis qu'il est dans ma maison, j'ai rien fait
d'irrégulier ou si je l'ai offensé en quoi que ce soit. —
^ Oui, répondit-il, je sais que tu n'as rien fait et que tu
ne feras rien d'irréguHer. Et si je te parle, c'est pour, que
tu persévères. Celui-ci m'a rendu bon témoignage de toi;
toi, maintenant, rapporte ces paroles à tous les autres, afin
que ceux aussi d'entre eux qui ont fait ou feront péiii-
\
76 LE PASTEUR d'hERMAS
tence, entrent dans les mêmes sentiments que toi, que
celui-ci m'en fasse un bon rapport, et moi à Dieu
Ihid., ch. m : Or, je t'ai envoyé ces vierges afin qu'elles
habitent avec toi. Tu as vu combien elles sont affables
pour toi. Tu les auras donc pour t'aider à mieux garder
les commandements du pasteur : car.il ne peut arriver
que ces commandements soient observés sans le secours
de ces vierges. Je vois qu'elles demeurent volontiers avec
toi. Mais je leur recommanderai de mon côté de ne pas
s'écarter du tout de ta maison..... Ibid., iv : Cet ange me
dit ensuite : Conduis-toi virilement dans ce ministère; fais
connaître à tous les hommes les magnificences de Dieu
et tu trouveras grâce dans cet office ^ Or, après qu'il
se fut ainsi entretenu avec moi, il se leva du lit, et ayant
entraîné le pasteur et les vierges, il s'en alla. Mais il me
dit qu'il me renverrait ce' pasteur et ces. vierges dans ma
maison. Amen.
III. Les vrais et les faux prophètes. — Onzième
commandement : Il me montra des hommes assis sur
un banc et un autre homme siégeant dans un fau-
teuil, et il me dit : Tu vois ceux qui sont assis sur ce
banc? — Je les vois, dis-je. Seigneur. — Ceux-là, dit-il,
sont des fidèles, et celui qui est dans le fauteuil est un
faux propriété, qui pervertit l'esprit des serviteurs de
Dieu. Toutefois, il ne nuit qu'à ceux qui doutent, et non
à ceux qui croient. ^ Ceux donc qui doutent viennent à
lui comme a un devin pour l'interroger sur ce que l'ave-
nir leur réserve : et lui, ce faux prophète absolument dé-
pourvu de la puissance de l'Esprit divin , conforme sa ré-
ponse à leurs mauvais désirs et rempht leur esprit de la
manière qu'il voit qu'ils le souhaitent.^ Vide lui-même,
il fait des réponses à des hommes vides : il répond en effet
I.E PASTEUR d'hERMAS. 7.7
à ce que chacun lui demaude eu vue de flatter la vanité
de ses clients. Il n'est toutefois pas saus prononcer aussi
quelques paroles vraies : car le diable le remplit de son
esprit, afin que dans le nombre il puisse renverser quel-
ques justes. — '" Tous ceux donc qui sont affermis dans la
foi du Seigneur et qui ont revêtu la vérité, loin de s'atta-
cher à de tels esprits, s'en éloignent. Tous ceux au con-
traire qui sont hésitants et dont les pensées sont mobiles,
le consultent comme un oracle, à la manière des gentils
et par cet acte d'idolâtrie se chargent d'un plus grand pé-
ché. En effet, celui qui consulte un faux prophète au sujet
de quelque affaire est un idolâtre, un homme vide dé la
vérité, un insensé. ^ Tout esprit qui vient de Dieu n'a pas
besoin d'être interrogé : comme il possède une vertu di-
vine, il parle toujours spontanément, parce qu'il est d'en
haut et participe à la puissance de l'Esprit de Dieu.
^ Quant à l'esprit qui se laisse interroger et qui parle en
vue de flatter les désirs des hommes, c'est un esprit ter-
restre et léger, qui n'a pas de puissance : il ne parle que
s'il est interrogé. — ^ Comment faire, Seigneur, dis-je,
pour reconnaître un vrai' d'un faux prophète? — Écoute,
dit-il, ce que j'ai à te dire des uns et des autres : ce que
je vais l'apprendre te permettra de les distinguer. A sa
vie, tu pourras reconnaître Thomme qui possède l'Esprit
de Dieu. ^ En effet, celui en qui réside l'Esprit divin d'en
haut est doux, paisible, humble ; il s'abstient de toute
méchanceté, de tout vain désir de ce siècle ; il se fait le
dernier des hommes, ne répond à personne de ceux qui
voudraient l'interroger, ne tient pas de discours dans le
particuHer. L'Esprit saint ne parle pas alors que l'homme
veut parler, mais il parle quand Dieu veut qu'il le fasse.
^ Lors donc que l'homme qui possède l'Esprit divin vient
78 LE PASTEUR d'hERMAS.
dans une assemblée d'hommes justes ayant la foi de l'Es-
prit de Dieu et qu'une prière vient à s'élever dans l'as-
semblée de ces hommes, alors l'ange de l'esprit, prophé-
tique qui repose sur cet homme le remplit, et l'homme
rempH par l'Esprit saint parle à la multitude comme le
veut le Seigneur. ^'^ Voilà donc comment se manifestera
l'esprit qui vient de Dieu ; telle, est la vertu de cet esprit.
— " Écoute maintenant, ajouta-t-il, ce qui concerne l'es-
prit terrestre, esprit vide, dépourvu de puissance et plein-
de stupidité. *^ D'abord cet homme, qui paraît posséder
l'esprit, s'exalte lui-même, veut avoir les premières places,
et aussitôt il se montre impudent, effronté, verbeux,
adonné aux délices et à beaucoup d'autres plaisirs trom-
peurs : il réclame un salaire en échange de ses prophéties,
et si on ne veut pas lui en donner, il ne prophétise pas. —
Est-ce qu'il est possible que l'Esprit divin exige un salaire
pour prophétiser? Non, il n'est pas admissible qu'un pro-
phète de Dieu agisse ainsi, et l'esprit qui anime de pareils
prophètes est un esprit terrestre. — *^ Ensuite, il ne fré-
quente pas les assemblées des hommes justes, mais les
fuit. Au lieu de cela, il se lie avec les hommes irrésolus
et vides, il prophétise pour eux eu cachette, et il les
trompe en leur donnant de belles paroles vides, qu'il con-
forme h leurs désirs, cdtY il répond à des hommes vides.
**^ Quand il vient dans une assemblée remplie d'hommes
justes qui ont l'Esprit diviu^ et qu'une prière s'élève au
milieu d'eux, la crainte fait fuir loin de lui son esprit
terrestre; il devient vide, se trouve tout hébété, comme
brisé et incapable de rien dire. ^^ Si tu serres du vin ou
de l'huile dans un celher, qu'au miheu.des autres vases
pleins tu.places un vase vide et que plus tard tu reviennes
dans ce cellier pour y puiser, ce vase que lu avais mis.
LE PASTEUR d'hERMAS. 79
vide, tu le retrouveras vide. Il en est de même de ces
prophètes vides ; quand ils arrivent au milieu des esprits
des hommes justes, quels ils .sont venus, tels ils sont
trouvés. — ^^ Tu connais maintenant la vie de ;Ces deux
espèces de prophètes. Apprécie donc d'après ses œtivres.
et sa vie Fhomme qui se dit lui-même inspiré par l'Esprit
saint. ^'' Pour toi, crois à l'Esprit qui vient de Dieu et qui
possède la puissance ; mais n'ajoute aucune foi à l'esprit
terrestre et vide, parce qu'il n'y a pas de puissance en lui ;
en effet, il vient du diable. ^^ Écoute la parabole que je
vais te dire. Prends une pierre et jette-la vers le ciel ;
tu verras si tu peux l'atteindre. Ou bien prends une
pompe et de l'eau, puis lance cette eau vers le ciel et vois
si tu parviendras à le percer. — *^ Seigneur, dis-je, com-
ment ces choses pourraient-elles se faire; elles sont l'une
et l'autre également impossibles. — De même, reprit-il,
que ces choses sont inexécutables^ de même les esprits
terrestres sont impuissants et incapables. ^^ Considère
maintenant la puissance qui vient d'en haut. La grêle n'est
qu'un très petit grain, et cependant quand elle tombe sur
la tête d'un homme, combien elle lui fait mal! Songe en-
core à la goutte d'eau qui d'un réservoir tombe à terre et
finit par percer la pierre ! ^^ Ainsi tu vois que les plus petits
objets qui venant d'en haut tombent sur la terre, sont
doués d'une grande puissance : c'est ainsi qu'est puissant
l'Esprit qui vient d'en haut. Donne ta foi à cet Espi^t et
éloigne-toi de l'autre ^
1. Cf. 1 Fp. Corinth., ch, xiv, 1 ss.: Recherchez. la charité, tout
en asph'ant aux dons spmtuels, et surtout au don de prophétie.
Celui qui parle en langues ne parle pas aux hommes, mais à Dieu,
car personne ne le comprend. C'est en son cœur qu'il profère des
mystères, au lieu que celui qui prophétise parle aux hoiïimes : il
édifie, il exhorte, il console. Celui qui parle en langues n'édifie "que
éO LE PASTEUR d'hERMAS.
lui-même, celui qui prophétise édifie une assemblée. Je veux bien
que vous parliez tous en langues, mais encore plus que vous pro-
phétisiez. Celui qui prophétise est supérieur à celui qui parle en
langues, à moins que ce dernier n'interprète ce qu'il dit, pour
que l'assemblée en i-eçoive de l'édification... Les langues sont un
signe qui est adressé non aux croyants, mais à ceux qui ne croient
pas : la prophétie au contraire est, non pour ceux qui ne croient
pas, mais pour les croyants. Supposez donc l'Église tout entière
réunie en un même lieu, et tous parlant en langues, puis, qu'il
entre des hommes du peuple ou des gens qiii ne croient pas : ne
dironl-ils pas que vous êtes des fous ? Si tous au contraire prophé-
tisent, et. qu'il entre quelque homme qui ne croie pas ou quelque
homme du peuple; il est confondu par tous, jugé par tous; les
choses cachées au fond de son cœur sont mises au jour, et,
frappé de ce qu'il entend, il tombe la face contre terre, adore Dieu,
et reconnaît que Dieu est véritablement au milieu de vous... Qu'il
n'y ait que deux ou trois prophètes qui parlent, et que les autres
jugent. Si, pendant que l'un parle, ua autre assis a une révélation,
que le premier se taise. En effet vous pouvez tous prophétiser les
uns après les autres, afin que tous soient instruits et que tous soient
exhortés : les esprits des prophètes sont soumis aux prophètes.
Dieu n'est pas un Dieu de désordre, mais un Dieu de paix.
— /réwée (L. 1, -cA, XIII, § 4) : (A propos de l'hérétique Marc,
disciple de Valentin.) Il avait essayé de séduire, comme les autres,
en leur ordonnant de prophétiser, un certain nombre de femmes
des plus fidèles, de celles qui ont la crainte deDieu et sont au-dessus
de la séduction : mais elles se sont séparées, en le vouant au mépris
et en le maudissant, de cet insensé qui simulait l'inspiration divine :
elles savaient parfaitcment^qu'il n'appartient pas au magicien Mar-
cus de rendre les hommes prophètes, mais que ceux-là seulement,
qui l'ont reçu de Dieu .avec sa grâce, possèdent le don de pro-
phétie, et parlent alors où et quand Dieu le veut, mais non quand
Marcus l'ordonne. En efî'et ce que cet homme ordonne est au-dessus
de tout ordre, de tout pouvoir. Gela ne suppose-t-il pas qu'il y a
d'un côté un maître, de l'autre un serviteur? Si donc Marcus ou
quelque autre ordonne (et c'est ce que ces hommes ont l'habitude
de faire par jeu, tirant au sort dans leurs repas, se commandant les
uns aux autres de prophétiser et se faisant des prophéties qui flat-
tent leurs passions), il faudra que celui qui ordonne soit plus grand
que l'esprit prophétique et son maître, tout en étant homme, ce qui
LE PASTEUR d'hEHMAS. 81
IV. La pénitence. — Mand. lY, ch. m : Seigneur, dis- Voir Glém.
je, je voudrais encore ajouter à mes questions. — - Parle, jj^'^j^ isTt 13-
dit-il. — Seigneur, repris-je, j'ai entendu dire à quelques Gonst. Apost. L.
maîtres qu'il n'y avait pas d'autre • repentance ((j.£Tavoia^ ' P^^^^"^
que celle du baptême, quand nous descendons dans l'eau xyipûacwv pâT^Tia-
et que nous recevons la rémission (arnsciv) de nos péchés *^.f r^'^f"-^-- _£••?
antérieurs. — ^11 répondit : Ce que tu as entendu dire est Marc, i, 4 et Luc
exact ; il en est ainsi. Car celui qui a reçu la rémission de "'' '
ses péchés ne devrait plus pécher, mais se maintenir dans
la pureté, ^ Cependant, puisque tu veux tout connaître
exactement, il faut que je t'enseigne encore ceci, sans
que j'entende donner un motif de pécher à ceux qui doi-
vent croire, ni à ceux qui ont déjà cru au Seigneur. Ceux
donc qui viennent d'adopter la foi ou qui doivent l'adopter
plus tard n'ont pas de pénitence à faire pour leurs péchés
((xeravoiav à|;,apTtwv oùx- ^^(^ouciv), [c est-à-dire sans doute qu'ils
n''ont pas à 'passer par les mains de Vange de la pénitence
et de celui du châtiment (6 ci^f^Ckoc, 6 Tip^tof/ir/fç, 6 ayy. tviç
Ti[y.wpLaç) et à subir des .châtiments expiatoires (GXuJ^eiç,
Tipcoptaç, pacravouç). // est du moins certain qu^ originairement
on n^exigeait aucune œuvre de pénitence de ceux qu'on
admettait au, baptême), mais ils obtiennent la rémission
(a(p£ctv) gratuite de leurs fautes antérieures. '' Quant à ceux
qui ont été appelés avant le temps présent. Dieu a établi
pour eux une pénitence ((xeravoiav). C'est que Dieu, qui
connaît le fond des cœurs et qui prévoit tout, a connu la
est impossible. Quant à ces esprits qui reçoivent les ordres de ces
gens et parlent à leur volonté, ce sont des esprits terrestres et fai-
bles en môme temps qu'audacieux et impuissants, envoyés par
Satan pour la séduction et la perte do ccuk. qui ne gardent pas l'ei'-
mement la foi qu'ils ont reçue au commencement par l'intermédiaire
de l'Église.
8â Le pasïeur d^herMas.
faiblesse des hommes et toutes les ruses du diable, qui
devait s'efforcer de faire du mal aux serviteurs de Dieu et
de leur uuire. '' Ce Dieu qui est plein de miséricorde,
ayant eu pitié de sou ouvrage, a institué cette pénitence
(tviv [j.£Tavot.av Taur/iv) et m'en a donné la surintendaiice.
♦ ^ Mais, je te l'affirme, après ce grand et saint appel, si quel-
qu'un tenté par le diable vient à pécher, il ne pourra faire
pénitence qu'une fois ([/Jav (xeravoiav â'^et). Celui qui
s'habituerait à pécher et à faire pénitence n'en tirerait
aucun profit: un tel homme sera difficilement sauvé... ^
Cf. Vis. II, II, 4 et 5.
(Hermas enseigne donc que les péchés antérieurs au
baptême sont remis gratuitement au moyen de ce sacre-
ment, mais que quant aux péchés commis après le bap-
tême, non seulement on ne peut s'en repentir qu'une
fois, mais encore doit-on les expier ici-bas par des peines
temporaires proportiounelles, pour lesquelles on est livré
à l'ange du châtiment (Vis. Il, m, 1 et III, vu, 6; Sim. IV,
ch. II, 3 et 4; Sim. VII, 4 et 5).)
V. Les riches et les pauvres. — Sim. II. Je me prome-
■1. Cette assertion déjà émise au commencement du présent cha-
pitre se lit une première fois, M. IV, i, 8 : « Pour les serviteurs de
Dieu, il n'y a qu'une repentancc. » Poussé par le désir de faire
d'Hermas un auteur orthodoxe, on a voulu que, dansées passages,
il fit allusion à la pénitence publique, à laquelle on n'était admis
qu'une fois. Mais Hermas ne parle jamais de peines canoniques :
son opinion souvent exprimée est que les péchés des fidèles sont
expiés ici-bas, non par des satisfactions plus ou moins volontaires,
mais par des afflictions que le Seigneur dispense aux coupables.
Son opinion est donc bien réellement que les pécheurs ne
peuvent obtenir qu'une fois par la pénitence le pardon de leurs
fautes. On lit de môme Vis II, ii, 5: a Pour les saints, il y a un
terme à la pénitence. »
LE PASTEUR d'hEMIAS. 83
nais dans un champ el étais occupé à observer un orme
et une vigne, les comparant, eux et leurs fruits, lorsque le
Pasteur se montra à moi, et me dit : Que cherches-tu donc
en toi-même, à propos de cet orme et de cette vigne? —
Je remarque, Seigneur, dis-je, qu'ils se font bien valoir
l'un l'autre. — Eh bien, dit-il, ces deux arbres sont l'image
des serviteurs de Dieu. — Je serais heureux, repris-je,
de connaître comment ils les figurent. — Tu vois, dit-il,
cet orme et cette vigne? — Je les vois, Seigneur, répon-
dis-je. — ^Gette vigne, dit-il, donne des fruits, tandis que
l'orme est un arbre qui n'en produit pas. Toutefois, la
vigne ne saurait, à moins de grimper après l'orme, porter
des fruits abondants : en effet, abandonnée à elle-même et
tant qu'elle n'est pas soutenue par l'arbre, le peu de fruit
qu'elle donne n'est que du fruit pourri. Au contraire, quand
la vigne s'élance dans l'orme, elle produit du fruit tant
par elle-même que grâce à son soutien. '^Tu vois donc que
l'orme donne beaucoup de fruit, non moins que la vigne
et même plus. — Gomment, dis-je. Seigneur, entends-tu
qu'il en porte davantage? — C'est que, dit-il, la vigne
suspendue après l'orme donne un fruit aussi beau
qu'abondant, tandis qu'en rampant à terre, elle n'en
produit que peu et de gâté. Cette allégorie convient donc
aux serviteurs de Dieu, au pauvre et au riche. "Seigneur,
dis-je, fais-moi connaître comment. — Écoute, dit-il, le
riche possède beaucoup de biens, mais eu ce qui concerne
les choses du Seigneur, il se trouve pauvre, embarrassé
qu'il est au milieu de ses richesses : il n'adresse au Sei-
gneur qu'un petit nombre de louanges et de prières, et
celles qu'il adresse sont faibles, sans ardeur et sans puis-
sance là-haut. Il faut doue que le riche s'appuie sur le
pauvre pour s'élever, et lui distribue ce dont il manque.
84 LE PASTEUR d'hERMAS.
ayant foi que ce qu'il l'ait pour le pauvre trouvera sa ré-
compense auprès de Dieu. Le pauvre, en effet, est riche
dans la prière, dans l'action de grâces et ses supplications
ont une grande puissance auprès de Dieu : que le riche
distribue donc tout au pauvre sans hésitation. ^ Ainsi le
pauvre assisté par le riche intercède pour lui, rendant
grâces a Dieu au sujet de celui qui lui a donné, et lé riche
s'empresse autour du pauvre pour ne le laisser manquer de
rien dans son existence; car il sait que la prière du pauvre
est favorablement agréée et riche devant Dieu. "' Chacun
fait son œuvre. Le pauvre s'adonne à la prière, qui est sa
richesse, celle qu'il a reçue du Seigneur, à qui il la rend
au profit de celui qui l'a assisté : le riche, de son côté,
fournît sans hésitation au pauvre les biens que le Seigneur
lui a donnés. Et cette œuvre est grande et agréable devant
le Seigneur, elle est la preuve qu'il a compris l'usage qu'il
devait faire des richesses que le Seigneur a mises entre
ses mains, qui est de les distribuer aux pauvres :
il remplit ainsi avec droiture le ministère qui lui est
échu de Dieu. ^Aux yeux des hommes, l'orme ne porte
pas de fruit : ils ne savent ni ne comprennent que
s'il survient une sécheresse, l'orme qui contient de
l'eau nourrit la \igne, et que la vigne, ne cessant pas de
recevoir de l'eau^ donne deux fois plus de fruit, tant par
elle-même que grâce à l'orme. De même les pauvres,
intercédant auprès du Seigneur pour les riches, mettent
le comble à leurs richesses^ et de leur côté les riches dis-
tribuant le nécessaire aux pauvres remplissent leurs âmes.
'-'Tous deux accomphssent donc en commun l'œuvre de la
justice. Celui donc qui se conduit ainsi ne sera pas aban-
donné de Dieu, mais il sera inscrit dans le livre des vivants.
Heureux ceux qui possèdent et qui comprennent que c'est
LE PASTEUR J)'hERMAS. 85
Dieu qui les a enrichis ! car celui qui nourrit do telles
pensées pourra accomplir quelque chose de bien.
W. Les apôtres baptisant les morts dans les enfers, —
Siriiil. IX, ch. xvi : Seigneur, dis-je, douue-moi encore
une explication. — Que demandes-tu? répondit-il. - —
Seigneur, repris-je, pour quelle raison ces pierres^ qui
avaient porté les esprits des vierges ont-elles été remon-
tées de l'abîme, puis placées dans la construction? —
^ C'est que, répondit-il, il y avait nécessité pour elles à
remonter à travers l'eau, afin qu'elles fussent vivifiées;
car elles ne pouvaient entrer dans le royaume de Dieu
autrement qu'en déposant la mort (ei p t-/iv vexpwGtv àxé-
ÔsvTo) de leur vie antérieure. ^ Eux qui étaient entrés dans
le sommeil de la mort, ils ont donc aussi reçu le sceau du
Fils de Dieu, et ils ont été introduits. dans le royaume de
Dieu. Car, dit-il, avant de porterie nom du Fils de Dieu,
l'homme est un mort, mais quand il a reçu le sceau, il
quitte la mort pour la vie. ■' Or le sceau, c'est l'eau : c'est
donc mort qu'on descend dans l'eau et vivant qu'on en
remonte. À eux aussi, par conséquent, ce sceau a été
prêché, et ils s'en sont servis pour entrer dans le royaume
de Dieu. — ^Pourquoi, dis-je. Seigneur, les quarante
pierres, elles qui avaient déjà reçu le sceau^ sont-elles
remontées de l'abîme avec les précédentes?— Parce que,
1. Sim. IX, XY, 4: Et les pierres qui ont été tirées de l'abîme
pour être adaptées à la construction, que sont-elles, Seigneur? —
Les premières, dit-il, les dix qui ont été placées pour servir de fon-
dations, c'est la première génération; les vingt-cinq suivantes,
c'est la seconde génération des hommes justes; les trente-cinq qui
viennent après, ce sont les prophètes de Dieu et ses ministres;
enfin, les quarante dernières, ce sont les apôtres et les docteurs de
la prédication du Fils de Dieu.
86' LE PASTEUR d'hERMAS,
répoudit-il, ces apôtres et docteurs qui avaient prêché le
Dom du Fils de Dieu ont encore été, quand ils se furent
endormis dans la vertu et la foi du Fils de Dieu, prêcher
à ceux qui s'étaient endormis avant eux, et leur ont donné
eux-mêmes le sceau de la prédication. ^ Ils sont donc des-
cendus avec eux dans l'eau et en sont remontés de nou-
veau. Mais tandis que ces prédicateurs sont descendus
vivants et sont aussi remontés vivants, les autres, qui s'é-
taient endormis avaut eux, sont descendus morts et sont
remontés vivants. ^ Ces. derniers ont donc été vivifiés par
le ministère des premiers et ont connu par eux le nom du
Fils de Dieu. C'est pourquoi, et ils sont remontés avec
eux, et ils ont été adaptés avec eux à la construction de la
tour, et ils ont été édifiés ensemble sans avoir été taillés :
car ils s'étaient endormis dans la justice et dans une
grande pureté ; il ne leur manquait que ce sceau. Te voilà
maintenant en possession de l'explication de toutes ces
choses. — Oui, Seigneur, dis-je.
I.E PASTEUR d'hERMAwS 87
NOTES
Note A. — Du temps de Tertullien, mort cent après
Hermas, en 245, la doctrine de la Trinité, même dans
l'état d'imperfection où ce Père la concevait, était encore
tout à fait impopulaire, comme il le témoigne par le pas-
sage suivant [Adv. Prax., cli. m) : a Simplices enim
« quique, ne dixerim imprudentes et idiotee, quae major
(', semper credentium est pars, quoniam et ipsa régula
« lîdei a pluribus diis sseculi ad unicum et verum Deum
« transfert, non intelligentes unicum quidem, sed cum sua
« oaovo(xta, esse credendum, expavescunt ad ouovo|xiav.
« Numerum et dispositionem trinitatis divisionem prsesu-
« muntunitatis... Itaque duos ettres jam jactitaut a nobis
« prsedicari, se vero unius Dei cultores prsBsumunt, quasi
« non et unitas irrationaliter collecta liœresin faciat, et
« trinitas rationaliter expensa veritatem constituât, »
On sait que Tertullien est l'inventeur du terme de Tri-
nitas : c'est Théophile d'Antioche, mort vers 182^ qui un
peu auparavant avait créé dans la laugue grecque l'ex-
pression correspondante de Toiac. C'est doue dans le der-
88 LE PASTEUR d'hERBIAS
nier quart du second siècle que l'idée nette d'une trinité
de personnes eu un seul Dieu s'est fait jour dans l'Église
grecque, et une cinquantaine d'années après que cette
même conception a été formulée dans l'Église la^tine.
On lit, il est Yrai, dans saint Mathieu (xxviii, 19) :
« Allez, instruisez toutes les nations, baptisez-les au nom
du Père, du Fils et du Saint-Esprit. » On voit aussi, dans
saint Justin, par exemple [i^*^ Apologie, 6 et 13; 60, 6i et
65), que les chrétiens honoraient et invoquaient dès l'ori-
gin-e, en même temps que le Père, le Fils et le Saint-
Esprit; mais l'idée d'une unité quelconque, formée par
cette trinité, n'est jamais exprimée avant Théophile d'An-
tioche. Quant au dogme de la Trinité, dans toute la rigueur
de l'orthodoxie catholique, c'est-à-dire à l'idée d'un Dieu
unique formé de trois personnes consubstantielles égales,
il ne sera admis et formulé que quelques centaines d'an-
nées plus tard.
Noie B. — Il n'y a aucun doute que pour Ilermas l'Es-
prit saint qui est venu habiter dans le Christ, c'est-à-dire
la nature divine du Christ, ne soit à la fois le Saint-Esprit
par excellence et le vrai Fils de Dieu antérieur à la créa-
tion et son auteur (Sim. V et Sim. IX, i).
Notre auteur dit non moins expressément, dans la
IX'' Similitude (xii, 8), du maître de la tour figurant
l'Église, de ce personnage glorieux de haute taille qui
inspecte cet édifice et do-nne ses ordres aux constructeurs
ainsi qu'au Pasteur, ange de la pénitence, qu'il est ce
même Fils de Dieu.
Notre exposition de la christologie d'Hermas suppose,
en outre, que l'ange dont il est question dans la Simili-
tude VIII est encore le Fils de Dieu : nous voulons parler
LE PASTEUR D HERMAS.
89
de cet ange, identifié avec l'arcliauge Michel, qui se tient
armé d'une faux sous l'arbre de la Loi, qui en coupe des
rameaux pour les distribuer aux fidèles, qui se lès fait
rendre ensuite pour examiner dans quel état chacun a
conservé le sien, qui sépare alors les appelés, pour en-
voyer les uns habiter dans la tour et livrer les autres à
l'ange de la pénitence. C'est ce dont il est facile de. s'as-
surer en comparant ce que l'auteur dit de cet ange avec
ce qu'il dit du Fils de Dieu, dans les Simihtudes V et IX :
• Sim. VIII.
Cet ange est qualifié de
Il est dît de cet ange qu'il
règne sur le peuple saint et le
gouverne (iii, 3). •
Cet ange distribue les rameaux
de l'arbre de la Loi (i, 2), c'est-
à-dire, comme il est expliqué plus
loin (m, 3), qu'il a déposé laLoi
dans le cœur des appelés (otooîjç
Tov vo(j.ov £tç TKç xapoiaç) .
Cet ange inspecte les rameaux,
e(, suivant l'usage que les fidèles
en ont fait, il envoie les uns à la
tour et livre les autres à l'ange
de la pénitence.
L'ange de la pénitence est
chargé de planter et d'arroser
les baguettes plus ou moins fié-
tries, pour tâcher de les faire
reverdir. Il exécute ces ordres
Sim. V et IX.
Dans la S. IX, le Fils de Dieu
apparaît sous la forme 'd'un
àvvip Ttç u'-j>viXoç, oiaxe tov TrupYov
DanslaS. V,ilest ditdu Filsde
Dieu qu'il est le chef du peuple
(vi, 4), et dans la S. IX qu'il est
le maître de la tour, etc.
Dans la S. V, il est dit du Fils
de Dieu, qu'il a donné.aux élus la
loi qu'il avait reçue de son Père
(Soùç auToT; tov vo'[/ov ov ïka^jt Traoot '
Toïï IlaTpo';).
Dans la S. IX, le Fils de Dieu
inspecte les pierres de la tour,
y maintient celles qu'il trouve
bonnes et fait extraire les autres
pour les livrer à l'ange de la pé-
nitence.
L'ange de la pénitence est
chargé de retailler les pierres
que le Fils de Dieu lui a livrées :
il s'acquitte de ces fonctions avec
zèle et exprime également la
90 * LE PASTEUR d'hERMAS.
avec zèle et manifeste la crainte
de paraître négligent à notre ar-
change (eàv Ss [1.7] Ç'/icrvi, oùy^ éûps-
O'oaop-àt lyw ài^zk-fiç, S, VIII, il, 7).
crainte de paraître négligent
(.., YÂyoi àjjLeX'^; So^oi stvai Ttapoc Tw
Ss(77roTir,, S. IX, VU, 6), aux yeux
du maître de la tour.
L'ange de la Similitude VIII est donc incontestable-
ment le Fils de Dieu : on n'en, pourrait pas conclure immé-
diatement qu'IIermas admettait que le Fils de Dieu fût un
ange, pas plus qu'on n'est en droit de conclure qu'il en
faisait un homme, parce que dans la Similitude IX, il le
fait apparaître sous la forme d'un homme (âv/fp). Mais il
faut remarquer que, dans la Similitude VIII, l'auteur ne
se contente pas de le faire agir sous la figure d'un ange ;
il l'identifie en réalité avec un auge déterminé, avec cet
archange Michel, qui, chez Daniel (x, 13, et xii, 1) est
déjà donné comme « im grand chef, le défenseur des
enfants du peuple .de Dieu » : ce qui décide la question.
Du reste, ce n'est pas la seule raison que nous ayons
eue d'ayancer que, comme l'auteur de l'épître aux Hé-
breux, Hermas fait du Fils de Dieu un ange, infiniment
supérieur, il est \rai, à tous les autres anges et hors de
pair. Il est, en effet, appelé de ce nom d'ange dans un
assez grand nombre de passages, d'où toute intention
allégorique est absente. Ainsi il est bien certain que c'est
le Fils de Dieu qui envoie l'auge de la pénitence demeurer
chez Hermas : ceci résulte des rôles respectifs attribués
dans tout le livre à Hermas et au Fils de Dieu. Or, voici
en quels termes l'auteur s'exprime à ce sujet : l*' Vis. V,
II : 'A7ra<7Ta>/iv ûtco tou «[xvoTaTOu àyyAou. — 2° jSVw. VII, V :
f^uWç Gc i[jM. — 3° Sim. X, I : « Postquam perscripseram
librum hune, venit nuniius ille qui me tradiderat huic
pastori. » L'ange (nommé ainsi au propre) qui apparaît
LE PASTEUR d'hKRMAS. 91
enfin à liermas dans la X^ Similitude, pour clore la série
de ses visions, est d'autant plus certainement le Fils de
Dieu, qu'il y parle partout eu maître absolu et se donne
(X, II, 2) comme le dernier anneau^ qui relie les créatures
et en particulier les autres anges à Dieu. C'est précisément
le rôle du Fils de Dieu, dont il est dit dans la Simili-
tude IX (xii, 8) que nul, pas même un ange, ne peut com-
muniquer avec Dieu autrement que par lui.
Lorsque .l'auteur dit (Mand. V, i, 7) : « Et tous, ils ont
été justifiés par l'ange ti:ès saint », il est certain qu'il ne
peut parler que du Fils de Dieu, et qu'il ne s'exprime pas
au figuré.
Dans la Similitude IX (xii, 6), il est dit des anges qu'ils
forment une enceinte continue autour de Dieu et que le
Fils de Dieu est la porte de cette enceinte (toutoi; o-jv Trspirs-
zeiyiaTai à Kupio;* vî ^è tcuV/i 6 Tio; tou 0£ou èaxiv). Le Fils de
Dieu fait donc bien partie des anges.
Remarquons enfin que le nombre des archanges, chez
les écrivains sacrés et autres, est toujours de sept fTob.,
XII, 15; Apoc, IV, 5 etv, 6). Or le nombre des archanges
dont Hermas fait accompagner le Fils de Dieu (Sim. IX,
VI, 2 et XII, 8) et qu'il fait agir directement sous ses ordres
est réguhèrement de six : quelle autre intention peut-il
avoir eue, en adoptant ce chiffre, que de réserver dans
son esprit la septième place, une place à part, au Fils de
Dieu considéré comme l'un d'entre eux et leur chef? Ce
sont ces sept archanges^ y compris le Fils de Dieu, qui
forment le conseil de Dieu (Sim. V, ii, 6 et 11 ; v, 2 et 3,
et .VI, 7).
Il ne faudrait pas s'étonner de voir Hermas appeler
1, EL hic (Paplor) apud me de his benc inlcrpi'(3taliir et ego npiul
Domiiium.
92 .LE PASTEUR d'hERMAS.
Jésus uu auge : en effet, il est d'abord évident que quand
les écrivains du Nouveau Testament appelaient Jésus le
premier-né de la création (Colos. i, 15; Ilébr. i, 6; Apoc.
m, 14), quand ils disaient que le Père est son Dieu
(Jean xx, 17 ; Hébr. i, 9; Apoc. iir, 12), ils ne pouvaient
guère avoir daus l'esprit d'autre idée que celle d'une espèce
d'ange. Remarquons ensuite que des écrivains contempo-
rains ou postérieurs s'expriment de la même manière.
Ainsi saint Justin dit (1 ApoL, 6) : « Ce Dieu, ainsi que
,« son Fils, venu de lui, qui nous a enseigné ces choses,
« ainsi que l'armée de ions les autres bons anges qui le
<( suivent et lui ressemblent (ymI tov twv aXk(ùv suop.ev(ov xal
(( £^o[xot.ou[;ivwv âyaGwv âyysT^wv .aTpaTov), ainsi que l'Esprit
« prophétique, nous les vénérons et les adorons... » —
Il dit encore (Tryph. 93) : « Celui qui aime Dieu de tout
« son cœur et de toute sa force n'honorera aucun autre
« dieu... : il honorera cependant aussi, conformément h
a la volonté de Dieu, cet ange, le bien-aimé du Seigneur
« lui-même, de Dieu. » — Voyez également Justin,
l'^'*^ Apol. 63 passim et Tri/j)hon,M, 56 et 60-61.
De même Clément d'Alexandrie (P^c^a^., 1, I, ch. 7, x.al
Aoyoç ayysloç '/iv.... zal 6 aucTtx.oç l/.sî'voç ayysXoç IviaoCiç riy.xzxoit. ,
et Origine contr. Celse, 1. V, 53 : « L'œuvre de Jésus ne
peut être que l'œuvre d'un ange, non. d'un simple ange,
mais de l'Ange dit grand conseil (Isaïeix,5 ou 6).» — Jbid. ,
1. VIII, 27 : « En effet, celui à qui sa piété rend le grand
Dieu favorable et qui, s'étant uni au Seigneur Jésus, cet
Ange du grand conseil de Dieu, se contente de la faveur
de Dieu en Jésus-Christ... »
On peut citer encore Lactauce [Tnst. div.A- H, ch.vni),
qui fait du Verbe, le frère aîné de Satan et la première de
toutes les créatures : « Cum esset Deus ad excogitanclum
LE PASTEUU d'hEUMAS. 93
( provideutissimus, ad facieudum solertissimus^ ante-
( qiiam ordii'etur hoc opus muudi... produxit similem
( siii spiritum, qui esset virtutibus Dei patris praiditus...
( Deinde fecit altenim, iu quo iudoles divinee stirpis nou
( permaDsit... luvidit enim illi antecessori siio, qui Deo
( patri perseverando cum probalus, tum etiam carus est.
( Huuc ergo ex bouo per se maUim effcctum Gréeci ^la-
( êoAov appellaut, nos crimiuatorem Yocamus, quod cri-
( miua, iu quse ipse illicit, ad Deum déférât. Exorsus
( igiturDeus fabricam muudi, illum primuni et maximum
/?/mm pl'aefecitoperi uuiverso... »
L'ideutificatiou du Fils de Dieu avec l'auge de' la Simi-
litude VIII semble reucoutreruu obstacle daus le passage
suivant (S. YIII, m, 2 et 3) : « L'arbre, c'estla Loi de
Dieu donnée au monde entier : or cette Loi, c'est le Fils
de Dieu prêché jusqu'aux confins de la terre... L'ange
élevé et glorieux, c'est Michel, le chef et le gouverneur
du peuple, qui a déposé la Loi dans le cœur des fidèles. »
L'auteur semble donc établir une distinction entre le Fils
de Dieu qui esflaLbi, etl'ange qui l'a donnée aux fidèles.
Mais il n'en est pas moins vrai que l'auteur dit ailleurs du
Fils de Dieu lui-même, qu'il a donné la Loi aux fidèles
(S. Y,Yi,3). Pour Hcrmas, le Fils de Dieu est donc à la fois
la Loi et celui qui l'a apportée : de sorte que la difficulté sera
levée, si ou admet que daus le passage en question l'au-
teur a voulu exprimer que le Fils de Dieu s'était prêché
lui-même, ce qui est le point de vue" de l'Évaugile de saint
Jean, surtout : « La vie éternelle, c'est qu'ils te connais-
sent, toi, pour le seul vrai Dieu, et pour Messie, Jésus,
que tu as envoyé, xvn, 3. » — « L'œuvre *que Dieu de-
mande, c'est que vous croyiez en celui qu'il a envoyé,
VI, 29. » — a Pendant que je suis dans le monde, je suis
94 tE PASTEUR DHERMAS.
la lumière du monde, ix, 4. » — « Je suis le chemin, la
vérité et la vie ; nul ne vient au Père que par moi ; xiv,
6. » — « Ta parole est vérité, xvii, 17. »
Du reste, on trouvera certainement qu'il n'y a pas lieu
de se laisser arrêter par une pareille difficulté, quand on
aura remarqué que, dans la Similitude IX, l'auteur n'hésite
pas à identifier simultanément le Fils de Dieu à trois
objets différents : 1'' le rocher sur lequel est bâtie la tour;
2° la porte taillée dans ce rocher; 3° le maître de la tour.
La position subordonnée attribuée par Hermas au Fils
de Dieu est, après tout, conforme au développement his-
torique de la divinité de Jésus. A l'exemple de saint Ma-
thieu (xxiv, 36) et de saint Marc (xiii, 32) faisant dire
au Christ : « Or, quant à ce jour-là et à l'heure, personne
« n'en sait rien, ni les anges des cieux, ni le Fils, mais
(c le Père seul; » et aussi : « Pourquoi m'appelles-tu bon?
(( 11 n'y a de bon que Dieu seul (Math, xix, 17; Marc x,
« 18, et Luc XVIII, 19) ; » à l'exemple de saint Jean
faisant dire de son côté à Jésus cette parole si souvent in-
voquée dans les trois premiers siècles (xiv, 28) : « Si
« vous m'aimiez, vous vous réjouiriez de ce que je vais
(( vers mon Père, parce que le Père est plus grand que
« moi^ » et cette autre (xvii, 3) : « La vie éternelle, c'est
(( qu'ils te connaissent. Toi, pour le seul vrai Dieu, et
pour Messie, Jésus que tu as envoyé; >> suivant ces exem-
ples, dis-je, et bien d'autres^ fournis par le Nouveau Tes-
tament, les Pères professèrent encore pendant très long-
1. Notons. entre autres choses caractérisliques que jamais clans le
Nouveau Testament, la résurrection du Glirist n'est présentée comme
ayant été due à \n. puissance jjropre du Fils, mais toujours au con-
traire comme ayant été l'œuvre de l'intervention du Père en sa
faveur. Voyez Actes ii, 24; m, 15; iv, 10; v, 50; xvir, 31 ; GaL i, 1 ;
Golos. II, 12 ; Éphés. i, 20; llébr. xiii, 20; 1 Pierre i, 21. — Les
Le pasteur d'hermas. 95
temps la subordination du Fils au Père, et le concile de
Nicée lui-même n'aura raison des ariens, qui continuaient
à admettre cette doctrine, qu'après une lutte des plus
vives, pendant laquelle, sous Constance (337-361), la doc-
trine orthodoxe actuelle parut un instant avoir succombé.
Voici, comme exemple, quelques passages caractéristi-
ques de Clément Romain, de Barnabe, de saint Justin,
de Tertullien et d'Origène :
1° Clém. Rom. 1 Ep.' Cor.,ch. xlii : Les apôtres nous ont
évangélisés de la part du Seigneur Jésus-Christ, et Jésus-
Christ avait reçu sa mission de Dieu. Le Christ a donc été
envoyé par Dieu\ elles apôtres par le Christ, et Tune et
l'autre chose a été faite dans l'ordre convenable, suivant la
volonté de Dieu. — Ibid., ch. lxiv : Dieu qui surveille tout,
le maître des tisprits, le Seigneur de toute chair, qui a
choisi le Seigneur Jésus-Christ, et nous par lui, pour être
sou peuple... — Ihid., ch.ux : Après avoir parlé de Jésus-
Christ, le Fils bien-aimé du Créateur, Clément appelle celui-
ci leseid Très-Haut (tov pvov b^ia-zù'i sv ud/i^toiç) et termine
ainsi : « Que toutes les nations sachent qu-e tu es le seul Dieu
(6'n GÙel d Gsoç pvo;) et que Jésus-Christ est ton fils, et que
nous sommes ton peuple et les brebis de ta bergerie. »
2° Dans l'épître de Barnabe, il est dit (ch. xiv), entre
Pères Apostoliques et saint Justin s^expriment dans les mômes
termes; voir Glem. Rom. aux Gorinth. xxiv, 1; Polyc., Ep.. PJiilip.'
I, 2; II, 1 et 2; xii, 2; Justin, 1 Apoc. 45 -et Dial c. Tryph. 106. —
Il n'y a d'exception que dans l'évangile de Jean, ir, 19: « Jésus lenr
répondit: Détruisez ce temple, et eu trois jours je le relèverai...
Mais lui parlait du temple de son corps. — Quand donc il fut ressus-
cité des morts, les disciples se souvinrent qu'il. avait dit cela, et ils
ajoutèrent foi à l'Ecriture et à la parole que Jésus avait prononcée. »
1. Ev. Jean xvn, 18 : Gomme tu m'as envoyé dans le monde, je
les ai aussi envoyés dans le monde. — Ibid. xx, 21 : Comme le
Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie.
96 J.E PASTEUR b'uERMAS.
autres choses, que Jésus a été préparé (-^ToiixaGÔ-/)) pour nous
délivrer des téuèbres ; qu'il a reçu de son Père l'ordre de
lui préparer un peuple saint, que son Père l'a appelé dans
la justice, etc.
3° Justin. — Dial. Tryph. n° 126 : «. C'est celui qui a
été établi par son Père et Seigneift* pour servir de mi-
< uistre à sa volonté, c'est celui-là qui a été vu par
< Abraham, par Isaac , par Jacob et par les autres
patriarches, et qui a été appelé' Dieu parles Écritures
.... Ibid. lùP 127 : Comment donc ce Dieu (le Père)
pourrait-il apparaître à quelqu'un ou s'entretenir avec
quelqu'un, ou se montrer sur un petit coin de la terre,
alors que le peuple ne put pas même, sur le mont Sinaï,
contenir la gloire de celui qui avait été envoyé par lui
(c'est-à-dire son Fils), ni Moïse entre'r dans la tente
qu'il avait faite, parce qu'elle était remplie de la gloire
émanée de Dieu.... Aussi ni Abraham, ni Isaac, ni
( Jacob, ni personne n'a vu Celui qui est le Père et le
Seigneur ineffable de tous les êtres sans exception, y
compris le Christ, mais bien sou Fils, qui est aussi Dieu
par sa volonté et qui est ange, parce qu'il sert de
ministre à sa volonté, lui que le Père a voulu être fait
fait homme par la Vierge. — Ihid., 129 : Lorsque la
prophétie dit : Le Seigneur fît venir du ciel par le Sei-
gneur une pluie de feu, elle déclare qu'ils sont deux
quant au nombre, l'un sur la terre qu'elle dit être des-
cendu pour voir le cri de Sodome, l'autre au ciel qui est
le Seigneur du Seigneur alors sur la terre, en tant que
Père et Dieu, et à qui celui-ci doit d'être puissant,
d'être Seigneur, d'être Dieu..,. L'Écriture a déclaré
que le Père avait engendré ce Fils absolument avant
toutes les créatures. »
LK l'ASTEîJK h'hKHMAS. 97
Nous avons déjà vu du rosie que saint Justin met le
l^'ils de Dieu au nombre des anges (1 Apol. 6), et qu'il
l'appelle positivement Ange [Tryph. 93, etc.).
Il est intéressant de remarquer que les passages ci-
dessus de saint Justin sont reproduits en son propre nom
par l'arien Ëusèbe de Césarée, au commencement de son
histoire ecclésiastique (I, n. 8 : Et yàp pr^sl; sTwiTpeTrst
>.oyoç....) Du reste la plupart des Pères antenicéens^ rap-
portent de même au Logos les théophanies de l'Ancien
Testament et c'est saint Augustin^ qui a le premier fait
remarquer que cette manière de voir ne pouvait s'accor-
der avec la doctrine orthodoxe de la Trinité.
4" Tertidlien. — Adv. Hermog.^ ch. m : « Dieu, quoi-
« qu'il ait toujours été Dieu, n'a pas toujours été père, ni
« juge. Car il n'a pu être père avant qu'il y eût un Fils,
(( ni juge avant qu'il y eût une faute. Or il fat un temps
<( où il n'y avait ni faute pour constituer Dieu juge, oii
« Fils pour constituer Dieu père. »
Adv. Prax., ch. xni : (Il s'agit du Père, du Fils et du
Saint-Esprit). « Je ne les appellerai donc absolument ni
« Dieux, ni Seigneurs: mais je suivrai l'apôtre, de telle
« sorte que si j'ai à nommer ensemble le Père et le
« Fils, j'appellerai le Père Dieu^ et Jésus-Christ Sei-
(c gneur. Quand il s'agira du Christ seul, je pourrai le, dire
1. Saint Justin, sœpissime. Irénée, 1. 111, ch. vr; VI, vi, 6etch.xx.
Théoph. Ant., Ad. AutoL, l. 11, 22, Glém. Alex., Pœdag.; passini
et particulièrement 1. 1, ch. vu; Tertullien ssepissime; SaintCyprien,
Testimonia adv.Jud.A- II, ch.v; Novatianus, De Trinit., xxv,xxvi
etxxvii; Saint Hippoiyte, Coair. Noët., cli. v; Hilar., De Trini-
late, 1, iy; Ambros., De Fide, I. 1; Ghrysost., m 7 Actorum.
2. IL fait des tliéophanies de l'Ancien Testament, ainsi que de la
Création, l'œuvre collective de la Trinité. [De Trinitate, 1. II,
ch. ix-xviii; m, ch. xi; Contra sermonem Arianoruon, ch. m; De
Genesi ad litteram, 1. 11, ch. yi.)
7
98 LE PASTEUR d'hERMAS.
«
Dieu, comme notre apôtre: «Desquels est le Christ, qui
est, dit-il. Dieu béni au-dessus de tout dans tous les siè-
cles. » — Adv.Prax., ch. ix : «Le Père est la substance
tout entière : Le Fils est une dérivation et une portion de la
totalité de cette substance, comme il l'avoue lui-même :
Parce que le Père est plus grand que moi. » Ainsi le
Père est autre que le Fils, puisqu'il lui est supérieur. » —
Adv. Prax., ch. xiv : « Personne ne pourra voir Dieu et
vivre. » .... « Tout homme qui verra ma face mourra.»
11 en résulte que nous devons considérer le Père comme
invisible en raison 'de la plénitude de sa majesté, et
reconnaître le Fils comme visible suivant la mesure
de sa dérivation. » — Adv. Prax., xv : « Ainsi c'est
toujours le Fils qui a été vu, c'est toujours le Fils qui a
conversé avec les hommes, toujours lui qui a opéré par
l'autorité et la volonté du Père. » — Adv. Prax., xvi:
C'est donc le Fils qui a exercé le jugement dès le com-
mencement, renversant l'orgueilleuse tour, multipliant
les langues^ versant le feu et le soufre sur Sodome et
Gomorrhe... C'est lui-même qui est toujours descendu
pour converser avec les hommes, depuis Adam jusqu'aux
patriarches et aux prophètes, soit dans des visions, soit
dans des songes ou des apparitions ou des symboles...»
— Adv. Marc, l. Il, ch. xxvii : « Ainsi tout ce que
volis érigez comme digne de Dieu se trouvera chez le
Père invisible, inabordable, impassible, Celui qui est
en quelque sorte le Dieu des philosophes. Au contraire
tout ce que vous reprenez comme indigne sera
mis au compte du Fils, qui a été vu, entendu, ren-
contré... etc. »
50 Origène. — Contre Celse, h VIII, ch. xiv et xv :
C'est un Fils duquel nous savons qu'il a été élevé à une
LE PASTICIJH U'UEMMAS. 99
« suprême grandeur par ce Dieu qui est son Père. Je veux
« qu'il y eu ait quelques-uns, comme il n'est pas possible
« que dans la grande multitude de ceux qui croient tous
« soient d'un sentiment uniforme, qui supposent que
u notre Sauveur soit le Dieu souverain, nous n'aurons pas
(( la même pensée-, nous qui croyons ce qu'il nous a dit :
« Mon Père qui m'a envoyé est plus grand que moi », et
«■ nous n'aurons garde de soumettre au Fils de Dieu Celui
« à qui nous donnons maintenant le nom de Père.... Car
« nous qui disons que le Créateur de l'univers est le maî-
« tre de tout ce monde visible, nous faisons profession de
« croire que le Fils n'est pas plus puissant que son Père,
«mais qu'il lui est inférieur [oiXk'' ÛTro^secrTepov) . C'est ce
(c qu'il nous a appris lui-même, lorsqu'il nous a déclaré
a que son Père qui l'a envoyé est plus grand que lui. 11
« n'y a qui que ce soit parmi nous, qui ait perdu le sens
« jusqu'à dire que le Fils de l'homme soit le maître de
<( Dieu. Quand nous considérons notre Sauveur comme
u Dieu le Verbe, la Sagesse, la Justice, la Vérité, c'est
<( alors surtout que nous disons qu'il est le maître de
(( tous ceux qui se soumettent à lui à cet égard, mais nous
« ne disons point qu'il est le maître de son Père, le maître
« 'du Dieu qui gouverne le monde. » — Cf. l. II, ch. ix :
(( Aussi ne croyons-nous pas que ce corps de Jésus, qu'on
« voyait et qu'on touchait alors, fût^Dieu.Mais, que dis-je
« que nous ne le croyons pas de son corps? Nous ne le
« croyons pas même de son âme, de laquelle il est dit
(( qu'elle l'ut saisie d'une tristesse mortelle... Nous aussi
u nous croyons tout de même que c'était le Verbe divin
« (ô Aoyoç 0£o;j, le Fils du Dieu universel, qui disait dans
a Jésus : Je suis la voie, la vérité et la vie... C'est donc
a celui-là que nous reprochons aux Juifs de n'avoir pu;^
100 LE PASTEUR d'hERMAS.
reconnu pour Dieu, après tant de témoignages des pro-
phètes qui le déclarent tel au-dessous dit Dieu souverain^
qui est son Père (xaTa tov tûv o\cov ©eov -mi TiraTépa) et dont
il est la grande vertu... Ce que nous ne disons pas pour
séparer le Fils de Dieu d'avec Jésus; car depuis le mystère
de l'incarnation le corps et l'âme de Jésus ont été très
étroitement unis avec le Verbe, pour ne faire qu'un tout
avec lui. »
Ihid.^ l. YI, ch. Lxiv : « Il y aurait encore à examiner
si le Fils unique de Dieu, le premier-né de toutes les
créatures doit être nommé l'essence des essences, l'idée
des idées et le principe de toutes choses, pendant que
Dieu son père sera considéré comme un être beaucoup
au delà de ce que tous ces termes signifient (èxexsiva
Ibïd.,Yiu, 26 : « 11 ne faut invoquer que le seul Dieu
souverain et il faut invoquer avec lui son Fils unique, le
premiér-né de toutes les créatures, le Verbe de Dieu, à
qui il faut demander que, quand nos prières sont parve-
nues à lui, il les présente, en quahtéde notre grand sacri-
fi.cateur, à son Dieu qui est aussi notre Dieu (àm tov ©eov
aÙTou x.ai0eov •iî[;.wv), à son Père qui est aussi le Père de ceux
qui vivent suivant ce que Dieu prescrit, dans sa parole.»
Ibid., L V, ch. xi : « Lorsque notre Sauveur et notre
Seigneur fut appelé bon Maître, il renvoya à son Père
celui qui avait ainsi parlé : Pourquoi m'appelles-tu bon,
lui dit-il, il n'y a que Dieu seul, que le Père qui soit
bon. Si le Fils bien-aimé du Père a eu raison de dire
cela, lui qui est l'image de la bonté de Dieu, avec com-
bien plus de raison le soleil dirait-il à ceux qui l'adorent :
Pourquoi m'adorez-vous? Adorez le Seigneur votre Dieu
et ne servez que lui seul. »
LE PASTEUR d'hERMAS. J 01
On ne pourrait peut-être pas trouver dans les trois pre
miers siècles de l'Église un seul écrivain, d'où il ne fût
facile d'extraire des déclarations analogues en faveur de
la subordination du Fils au Père. Lorsque les ariens' pro-
fessaient que le Fils est une créature, qui, quoique par-
faite, n'est ni de la même essence que son Père, ni
éternelle comme lui, ni son égal en quoi que ce soit, ils
étaient certainement bien plus fidèles à la. doctrine primi-
tive^ des chrétiens que les partisans d'Athanase. Ceux-ci
abandonnaient la vraie tradition, celle des principaux
docteurs de l'Église, pour épouser les sentiments d'un
vulgaire idolâtre qui voulait à toute force faire du Christ
un second Dieu. On s'exphque ainsi très bien pourquoMe
principal historien de l'Église, le plus érudit de ses écri-
vains, Eusèbe de Césarée, refusa de partager les doctrines
de l'orthodoxie et se rangea du côté de l'arianisme.
L'orthodoxie professe que c'est le Verbe, la seconde
personne de la Trinité, qui s'est incarné dans le sein de
la Vierge Marie.
Les Évangiles disent simplement (ce qui n'est pas du
tout la même chose) que la Vierge conçut du Saint-Esprit
(£•/- TCveufxaTo; ccytou. Math. I, 18 et 20), c'est-à-dire que le
Saint-Esprit fut le Père de Jésus; ou (Luc i, 35) « que le
Saint-Esprit est venu sur elle et que la puissance du Très-
Haut Fa couverte de sou ombre. »
Hermas ne fait aucune allusion à la première opinion,
ni non plus à une conception miraculeuse quelconque de
l'homme-Christ. Il est évident que pour lui cet homme est
né dans les mêmes conditions que tous les autres et que
son union avec le Fils de Dieu a eu heu postérieurement à
102 LE PASTEUR d'hERMAS.
sa naissance. 11 i^eprésente , en effet, Fliomme-Christ
(Simil. V, ch. ii, 2) sous la figure d'un esclave que Dieu a
c7zom (s/A£^a[/.£voç)^ entre tous, comme lui étant particu-
lièrement fidèle et agréable, et ajoute un peu plus loin
(Ihid , ch. VI, 5), quand il donne l'explication de son
allégorie, que Dieu fît habiter l'Esprit saint dans la chair
qu'il voulut, c'est-à-dire dans un homme de son choix.
Quant au moment oîi cette union eut heu, Hermas n'en
dit rien; mais oii ne saurait douter qu'il considérait la
circonstance du baptême de Jésus comme ayant été ce
moment solennel.
Que cette manière de concevoir l'incarnation ait été
celle delà première génération chrétienne, c'est ce dont
on ne peut douter raisonnablement. Les Évangiles cano-
niques eux-mêmes, ainsi que le reste du Nouveau Testa-
ment, en présentent des témoignages incontestables. Il
nous suffira de citer : i*^ l'épithète de « Issu de la postérité
de David, pour la chair, » que saint Paul donne (Rom. i,
.3) à Jésus-rChrist, et qui; sous' sa plume, ne peut faire
allusion qu'à la paternité réelle de Joseph. — 2^ Les gé-
néalogies de Joseph .qu'ont rapportées saint Mathieu (i^
1-7) et saint Luc (m, 23-38), généalogies qui n'ont pu
être fabriquées que dans des milieux oii ou croyait Jésus
véritablement fils de Joseph. — 3° La descente du Saint-
Esprit sur Jésus, sous la forme d'une colombe, au moment
de son baptême (Math, m, 16-17; Marc i, 9-11 ; Luc m,
21-22) et les réflexions dont nos évangéhstes font suivre
le récit de cet événement miraculeux : « Alors Jésus fut
emmené par l'Esprit au désert pour être tenlé par le diable,
t . Glémoiil Momain rlil de. nièiiuî, l"']*]!!. Cor. cliap. lxiv : « Difui...
qui a choisi (ïxXc^ay.cvoç) le Seigneur Jésus-Gliiisl. »
LE PASTEUR d'hÈRJIAS f03
Math. IV, 1. » — « Aussitôt après, Jésus fut poussé par
l'Esprit au désert, Marci, 12. » — « Jésus rempli du Saint-
Esprit revint du Jourdain et fut poussé, par un mouve-
. ment de l'Esprit au désert, Luc iv, 1. » — « Jésus, animé
de la puissance de l'Esprit, s'en retourna en Galilée,
Luc IV, 14. »
Il est clair que Te fait même de cette descente du Saint-
Esprit sur Jésus et celui du nouvel état d'inspiration, de
cette espèce de possession, qui eu résulte ppur lui, excluent
toute hypothèse d'une incarnation divine antérieure.
Saint Justin {Tryph. 38) constate, sans les blâmer autre-
ment, qu'il y avait de son temps un certain nombre de
. chrétiens qui considéraient Jésus comme un homme né
dans les conditions ordinaires : « 11 ne faudrait pas nier,
dit-il, qu'il soit le Christ, quand même il semblerait avoir
été engendré comme les autres hommes et n'être devenu
le Christ que par le fait d'une élection. En effet, il y en a
, parmi nous quelques-uns qui confessent qu'il est le Christ,
mais qui professent qu'il n'est qu'un homme comme les
autres. »
Nous avons encore le récit de la descente de l'Esprit
saint sur Jésus, tel que le donnait l'antique Évangile des
Hébreux ; rien n'est plus caractéristique : « Pendant que
« Jésus se faisait baptiser, un feu parut sur l'eau ^ Or, il
« arriva, au moment où le Seigneur sortait de l'eau, que
« toute la source de l'Esprit saint descendit pour reposer
« sur lui, et lui dit : J'attendais dans la série des prophètes
« que tu vinsses et que je pusse reposer sur toi. Ta es le
1. C'est ce que rapportent iaussi saint Justin (Trypli. 38) elle
Livre delà Prédication de Pierre et de Paul, cité dans le traité De
rebaptisniaie seu De non iterando baptismo, attribué faussement
à saint Gyprien. Voir aussi Epiphane, Ilœres., xxx, 13.
104 • J.E PASTEUR d'hERMAS.
« lieu de mon repos (définitif) ; tu es mou fils premier-né,
« qui règnes éternellement. » (Daus cet évangile, le Saint-
Esprit, en vertu du genre du mot hébreu correspondant,
était considéré comme la mère et non comme le Père du
Christ.)
Le passage suivant des Homéhes Clémentines (ih, 20)
est un excellent commentaire de ce qui précède : « La
« piété se montre avant tout en ceci qu'elle reconnaît
« l'Esprit de Christ en Fhomme formé par Dieu au com-
<( mencement de cette économie. Changeant de formes
« comme de noms, il a parcouru tous les âges, jusqu'à ce
« qu'enfÎD, il obtienne le repos et reçoive l'onction de
« l'amour diviu, en récompense de l'œuvre qu'il a accom-
« plie; c'est lui qui a été le dominateur universel. »
Epiphane, Hœres.^ xxx, 3 : « Ebion afftrmait qiie le
Christ avait été engendré par un homme, c'est-à-dire par
Joseph... D'autres (parmi les ébionites) disent que le
Christ vint du ciel, que c'est la première créature, un
Esprit supérieur aux anges, qu'il est maître de toutes
choses et que, portant le nom de Christ, il a reçu ce
monde en partage. Il y descend quand il veut, et c'est
ainsi qu'il vint dans Adam et qu'ayant revêtu le même
corps^ il se fit voir aux patriarches : après donc qu'il se
fut montré à Abraham, à Isaac et à Jacob, il est encore
venu dans les derniers jours revêlir le corps même d'Adam,
avec lequel il est apparu comuie un homme, a été mis en
croix, est ressuscité, puis est monté au ciel. Mais ils nient
tout ceci, quand la fantaisie les en prend, pour professer
que l'Esprit, c'est-à-dire le Christ, vint eu lui et se servit
de Jésus même comme de vêtement. » — Ihid., xxx, 14- :
(t Ils (les ébionites) peuseut que Jésus a été un homme
comme les autres et que ce qui descendit en lui sous la
LE PASTEUR d'hERMAS. • 105
forme d'une colombe fut le Christ qui s'unit à lui; le Christ
même doit ainsi l'existence à l'un et à l'autre de ses deux
parents. » — Ihid., ch. xvi : « Les ébionites prétendent que.
deux puissances ont été établies par Dieu, dont l'une est
le Christ et l'autre le Diable : Le Christ, disent-ils, a reçu
en partage le siècle à venir, tandis qu'au Diable a été
confié le siècle présent, et cette distribution a été faite
par l'ordre de Dieu, conformément à la demande de
chacun d'eux. Aussi disent-ils que Jésus est réellement
fils d'un homme, qu'il a été élu, et qu'ainsi il a été appelé
Fils de Dieu par élection, à la suite de la descente du
Christ en lui, sous l'apparence d'une colombe venant d'en
haut. Quant à ce Christ, d'après eux, il n'a pas été engen-
dré par Dieu le Père,- mais il a été créé comme un des
archanges, tout en étant plus grand qu'eux : il est le Sei-
gneur des anges et de tout ce qui a été fait par le Souve-
rain Maître. >» (C'est tout à fait la doctrine "que nous trou-
vons dans le Pasteur). — Réfutant ces hérésies des
ébionites, Epiphane ajoute (xxx, 29) : « Ce n'est pas après
ses trente ans ou à la suite de son baptême, qu'il devient
Christ, mais... » — « Tune saurais donc dire qu'il est
devenu Christ à partir du moment oii l'Esprit est entré en
lui. » — « Ce n'est pas» après sa trentième année, quand
le Saint-Esprit sous la forme d'une colombe fut entré en
lui, qu'il fut appelé Fils et Christ. »
Cérinthe et Carpocrate, s'appuyant sur le commence-
ment de l'évangile de Mathieu, sur sa généalogie, préten-
daient prouver que le Christ était véritablement issu du
mariage de Joseph et de Marie (Epiph. Hœres., xxx, 14).
En outre, Cérinthe enseignait ce qui suit, d'après Epiph.,
Hcer.^ xxviii, 1 : « Lorsque Jésus, qui était né de l'union
de Joseph el de Marie, fut devenu grand, le Christ^ c'est-
106 ' LE PASTEUR d'hERMAS.
à-dire le Saint-Esprit, descendit sur lui de ce Dieu Sou-
verain sous la forme d'une colombe, sur les bords du
Jourdain. » ~ On lit à peu près la même chose dans
Irénée, Hœres., i, 26, 1, et dans Philosophouména, vn,
33.
Le Nouveau Testament présente au moins trois concep-
tions différentes de la divinité de Jésus-Christ, de plus en
plus élevées, suivant qu'on considère les livres historiques,
les épîtres attribuées à Paul et l'Apocalypse, enfin l'Évan-
gile et les Épîtres qui portent le nom de Jean.
L'impression qui reste après la lecture des Synoptiques
et des Actes est telle que Jésus semble n'y être donné que
pour un prophète favorisé d'une infusion particulièrement
abondante de l'Esprit-Saint. 11 faut cependant y signaler
trois passages, on le nom de Fils de Dieu lui est attribué
dans un sens' métaphysique et exclusif, ce sont : Marc
xni, 32 ; Math, xi, 27 avec Luc x, 22 et Math. xxViii, 19.
11 faut également remarquer que les récits de la concep-
tion miraculeuse rapportée par Mathieu et Luc tendent à
mettre le Fils de Marie en dehors de l'humanité.
Dans la seconde série signalée ci-dessus, Jésus est pré-
senté comme une sorte d'ange, instrument de la création
(1 Corinth. vni, 6; Coloss. i, 16; Hébr. i, 2 et xi, 3),
abaissé momentanément en vue de son rôle de rédemp-
teur^ puis élevé jusqu'au trône de Dieu en récompense
de son sacrifice. Voir par exemple 2 Corinth. vm, 9 ;
Philip, n, 5-11 ; Hébr. n, 6-11 et 17 ; m, 3; Apoc. v, 9.
Enfin la théologie johauuique fait de Jésus un être par-
ticipant positivement à la nature divine (Ev. i, 1), qui
descend sur la terre sans perdre sa gloire (Ev. i, 14) à
peine voilée, et qui se retrouve après sa mort (laquelle est
LE PASTEUR d'hERMAS. 107
pour lui uue glorification, Ev. xii, 23-28 et xm 32) ce
qu'il était auparavant, Ev. xvn, 5. Observons toutefois que
Jean ne fait jamais allusion à l'éternité du Fils, mais seu-
lement à sa préexistence par rapport au monde, et qu'il
affirme continuellement son infériorité et sa subordination
au Père.
Dans aucune de ces trois conceptions, il n'y a du reste
trace de la dualité que comporte la définition du Christ
formulée par la théologie catholique, oii se trouvent unies
sans confusion deux natures, la nature divine et la nature
humaine, et deux personnes, le Verbe préexistant et
l'homme formé du sang de Marie, avec leurs deux volon-
tés distinctes et leurs deux inteHigences inégales, de ma-
nière cependant à ce que le résultat soit une personne uni-
que. Cette conception étonnante, monstrueuse, ne découle
certainement pas des textes bibliques; elle est le produit
des exigences d'une théorie déterminée de la rédemption.
Le Christ d'Hermas ne se rapporte exactement à aucun
des types précédents. Pour notre auteur le Christ résulte
dé l'union de l'Esprit saint, Fils de Dieu, avec rhomm;j
Christ; mais cette union n'est qu'une habitation tempo-
raire du premier dans le second : l'homme Christ, nous dit
Hermas (Sim. V, ch. vi, 6-8) a reçu dans le ciel sa
demeure et sa récompense à part : quant- au moment de
la séparation entre le vrai Fils de Dieu et son fils adoptif,
Hermas n'en parle pas; mais on peut croire, d'après la
manière dont il s'exprime, que, comme certains hérétiques,
Cérinthe entre autres, il admettait qu'elle s'était effectuée
avant le supplice et la mort de Jésus. — Voyez Irénéc,
livre I, ch. xxvi, § 1 ; Philosoph., 1: vu, 33 et x, 21;
Théodoret, lleerit. Fab. 1. 11, ch. ni, etEpiph., Hœres.,
l.XXVlll, ch. I.
10;8 LE PASTEUR d'îIERMAS.
Note C. — Nous disons qu'Hermas ne l'ait aucune
allusion au Saint-Esprit, en tant que troisième personne
divine. A l'occasion de cette omission, il faut remarquer
que, tandis que la doxologie officielle est devenue cette
formule : « Gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit, »
les doxologies qui se rencontrent de temps en temps
dans les épîtres du Nouveau Testament ne font jamais
(sauf une exception, 2" Corinth. xiii, 13) mention du
Saint-Esprit, et la même absence s'observe dans les
adresses et les salutations. Voyez ; Rom. xvi, 27; 1
Gorinth. i, 3; 2'' Corinth. i, 2 ; Gai. i, 3; Ephés.' i, 1, 2;
in, 21 ; V, 20; vi, 23 ; Philip, i, 2 ; iv, 19 et 23 ; 1 Thessal.
I, 1 ; 2« Thessal. i, 2 et 12 ; m, 16-18 ; 1 Tim. i, 2; 2 Tim.
I, 2; Tite, i, 4; Philém. i, 3; Hébr. xm, 21 ; Jac, i, 1 ; 1
Pierre i, 2 et iv, 11 ; 2^ Pierre i, 2 ; 1 Jean i, 3 ; 2 Jean
I, 3; Jude i, 1 et 25; enfin Apocal. i, 4, où on lit :
« ... par Celui qui est, ... par les sept esprits qui sont
devant son trône et par Jésus-Christ. »
On sait en outre que dans le Nouveau Testament, jamais,
sauf Mathieu xxvm, 19, il n'est question du baptême que
comme administré au noni de Jésus-Christ seul. Voyez
Actes II, 38; vin, 12^ 16; x, 48; Rom. vi, 3 ; Gai.
m, 27.
D'un autre côté saint Justin témoigne que de son temps
on baptisait au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit
fl'^ Apol. ch. 61 en deux endroits), et il rapporte aussi que
dans la consécration du pain et du vin, on invoquait ces
trois noms (2'^ Apolog., ch. lxv).
L'omission du nom du Saint-Esprit se fait également
remarquer dans lès adresses, les salutations et les doxolo-
gies des lettres des Pères apostoliques. Voyez dans la
l""^ épîtrc de Clém. Rom. aux Corinth. l'adresse et les
LE PASTEUR d'hERMAS, 109
chapitres 59-61, 64 et 65; dans Tépître de Barnabe les
versets i, 1 ; xvii, 2 et xxi, 9; dans Fépître de Pôlycarpe
aux Philippiens, l'adresse et le verset xii, 2. — H y a
cependant des exceptions, telles que : Clém. Rom. ii, 1 ss.;
XLVi, 6 ; LViii, 2, et Ignace aux Magnésiens, xiii, 2.
.11 est hors de doute que saint Justin admettait une
sorte de Trinité ; voir, outre les endroits déjà cités, les
chapitres 6, 13 et 60 de sa première apologie. Mais on
est forcément amené à croire que le Saint-Esprit n'était
pour lui qu'une forme particulière de manifestation du
Verbe, dont il ne le distinguait pas nettement. En effet,
s'il attribue en bien des endroits (1^'' Apolog. 32, 33, 35,
38, 39, 40, 41, 42, 44 et 61; Dial. c Tryph. passim)
l'inspiration des prophètes au Saint-Esprit, il l'attribue
également au Verbe en maint autre passage (l'^'^ Apolog.
ch. 36; 2^^ Apol. 10; Diâl. c. Tryph. ch. 61)S- et, ce qui
1, 'V'Apol. 36 : Lorsque vous entendez les discours des prophètes
dits sous le couvert de quelque personnage, soyez persuadés qu'ils
ont été prononcés, non par ceux qui se sont trouvés inspirés, mais
par le Verbe divin (©siou Aoyou) qui les agitait. — 2" Apol. 10 : Car
le Verbe existait et existe, lui qui a prédit l'avenir par les pro-
phètes. — Du reste, la même contusion peut être constatée dans le
JN^ouveau Testament, entre autres dans le passage suivant, oii l'au-
teur désigne indifféremment par Esprit de Christ et Saint-Esprit,
la vertu divine qui a inspiré successivement les prophètes de l'Ancien
Testament et les apôtres de l'Evangile (1 Pierre i, 10-12) : « Ce
salut a été l'objet des recherchas et des investigations des prophètes
qui ont parlé de la grâce qui vous est destinée. Ils recherchaient à
quel temps et à quelles circonstances faisait allusion VEsprit de
Christ qui était en eux, et qui annonçait d'avance les souflrances
rései'vées au Christ, et les gloires qui devaient les suivre. Il leur lut
révélé que c'était, non pour eux-mêmes, mais, pour nous, que leur
ministère était requis pour les choses, que ceux qui vous ont prêché
l'Evangile par le Saint-Esprit envoyé da ciel, vous ont mainte-
nant annoncées, et dans laquelle les anges désirent plonger leurs
110 LE PASTEUR . b'hKRMAS.
est plus grave, après avoir déclaré que Dieu a prédit par
l'Esprit prophétique et que la Vierge a conçu, ombragée
par la vertu de Dieu, il ajoute aussitôt (1»" Apol. cli. 33)
que, piar l'Esprit et la vertu de Dieu, -il n'est pas permis
d^entendre autre chose que le Verbe. — Cf. Dial. c. Trypli.,
ch. 61. — Il revient sur ce point en d'autres endroits, par
exemple Dial. c. Tryph,, ch. 68, oii il déclare que l'Écri-
ture ne nous enseigne pas à adorer autre chose que le
Créateur de Tunivers et le Christ : de même au chapitre 65
de ce dernier ouvrage, il enseigne que Dieu ne partage sa
gloire avec aucun autre que le Fils (o ©so; tw xptcTw auTou
On peut dire qu'en fait les Pères et Apologistes des deux
premiers siècles n'ont pas fait de différence entre le Saint-
Esprit et la nature divine préexistante du Christ. Eu
voici quelques nouveaux témoignages : 2*' Epitre de
Clém. Rom. aux Corinth. ix, 5 : « Le Seigneur Christ
qui nous a sauvés, qui était d'abord Esprit^ s'est fait chair
et nous a ainsi appelés. » — Ibid. xïv, 4 : » Si nous disons
regards. » — Voir encore Rom. vi'ii, y ; 2 Corinth. m, 17 et Galat. iv,.
G. — En outre Cf. Év. Jean XIV, 16-17 avec xiv, 18; vu, 39 et 1 Ep.ii,
1 et 26-27. — Si le Saint-Esprit est parfois personnifié dans le
Nouveau-ïestament (Jean xiv, 26; xv, 26; xvi, 13-15), il en est
encore plus souvent parlé comme d'un fluide comparé à l'eau, à
l'huile, au sang, au feu, qui est tenu par Dieu en réserve comme
un trésor et distribué aux saints avec plus ou moins d'abondance,
Actes II, 17 et Jean iv, 34. C'est ainsi qu'on trouve l'expression
baptiser dans V Esprit-Saint o\)\)0&éQ à celle de baptiser dans l'eaio
(Math, m, 11 ; Marc i, 8; Luc m, 16 et Jean i, 33; Actes i, 5 et xi, 16);
qu'o)i voit la communication de l'Esprit-Saint comparée à une
onction (Luc iv, 18; Actes x, 38; 2» Corinth. i, 21; 1 Ep. Jean ii,
20 et 27); enfin que Jean dit (1 Ep, v, 7) : « Car il y en a trois qui
rendent témoignage, l'esprit, l'eau et le sang, et ces trois s'ac-
cordent. » "
LE PASTEUR D HERMAS.
Jll
que l'Église est la chair et le Christ Tcsprit, il s'ensuivra
que celui qui a outragé la chair a outragé l'Église. Un
pareil homme ne participe pas à l'Esprit qui est le Christ
(tou nv£u|/,aTo; , o sctiv-ô XptGToç). » — Théophile ad Autolyc.
H, 10 : a Ce Verbe, qui est Esprit de Dieu^, commencement,
sagesse et puissance du Très-Haut, -descendit dans les
prophètes. — Hippolyte JNoët.^ ch. 16 : « Or, qui est-ce qui
est sorti du Père, si ce n'est le Verbe? Qui est-ce qui a été
engendré de lui, si ce n'est l'Esprit, c'est-à-dire le Verbe? »
Note D. — Citation des passages où il est fait allusio
aux divers ministères exercés dans l'Eglise de Rome.
li
Vis. Il, II, 6 : speïç oùv ToTç "Koor-
"(ouiiévoiq T^ç 'ExxXviffiaç.
Vis, II, lY, 2 et 3 : -/ip^TYicÉv jj.e
£c ^r^B'r\ to ^têXiov Ssowxa xoTç Ttpscêu-
Tspotç ... ffb §£ àvayvojij/j eîç TauTVjv
T'/jV TCoXtv {/.exà Twv TrpEcêuxéptov TWV
TcpoïffTàjxsvwv TY)ç 'ExxAr|Crtaç.
V?'5. III, I, 8 : Kupi'a, acp£ç TO^ç
TcpEGÊuxépouç TiptoTov xaôicrac.
Vis. in, V, 1 : ... oÔTOt elciv oî
cxTrdcrToXoi xal £7ri'<7X07:oc xat ÔtoàcrxaXoi
xai Staxovoi, oî TtopEUÔsvxEç xaxoc X'/)v
ff£(j!.voxvixa xoïï 0EOÏÏ xat EntaxoTrviG'av-
xeç xai Stâcc^avxfç xal 'ôiaxovvicavxEç
àyvwç xai cepwç xoTç exXextoTç xoïï
OeoÏÏ, oî (AÈv X£XOt(;'.r,(JI.£VOt, oî SE £Xt
OVXEÇ.
Fis. III, X, 7 et 8 : vïïv ouv ujxTv
XsYW xoTç 7rpoviYoii[j.£votç xYÎç 'ExxXt]-
Œiaç xat xoîç lïpwxoxaôeSpixatç...
Sim. VIII, VII, 4 : 7:avxoxe o6xot
Tïiaxot xal àyaÔûl eysvovxo, syovxsç.Sà
T 11 diras donc aux conduc teu l's
de l'Église.
Elle me demanda si j'avais
déjà doiiné le livre aux anciens. . .
Quant à toi, tu le liras dans cette
ville avec les anciens placés à la
tête de l'Église,
Maîtresse, permets que les an-
ciens s'assoient d'abord.
Ceux-ci sont les apôtres et les
évêques et les docteurs et les
diacres qui ont marché dans la
voie de la sainteté de Dieu ; qui
ont surveillé, enseigné et admi-
nistré purement et saintement
les élus de Dieu, dont les uns
sont morts et les autres encore
vivants.
Maintenant donc, je vous le
dis, à vous les conducteuj-s de
l'Église, à vous qui occupez les
premiers sièges.
Ceux-ci ontététoutàfaitfîdèles
et bons, mais ils ont entretenu
112
LE PASTEUR ]) HERMAS
^^Xov Ttva ev ciXk7\koiç 7rep\ Ti:poJT£io)v
xat Tiepi So;ï]ç tivoç" àXka iravreç oOtoi
txwpoî stffiv £V dcXX'/iXotç E^ovTeç Ç-^Xov
TTEpi Trponsi'wv,
*.9zm. IX, XXVII, 1 et 2 : Ix 8l
■Toïï ô'pouç TOu SexQCTOu... 01 iricTeucrav-
te; TotôuTOi eîciv raiaxoiîoi xai cptXo-
^£VOl, oI'tIVEc; Y|0£tOÇ EIÇ TOÙÇ OÏXOUÇ
SttUTttjv ■nàvTOTE UTTESÉ^aVTO Tohq Sou-
XOUÇ TOU 0EOÏÏ àcTEp UTTOXplCTÊOiÇ " 01 Ss
ETÏlffJCOTtOl TtàvTOTE TOUÇ UffTEpYl[/.£'voUÇ
xai Totç ^(^Tiipaç TvjStaxovfa lauTwvaâta-
Xeitttojç IffXE'Tuaaav xal àyvwç àvEcrpa-
CpYjffaV TTOCVTOTE.
6\m. IX, XXXI, 5 ss. : Sin au-
lem aiiquaexhis (pecoribus) dis-
sipata invenerit, xm eritpasto-
ribus! Quod si ipsi pastores dis-
sipât! reperti fuerunt, quid res-
pondebunt pro pecoribus his ?
Numquid dicturi sunt a pécore se
vexatos? Non credetur illis. In-
credibilis enim res est pastorem
pati posse a pécore : et magis pu-
iiieturpropter aiendacium suum.
Et ego SLim pastor, et validis-
sime opportet me de vobisred-
dere rationem.
Sim. IX, XXVI, 2 : Oî [xevto^ç
ffuiXouç sy^ovTEç àaxovoi Eiat xaxwç
ÔtaxovficaVTEç xat StapTràaavTE; '/vipôjv
YMi ôpcûavwv TV)v Çwviv, xat sauTOÎç
7:£pt7:oc7)Ga[;.EVot ex Trjç Staxov aç -/jç
sXaêov Staxov^'ffai.
Mand. IV, m, 1 : "Hxouca irapa
certaines rivalités entre eux, au
sujet des premières places et des
honneurs : bien fous, tous ceux
qui se disputent ainsi les pre-
mières places !
Sur la dixième montagne, voi-
ci ce que sont les fidèles : ce sont
des évêques hospitaliers qui ac-
cueillent de tous côtés avec em-
pressement les serviteurs de Dieu
dans leurs maisons, sans hypo-
. ci'isie : ces évêques ne se sont
jamais lassés d'abriter de tous
côtés sous leur ministère les in-
digents et les veuves* et ils se
sont toujours comportés sainte-
ment..
Mais s'il trouve quelques bre-
bis dispersées , malheur aux
pasteurs! Et si les pasteurs
eux-mêmes sont trouvés égarés,
comment répondront -ils pour
leurs brebis? Diront-ils qu'ils ont
été persécutés par le troupeau?
On ne les croira pas . C'est, en.
elTet, une chose incroyable qu'un
pasteur puisse avoir à souffrir de
ses brebis : et son mensonge lui
attirera une punition plus grave.
Moi aussi, je suis berger ; et il
faut à toute force que je rende
compte de vous.
Ceux qui ont des taches sont
des diacres qui ont mal admi-
nistré et .ont mis au pillage le
bien des veuves et des orphelins,
et qui se sqnt fait un revenu
du ministère qui leur avait été
confié.
J'ai entendu dire à certains
LE PASTEUR D HERMAS.
113
Tivwv ^iSaijxdcXwv oTt ÉTspa [/.ETOLvaia
oux £(TTiv el p.')) èxEivv), ote el; uSoip
xaTeêyjixsv xai èloLooiizv acpcC'.v àjjiap-
TtSv fi[jLwv Tcov TrpoTspwv.
^î'm. IX, XV, 4: Oi Se xpiaxovxcj
irevTE (Xt'Ooi) irpotp^Tai toû 0£ou xal
Sta^covat aÔToîi * oî Se TSffffdcpaxovxa
àmaTokoi xat StoaaxaXoi tou xvjpuy-
[Aaroç TOU Ttoïï toû Beoïï.
Siin. IX, XYI, 5 : OStoi o\ àizoa-
ToXot xat 01 StSctffxaXot oî xvjpu^avTSç
To ovo[Aa TOÛ Yioû TOÛ 0eoû, xoij/,?)-
Gevteç ev Suva[A8t x«i ttictei toû Yîoû
TOU HeOU...
)S'<m. IX, XXY, 2 : àTro'o-ToXoc xai
SiSacxaXût oî XY)pu^avT£ç eîç oXov tov
xocy[j(.ov xat oî SiSdcçavTsç cr£[/,vwç xai
àyvwç TOV Xoyov toû Kupi'ou...
docteurs que Dieu n'admet pas
d'autre repentance que celle qui
accompagne le baptême, alors
que nous recevons la rémission
de nos péchés antérieurs.
Les trente-cinq pierres sont les
prophètes de Dieu et ses minis-
tres. Les quarante sont les apô-
tres et les docteurs de la prédi-
cation du Fils de Dieu
Parce que ces apôtres et ces
docteurs qui ont prêché le nom
du Fils de Dieu, après s'être en-
dormis dans la puissance et la foi
du Fils de Dieu, ont encore prê-
ché à ceux qui s'étaient endormis
avant eux.
Ce sont les apôtres et les doc-
teurs qui ont prêché dans tout le
monde, qui ont enseigné avec
sainteté et pureté la parole du
Seigneur...
On voit que ces textes nous révèlent l'existence :
1° de conducteurs (7i:po-/!You[j,£vot.) et d'anciens (TcpesêuTepoi) ,
placés à la tête de l'Eglise (7rpoïGTa[jt.£voi) et occupant les
premières places (ra xpcoTsia, TCpwToxaOs^piTai) ; — 2° de
surveillants [ii^iay.oT^oi) (faisant évidemment partie du corps
des conducteurs ou anciens) qui font la police de l'Église
et exercent l'hospitalité à l'égard des fidèles venus du
dehors ; — 3° de diacres (^la/tovot) chargés de gérer les
biens des pauvres ; — 4° d'apôtres (à-Koc-^okoi) et de docteurs
(^hi^dGy.rjloi) répandant la parole de Dieu. Outre les apôtres,
Ilermas ne mentionne (p. ex. Vis. 111^ v, 1) que trois
charges, celles des surveillants, des docteurs et des dia-
cres. Il n'est fait nulle part la moindre allusion h un chef
114 LE PASTEUR d'hERMAS.
unique placé à la tête de l'Égli'se, au-dessus des anciens,
des docteurs^ des diacres et du reste des fidèles.
On est du reste conduit aux mêmes conclusions, pour
ces églises primitives, par l'étude des textes du Nouveau
Testament. Qu'on considère soit les adresses^ des épîtres,
soit les recommandations relatives à la discipline, soit les
allusions faites aux diverses charges et en général au
fonctionnement de l'organisme de ces communautés, on
ne trouve absolument rien qui puisse laisser soupçonner
l'existence d'un supérieur à la tête de chacune d'elles^. Le
germe du clergé s'y rencontre dans les fonctions remplies
par les diacres, les docteurs et les anciens ou évêques;
mais alors les docteurs constituaient des fonctionnaires
distincts, et quant aux dénominations d'anciens et d' évê-
ques, elles ne désignaient qu'une seule et même chose, qui
1. Dans ces passages de l'Apocalypse (ii, 1, 8. etc.): « Écris à
l'ange de l'Église d'Éplièse, de Smyrne, etc. », l'ange ne figure pas
un évoque, mais désigne un véritable ange supposé préposé à
chaque Église et la personnifiant.
2. Rom. XII, 6 : Mais nous avons des dons diff'érents suivant la
grâce qui nous a été donnée : nous avons, suivant l'analogie de la
foi, soit la prophétie, soit le ministère dans le diaconat; nous avons
aussi le docteur qui se livre à l'enseignement, et celui qui exhorte,
qui s'adonne à l'exhortation. Que celui qui donne le fasse avec gé-
nérosité ; que celui qui préside y mette du soin ; que celui qui prend
pitié secoure avec joie. — 1 Corinth. xii, 27 ss.: Dieu a établi dans
l'Kgiise, premièrement des apôtres, secondement des prophètes,
troisièmement des docteurs; il a établi ensuite ceux qui ont le don
des miracles, puis ceux qui ont le don de guérir, de secourir,' de
gouverner, de parler les diverses sortes de langues. Tous sont-
ils apôtres? Tous sont-ils prophètes? Tous sont-ils docteurs? Tous
ont-ils le don des miracles? Tous ont-ils le don de guérir? Tous
parlent-ils des langues? Tous interprètent-ils? — Éphés.n, li : Lui-
même a donné lesuns comme apôtres, les autres comme prophètes,
d'autres comme évangélistes, d'autres comme pasteurs et docteurs,
pour le perfectionnement des saints..., etc.
LE PASTEUR d'iIERMAS. 115
s'est scindée seulement plus tard. Ce dernier point est
facile à établir avec la dernière évidence par les textes
suivants :
Actes XX, 17, 28 : Cependant, de Milet Paul envoya
à Eplièse pour faire venir auprès de lui les anciens
(toùç TupsaSuTepou;) de TÉglise, et lorsqu'ils furent arrivés
auprès de lui, il leur dit : « Vous savez Veillez sur
vous-mêmes et sur tout le troupeau au milieu duquel
l'Esprit saint vous a établis évêques (sTrcV-oTTouç) pour paître
l'Église de Dieu. »
Tiie I, 5-7 : Si je t'ai laissé en Crète, c'est afin que tu
presses les réformes qui restent à faire, et que, dans cha-
que ville, tu établisses des anciens (xpecf^uTspou;), aux con-
ditions que je t'ai prescrites : être irréprochable, mari
d'une seule femme, avoir des enfants croyants, qui ne
puissent être accusés de vivre daus la débauche ou qui
soient indisciplinés ; car il faut que l'évêque (tov s7i:(axo7i:ov)
soit irréprochable, comme économe de Dieu...
Les deux passages suivants sont encore instructifs,
i^ parce que les anciens y sont nommés sans aucune allu-
sion à un chef; 2^^ parce que Pierre s'intitule lui-même
ancien et non évêque ; 3° parce que la fonction des anciens
est désignée par les termes de èTVKîx.oTOCù, dérivé ^ I'kI'jv.ù-kqç^
évêque :
Jac. V, 14 : Quelqu'un, parmi vous, est-il malade? qu'il
fasse appeler les anciens de l'Église... — 1 Pierre v,
42 : Je m'adresse maintenant aux anciens qui sont parmi
vous , moi qui suis ancien comme eux et témoin des
souffrances du Christ, et qui ai part aussi à la gloire qui
doit apparaître. Paissez le troupeau de Dieu qui vous est
confié, veillant sur lui (sTriaxoTiroGvTeç) , non par contrainte,
mais de bon gré.
116 LE PASTEUR d'hERMAS
Quant aux deux extraits qui suiyent, ils prouvent que
les auteurs du Nouveau Testament ne connaissent que deux
classes de fonctionnaires administratifs, celle des anciens
ou évoques et c^lle des diacres :
Philip. I, 1 : Paul et Timotliée, esclaves de Jésus-
Christ , à tous les saints en Christ Jésus , qui sont à
Philippes, avec les évêques et les diacres (remarquer le
pluriel d'évêques). — 1 Tim. m, 2^/8: 11 faut donc que
Vévêque soit irréprochable , mari d'une seule femme ,
... il faut qu'il reçoive aussi un bon témoignage de ceux
du dehors^ afin qu'il ne donne prise ni aux invectives, ni
aux pièges du diable. De même il faut que les diacres
soient honnêtes, sans duplicité. (Pas de classe intermé-
diaire entre les évêques et les diacres.)
Saint Jérôm'e, dans son commentaire sur Tlte i, 5,
reconnaît dans les termes suivants cette identité origi-
nelle des prêtres et des évêques : « Apostolus perspicue
« docet eosdem esse presbyteros quam episcopos. Quod
« autem postea unus electus est qui cseteris prœpone-
« retur, in schismatis remedium factum est. Idem est ergo
« presbyter quam episcopus, et antequam diaboli ins-
« tiuctu studia in rehgione fueraut, commun! presbytero-
« rum consilioecclesiae gubernabantur^ ». — Voir encore
les explications de saint Jean Chrysostome et de Théodo-
ret sur Philip, i, 1.
L'épître dite de Clément Romain aux Corinthiens,
1. L'épîlre à Tite et la l""" à Timothée sont les seuls livres du
Nouveau Testament où on ait pu saisir quelque allusion plus ou
moins fondée à l'institution de l'épiscopat. Or il se trouve précisé-
ment que ce sont aussi les seuls, avec Pliilém. et Thessalonic. dont
on ne trouve aucune trace dans le Pasteur, avec lesquels ce dernier
ouvrage n'ait aucun point de contact.
LE PASTEUR d'hERMAS. 117
écrite vers l'an 95, donne lieu aux mêmes conclusions. Il
faut d'abord remarquer que cette lettre n'est pas adressée
par un évêque à un autre évêque, mais par l'Église de
Rome à l'Église de Corinthe^; la traditiQu en attribue la
rédaction à Clément : que cette tradition soit véritable ou
non, il y a un fait constant, c'est que l'auteur écrit non
comme chef, mais comme simple interprète de son
Église. Si de véritables évêques eussent existé à la tête des
deux Églises en question, si surtout Clément se fût crûtes
droits et l'autorité d'un pape^, comment n'en verrait-on
pas quelques traces dans cette longue épître, dont le but
est précisément de rappeler les Corinthiens à une certaine
discipline, de leur rappeler l'obéissance qu'ils devaient
aux chefs régulièrement élus par eux?
Loin de là, en lisant cette lettre attribuée à Clément, on
voit : 1^ que le titre à' ancien y est pris pour synonyme de
celui dié^^êque (ch. xliv) ; 2^ que jamais il n'est question
de l'évêque de Corinthe, mais toujours des anciens de
cette Eglise; ce sont eux qui sont établis sur la commu-
nauté et à qui on doit l'obéissance (chap. xlvii,liv et lvii);
3« que l'auteur ne connaît que deux classes de fonction-
naires, les anciens ou évêques, et les diacres (ch. xl
et xlh).
1. Irônêe, 1. III, chap. m, 3 : Sous ce Clément, l'Église de Rome
(quaé est Romce Ecclesia) écrivit aux Corinthiens une lettre excel-
lente. — Eusèhe^ m, 16 : Toutou St) oOv li\-{\ij.zvxoq b^.oloyo\Ji;.ér/\ ^la
IttictoXy) cpépexai, ^.z-^ak-/] te xal Oau[;.a(Jia -^v w; àito ttjç 'Po)[;.aitov
£XxXv](7iaç TY) KopivOt'ojv oiETuirtoaaTO. — Ici. XXXVIII, 1 : ... xal tou
I(X7i(/.£VT0ç Iv r^ àvtO[jr,oXoYvi[/£vyi Trapoc Tcaatv, '/]V Ix Trpoaw'jrou t^ç
'Pw[/.aicov EO<xXy)aiaç t^ KopivOioJV oieTUTitoffaxo.
2. Qu'on se figure comment le pape écrirait aujourd'hui à un
diocèse en révolte contre son clergé, et on comprendra toute la
valeur de cette observation.
118 LE PASTEUll d'hERMAS.
Ep. Clém. ch. 44 : Nos apôtres connurent qu'il y aurait
des compétitions pour le titre â^évêque {i~l tou 6vo[j,aTo; r^ç
£TCi,cx.oTC'/iç) : c'est pourquoi ils confièrent ce titre à ceux que
nous avons dit... Ceux donc qui ont été établis par les
apôtres, ou ensuite par d'autres, nous ne croyons pas
juste de les rejeter du ministère. — Heureux les anciens {ol
7vpecêuT£pot) qui ont achevé leur carrière avant nous... Ceux
là du moins ne craignent pas que quelqu'un vienne les
tirer de la place qui leur a été assignée !
Ibid. ch. 47, 6 : Il est honteux d'entendre dire que
cette Église de Corinthe est en révolte contre les an-
ciens...
Ibid. ch. 54, 2 : Que le troupeau du Christ soit en
paix avec les anciens qui ont été étabhs.
Ibid. ch. 57, 1 : Soumettez-vous aux anciens.
Ibid. ch. 40, 5 : La suprême volonté du Seigneur a fixé
ceux qui doivent être les ministres des offrandes. Le
grand prêtre (tw à^iie^d) a ses attributions ; une place
spéciale est assignée aux prêtres (w$ le^siiGiv); des fonc-
tions particulières sont donuées aux lévites (toî"? Asukaiç,) :
le laïque (6 ^.aïîcoç avÔpwTvoç) est lié par des obligations qui
lui sont propres K
1. Clément cite textuellement de longs et nombreux passages de
l'Épître aux Hébreux ; on voit qu'il s'était complètement assimilé la
doctrine de l'auteur de cette épître. Pour lui donc, comme. pour ce
dernier, le grand prêtre des chrétiens ne pouvait être que Jésus-
Christ. Restent alors deux ordres, les prêtres, c'est-à-dire les anciens
ou évêques, et les lévites, c'est-à-dire les diacres. Par laïques,
Clément entend ceux des fidèles qui n'exerçaient aucun ministère.
— Voir toute l'épitre aux Hébreux et en particulier le ch, vin, 1-2 :
« Un point capital dans notre sujet, c'est que nous avons un souve-
« i-ain sacrificateur (ap/^tepsa) tel qu'il s'est assis à la droite du Trône
« de la Majesté divine dans les cieux en qualité de ministre du Lieu
LE PASTEUR b'hERMAS, 119
Ihid. ch. 4:2, i : Prêchant ainsi à travers les campa-
gnes et les villes, les apôtres choisissaient ceux qui avaient
été les prémices de leur apostolat, et après les avoir
éprouvés par l'Esprit, ils les établissaient évêqites et dia-
cres (sTCicx-oTTouç y.ai ^lazowuq) de ceux qui devaient croire.
Et ce ne fut pas là une nouveauté : il y avait longtemps
que l'Écriture parlait d'évêques et de diacres, puisqu'elle
dit quelque part : J'établirai leurs évêques sur les fonde-
ments de la justice et leurs diacres sur les bases de la
foi.
Un point intéressant à noter dans l'épître de Clément,
c'est que le terme d'ancien, tout en désignant les chefs de
la communauté, y est souvent opposé à celui de jeunes
gens ; on en est encore à la naissance de l'institution, au
moment oii les prêtres étaient vraiment les plus âgés de
l'Éghse.
Clém. I ; 3 : « Vous faisiez tout sans acception de per-
sonnes et vous marchiez suivant les lois de Dieu, soumis
à vos chefs (toTç '/lYouixevo!.? û[j,wv) . Vous rendiez l'honneur
convenable à vos anciens (toî"? Trap'ûjjJv irpsoguTepotç), vous
avertissiez les jeunes gens (veot;) d'avoir des sentiments
honnêtes et graves. )> — Ihid. \\i, 3 : « Ainsi les jeunes
gens se sont élevés contre les anciens (oûtw; £7r-/]yepO-/ic;av
01 veoi éTvl tqU Tcpsaé'uTepouç) , — Ihid. XXI, 6 : Véuérons ceux
qui sont à notre tête (toùç irpo'/iyoupivou? -/ip-wv), honorons les
anciens (toùç irpecêurepouç) , instruisons les jeunes gens
(-où; veouç) dans la crainte de Dieu... »
C'est ainsi que dans la première épître de Pierre, on
« très saint et du véritable labernacle qui a été dressé par le Sei-
« gneur, non par un homme. En eflet, tout souverain sacrificateur
« (ita; àp7_i£peuç) étant établi pour offrir des oblations et des sacri-
« fices, il était nécessaire que lui aussi eût quelque chose à offrir. «
120 LE PASTEUR d'hERMAS.
lit (v. 1 et 5) : « Je m'adresse maintenant aux anciens (toùç
xpeaêuTepouç) qui sont parmi vous, moi qui suis ancien
comme eux... De même, vous qui êtes jeunes (vewxepot),
soyez soumis aux anciens (uTîOTaY'i'^e T^pscêuTepoiç) .
Dans le célèbre fragment de Papias qu'Eusèbe nous a
conservé au Livre III, ch. 39, de son Histoire ecclésiastique,
c'est sous le nom d'anciens uniquement que sont désignés
les personnages marquants, par lesquels s'étaient trans-
mises les traditions apostoliques, (ocra 7:oT£7rapàTcov Tupea^urépcov
y.cikSic, e[xa0ov — d ^é tcou /.al 7rapYix,olo'j()'fly,c6çT!.ç Toî'çirpscêuTspoiç elôoi
Toùç Tcov TTpscêuTepwv àv£/Cptvov T^oyouç. — 6 TTpecêuTspoç 'lœavvYiç.
L'habitude de donner souvent aux évêques le nom d'an-
ciens s'est conservé longtemps et trahit leur origine. Eu
voici quelques exemples : Irénée, L. IV, 26, 2 : Qua-
propter eis qui in Eoclesia sunt presbyteris obaudire
oportet, his qui successiouem habeut ab apostolis, sicut
ostendimus; qui cum episcopatus successione charisma
veritatis certum secundum placilum Patris acceperunt.
Eus, H. E . V, 15 : Ol ^'hà 'Pc6[j//iç '^'x[xa'(ov, cbv -/lyetTO
4>Xcopivoç, TCpsG^uTepiou Toç £x,y-)sYiciaç cctvottsgwv . — Irén. , aj).
Eus . v, 20, 4; .* TauTa Ta ^oyfxaTa ot 7:po vîjxoiv Tvpecê'uTepot, oî x,al
Toî"? â-KO(7To7^otç GUfACpoiT'fl'cravTe; où Twape^wx.av crot. — Irén.^ ap.,
Eus. V, 20, 7 : 6 noT^U/capxoç. . e^tervoç 6 p^ax-apioç xal aTiroGToT^ix.oç
TTpecê'Jtepoç. — Jr^îl. «p. Eus., v, 24, 14 : Ol -nrpo 2wrÀpO(;
TvpecêuTepoi. oî icpoGTavrs; Tviç êx.y.V/iciaç '/iç gi> vuv à^Tiyvi, 'Avix.vitov
7^éyo[j.£v xat iilov. (Soter est le 11*^ pape; il est appelé
immoTzo:; par Eus. IV, 23, 9 et 10 ; 30, 3). Irén. ap. Eus.
V, 24, 15 : Ot Tvpo GO'j (BtxTopoçj 77p£cêuT£poi. — Ir . ap . Eus.,
24, 16 : Oure [x-^v 6 IIoT^U/capTroç tov 'AviV-vitov b-kbics, r/ip£Î'v,
T^syovta r/jv cuv7ÎÔ£i.av twv Trpo aùrou 7i:p£'jêuT£pwv ô<p£tX£i.v "/,at£;;(_£tv.
Dans la célèbre histoire de saint Jean et du jeune bri-
gand que rapporte Clément d'Alexandrie dans son livre
LE PASTEUR d'hERMAS. 121
Qiiis dives saïvefur, cJi. xlii, le chef de l'Église d'Éphèse
est appelé indifféremment imGy.or:o<; et irpecêuTepoç.
On peut donc affirmer, comme conclusion, que Fépis-
copat n'est pas dû à une prévision divine dhme nature mi-
raculeuse; il est né après coup, sous la pression des cir-
constances. Cette institution s'imposa de très bonne heure
comme une nécessité pour maintenir l'ordre, la discipline
et la pureté du dogme dans les églises, et aussi pour faci-
hter les communications et assurer la communion entre la
multitude des communautés dispersées sur toute k sur-
face de l'empire romain. Quoi de plus naturel que de voir
les conseils d'anciens se donner des présidents, d'abord
annuels, puis à vie, et ceux-ci usurper peu à peu une au-
torité indépendante et absolue ?
Note E. — Les premiers écrivains chrétiens exhortent
souvent les fidèles à l'allégresse spirituelle. C'est pour
eux un don du Saint-Esprit, une sorte de vertu, le témoi-
gnage d'une foi sincère. Cette allégresse est tout autre
chose que le sentiment d'une conscience satisfaite d'elle-
même; c'est la joie mystique d'une âme qui se sent inti-
mement unie à la divinité, supérieure à toutes les misères
de ce monde et assurée d'une féhcité prochaine et éter-
nelle. Voici quelques-unes de ces exhortations :
Rom. XIV, 17 : Le royaume de Dieu consiste dans la jus-
tice, dans la paix et dans la joie (xapî^) par l'Esprit saint.
Gai, V, 22 : Le fruit de l'Esprit au contraire, c'est
l'amour, la joie (xapà), la paix, la patience, la mansuétude,
la bonté, la bonne foi, la douceur, la tempérance.
l''^' Thessalon. i, 6 : ... en accueillant la Parole au milieu
de grandes afflictions, avec la joie ((xsrà xapàç) que donne
le Saint-Esprit.
122 LE PASTEUR d'hERMAS.
Jean xvii; 13 : Maintenant, je viens vers toi et je
t'adresse cette prière, pendant que je suis au monde, afin
qu'ils possèdent complètement ma joie (t-/iv yj/.^h rh
spv) au dedans d'eux^
Rom. XV, 13 : Que le Dieu de l'espérance vous fasse
trouver dans votre foi toute sorte de joie (-jraGviç x.'^.pâ'ç) et
de paix, pour que vous soyez plein d'espérance, par la
puissance de FEsprit saint.
Colos. I, 11 : Que Dieu vont donne d'être fortifiés de
toute manière par sa glorieuse puissance pour tout sup-
porter et endurer avec joie (y-srà xapàç).
Philip, m, 1 : Au reste, mes frères, réjouissez-vous
dans le Seigneur (xoctpsrs h Kupi'w).
Philip. IV, 4 : Réjouissez-vous dans le Seigneur; je
vous le répète, réjouissez-vous.
2 Corinth. i, 24... Mais nous tâchons de contribuera
votre joie.
Actes XIII, 52 : Toutefois les disciples étaient remplis
de joie (x^pccç) et d'Esprit saint.
1 Pierre i, 8 : Vous tressaillez d'une joie ineffable et
glorieuse [oiyaXkiaa^e X'^.pa âvsxAaA'/fTw y-al ^e^o^aapivv)), parce
que vous allez remporter le salut de vos âmes.
1 EjJ. Jean i, 4 : Et nous écrivons ces choses afin que
votre joie soit parfaite.
Barnabe, vu, 1 : Comprenez donc, enfants de la joie
(Té/cva £ii(ppoauvv]ç), que...
Barnabe, i, 6 : Il y a donc trois dogmes^ du Seigneur :
l'espérance du salut, commencement et fin de notre foi ;
1. Voir encore Jean xv, 11 ; xvi, 20, 22, 24.
2. Aoyy.KTa siint Dei prœcepta in qiiibus sensus aliquis gravis et
arcanus inest.
LE PASTEUR d'heRMAS. 123
la justice, commencement et fin du jugement ; la charité
dans la joie et l'allégresse (àyd-K-ri eùcppocuv/iç xal àyaXki(x.as.oi(;),
témoignage de la justice des œuvres.
Rom. XII, 12 : Que l'espérance yous rende joyeux
ÇxYii'km^i j(_atpoyTeç).
1 Thessalon. v, 16 : Soyez toujours joyeux.
Note F. — Ces passages font allusion au retour prochain
du Christ, retour que les premiers chrétiens considéraient
comme imminent. Cette croyance superstitieuse, à laquelle,
se rattachait l'espoir d'un règne de mille ans pour les élus,
n'a pas peu contribué à assurer le succès de la prédication
chrétienne et à entretenir l'enthousiasme des fidèles : elle
a laissé dans le Nouveau Testament des traces innombra-
bles, dont Yoici les principaux échantillons :
Math. XVI, 27-28 {Marc viii, 38 — ix, 1; Luc ix,
26-27) : ... En effet, le Fils de l'homme doit venir dans
la gloire de sou Père, avec ses anges, et alors il rendra à
chacun selon ses œuvres. En vérité, je vous le dis^ quel-
ques-uns de ceux qui sont ici présents ne goûteront point
la mort, qu'ils n'aient vu le Fils de l'homme venir dans
sa royauté.
Math. xxvi,,64(M'«rcxiv, 62) : Jésus répondit à Caïphe :
« Tu l'cis dit ; et -TOême je vous déclare que désormais
vous verrez le Fils de l'homme siéger à la droite du Tout-
Puissant et venir sur les nuées du ciel. )>
Math. XXIV, 3-36 : Comme il était assis sur la monta-
gne des Oliviers, ses disciples vinrent lui dire en particu-
lier : « Dis-nous quand cela ( la destruction du temple )
doit avoir lieu, et quel sera le signe de ton avènement et
de la fin du monde? » Jésus leur répondit : « Prenez
garde... (Annonce de la violation du lieu saint et d'une
124 LE PASTEUR d'hERMAS,
période de grande détresse.) Aussitôt après ces temps de
détresse, le soleil pâlira, la lune refusera sa lumière, les
étoiles tomberont du ciel et les puissances des cieux se-
ront ébranlées. Alors paraîtra dans le ciel le signe du Fils
de l'homme, et tous les peuples de la terre se frapperont,
la poitrine, et ils \erront le Fils de l'homme qui Viendra
sur les nuées du ciel, revêtu d'une grande puissance et
d'une grande gloire. Il enverra ses anges, qui, au son
éclatant de la trompette, rassembleront ses élus des quatre
vents, d'un bout du monde à l'autre. (Comparaison du
figuier.) En vérité, je vous dis que cette génération ne
passera point que tous ces événements n'arrivent. Le ciel
et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point.
Quant au jour et à l'heure, nul ne le sait, pas même les
anges du ciel, mais mon Père seul. » (Cf. Marc xm, 1-32
et Luc XXI, 5-33).
1 Corinth. xv, 51-53: Voici un mystère que je vous
révèle ; nous ne mourrons pas tous, mais tous nous serons
changés, en un instant, en un clin d'œil, au son de la der-
nière trompette : car la trompette sonnera, et les morts
ressusciteront incorruptibles, et nous, nous serons chan-
gés. Car il faut que ce corps corruptible revête l'incor-
ruptibilité, et que ce corps mortel revête l'immortalité.
1 Thessaloniciens iv, 13-18 : Nous ne voulons pas, mes
frères, que vous soyez dans l'ignorance au sujet de ceux
qui sont morts, afin que vous ne vous affligiez pas comme
les autres, qui n'ont point d'espérance.. Si nous croyons
que Jésus est mort et ressuscité, de même nous devons
croire que Dieu ramènera avec Jésus-Christ et par lui ceux
qui sont morts. Nous vous affirmons, par la parole du
Seigneur, que nous, qui vivons et qui sommes laissés pour
l'avènement du Seigneur, nous ne devancerons point ceux
LE PASTEUR d'iIERMAS 125
qui sont morts. Le Seigneur lui-même, au signal donné à
la Toix d'un archange et au son de la trompette de Dieu,
descendra du ciel; alors ceux qui sont morts en Christ
resssusoiterout d'abord; puis nous, les vivants, ceux qui
auront été laissés, nous serons enlevés tous ensemble avec
eux sur les nuées pour aller au-devant du Seigneur, dans
les airs ; et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur.
Consolez-vous donc les uns les autres dans ces pensées.
2^ Thessalonic. ii, 6 ss. : Et maintenant vous savez ce
qui empêche l'adversaire de paraître avant son temps, car
le mystèrede l'impiété déploie déjà son action; seulement
il faut attendre, pour qu'il éclate, que celui qui fait obsta-
cle à cette heure soit écarté. Alors paraîtra l'impie, que le
Seigneur Jésus détruira par le souffle de sa bouche et
anéantira par l'éclat de son avènement. Cet impie paraîtra
avec une puissance satanique.,.
Voyez encore : Actes n, 15 ss. — Rom. xvi, 20. —
1 Corinth. vn, 26 et 29; x, 11. — Philip, iv, 5. —
1 Thessal. m, 13. — Hébr. i, 2; ix, 26; x, 25 et 37. —
Jac. V, 4, 8 et 9. — 1« Pierre i, 5 et 20; iv, 7 et 17; v, 1.
— 1« Ep. Jean II, 18 et 28,
Il y aurait également à citer l'Apocalypse tout entière,
puisque l'objet de ce hvre est précisément l'annonce de
l'apparilion prochaine de l'antechrist et de son règne, puis
du retour du Christ et du triomphe de celui-ci sur celui-là.
Disons seulement que l'Apocalypse a été écrite sous le
règne de Galba, à la fm de l'année 68 ou tout au commen-
cement de 69; que l'auteur prédit le retour de Néron
comme autechrist * et la destruction de Jérusalem, le
1. Les sept tôtes de la bête sont sept rois (xvii, 10) ; la bête est
elle-môme un huitième roi et en môme temps l'un des sept premiers
rois (xvii, 11); ce roi a élé blessé à mort, mais sa blessure est
126 . LE PASTEUR d'hERMAS.
temple excepté (xi, 1-2); qu'il fixe à trois ans et demi
(42 mois, xm, 6, et xi, 2, ou 1260 jours, xi, 3) la durée
du règne de cet autechrist, qui sera alors vaincu par Jésus
(xix, 11-21). A ce moment, les justes seuls ressusciteront
pour régner mille ans avec le Christ (xx, 4-5).. Puis Satan
sera relâché un instant et surviendra une courte et nou-
velle crise (xx, 3 et 7-10), à l'issue de laquelle auront lieu
la résurrection générale et le jugement dernier (xx, 11-
15). Alors les impies seront jetés dans les flammes éter-
nelles, tandis que la Jérusalem céleste descendra sur la
terre et que les élus s'y installeront pour l'éternité (xxi et
xxn, 1-5) ^
guérie (xvii, 3, 12 et 14) ; il était et n'est plus [quant au moment
présent), mais il doit remonter de l'abîme (xvii, 8 et 11). Le nombre
de cette bête est le nombre d'un homme et ce nombre est 666
(xm, 18). — Toute cette caractéristique s'applique à merveille à
l'empereur Néron : la somme des lettres qui forment son nom en
hébreu donne précisément 666, quand on additionne leurs valeurs
numériques ; Néron passait du reste en Orient pour avoir échappé
aux suites de sa blessure, s'être réfugié chez les Parthes et devoir
remonter sur le trône. Voyez : Suétone, Vie de Néron, 40 et 57 ;
Tacite, J/w^., i, 2 et ii, 8 et 9; Dio7i Cassius, lxiv, 9; Oracula
Sibyllina, iv, 116 ss. ; v, 33; viii, 1-216; ... etc. — Il existe encore
d'autres coïncidences curieuses, de sorte qu'il est absolument im-
possible de douter que l'auteur de V Apocalypse n'ait eu Néron en
vue à propos de soil Antéchrist.
1. Les millénaires s'appuyaient principalement sur le célèbre
passage de la 1" épître. aux Corinth. (xv, 23-28) : « Les prémices
de la résurrection, c'est Christ; ensuite viendront ceux qui appar-
tiennent à Christ, lors de son avènement; puis ce sera la fin, quand
il remettra la royauté à Dieu, son Père, après aA^oir renversé toute
principauté, toute autorité et puissance ; car il doit exercer la
royauté jusqu'à ce qu'il ait mis tous ses ennemis sous ses pieds...
Lorsque toutes choses lui auront été soumises, alors le Fils lui-
même sera aussi soumis à Celui qui lui a soumis toutes choses, afin
que Dieu soit tout en tous. » •
LE PASTEUR d'hERMAS. \21
Note G. — L'Église romaine s'attribue la prééminence
sur toutes les autres Églises, avec le droit de les gouverner
et de leur imposer sa règle de foi. Le Pasteur ne fait au-
cune allusion à ces prétentions, et quant à l'épître de
Clément, elle montre bien que les Corinthiens avaient
choisi les Romains pour arbitres au sujet des querelles
qui s'étaient élevées parmi eux : mais ce choix, tout tend
à prouver qu'ils l'avaient fait spontanément et pour des
motifs particuHers, par exemple, parce qu'à Rome rési-
daient encore alors des collaborateurs de saint Paul, leur
père dans la foi. Il n'impHque en aucune façon qu'ils re-
connaissaient à cette ÉgUse une autorité supérieure et la
mission de régenter toutes les autres.
L'Église de Rome a cru du moins trouver un texte à
l'appui de ses prétentions dans un auteur presque con-
temporain d'Hermas, — je veux parler d'Irénée, évêque de
Lyon. Mais le passage auquel je fais allusion ne se prête
à cet usage que grâce à une interprétation arbitraire ; et
pour compléter ce qui a été dit plus haut au sujet de l'or-
ganisation primitive dans l'Église, je veux le rapporter
ici et en faire ressortir le véritable sens.
Irénée (1. III, cli. 3) veut montrer que les Apôtres n'ont
pas eu de doctrine secrète enseignée à des privilégiés et
que les rêveries de Valentin, Marcion et autres ne sont
pas d'origine apostohque. Si de pareilles doctrines eussent
existé, c'est surtout aux évêques et à leurs successeurs
qu'elles eussent été confiées. Or, il y a un grand nombre
d'églises qui ont été fondées par les apôtres et ont eu une
succession d'évêques remontant jusqu'à eux ; dans aucune
d'elles, on ne connaît ni n'enseigne rien de semblable.
Il serait trop long, dit Irénée, de citer toutes ces égiises;
il suffira de prendre pour exemple celle de Rome, d'en
128 LE PASTEUR d'hERMAS.
rappeler les évoques successifs et de montrer que la foi
qui y est reçue est la foi catholique, celle que moi,
ïréuée, je défends contre tous les hérétiques.
« Sed quoniam valde longum est in hoc tali volumine
« omnium Ecclesiarum enumerare successiones, maximœ
« et antiquissimœ et omnibus cognitœ^ a gloriosissimis
« duohus apostolis Peiro et Paulo Romœ fundatœ et
« consiitutœ Ecclesiœ, eam quam habet ab apostolis tra-
ce ditionem et anuuntiatam hominibus fîdem, per succes-
« sionnes episcoporum pèrvenientem usque ad nos indi-
ce cantes, confundimus omnes eos, qui quoquo modo, vel
« per sibi placentia vel vanam gloriam, vel per cœcitatem
« et malam sententiam, prœterquam oportet cohigunt.
a Ad hanc enim Ecclesiam, propter potiorem principali-
« tatem necesse est omnem convenire Ecclesiam^ hoc est
« eos qui sunt undique fidèles, in qua semper ab bis, qui
« sunt undique, conservata est ea quae est ab apostolis
« traditio. »
Quels sont donc les motifs qu'Irénée invoque pour faire
choix dans cette circonstance de l'Église romaine ? C'est
d'abord qu'elle est très grande, très antique, connue de
tous, qiCelle a été fondée et établie par les deux très glo-
rieux apôtres Pierre et Paid. Ensuite l'importance excep-
tionnelle de cette ville, sa prééminence {potiorem prin-
cipalitatem [Urbis) forcent les fidèles de tout l'empire à y
affluer de toute part [convenire... undique), et ce concours
universel y a forcément entretenu et conservé la tradition
générale, la tradition apostolique. De sorte qu'Irénée ne
reconnaît aucun privilège divin à l'Église de Rome et n'at-
tribue l'importance de sou témoignage en matière de foi
qu'à des circonstances tout à fait naturelles et acciden-
telles, c'est-à-dire à ce qu'elle a été fondée par deux
LE PASTEUR d'hERMAS. 129
apôtres, et à ce qu'étant la capitale de l'empire, les fidèles
se trouvent amenés à y affluer de tous les points de l'uni-
vers, et à y exercer par suite une sorte de contrôle inces-
sant de la pureté delà foi primitive. Il semble que cette
Église particulière participe ainsi à la vie de l'Église
entière et la représente dès lors le plus fidèlement pos-
sible.
Les auteurs catholiques, pour tirer parti du passage en
question, sont obligés de traduire la dernière phrase
comme il suit : « C'est avec cette Église que toutes les
« Églises et tous les fidèles doivent s'accorder, à cause
« de sa principauté suréminente, et parce que c'est en elle
« que ces mêmes fidèles répandus par toute la terre ont
« conservé la tradition qui vient des apôtres. » Ils suppo-
sent ainsi que le moi principalitatem se rapporte, dans la
pensée de l'auteur, à l'Église et non à la ville de Rome,
et en outriB que le terme de convenire a le sens de s'ac-
corder et non celui de se réunir.
Mais autant qu'on peut le vérifier par les fragments
conservés du texte original d'Irénée, les mots traduits par
convenire, dans la version latine qiie nous possédons, ont
en grec le sens de se réunir {csM^^oiXkeiv , cwéçjza^oLi.
(juj;,gat'veiv.— Voir 1. II, 22, 5, et 1. III, 21, 2). En outre, la
présence répétée du mot undique favorise ce sens. Enfin
on ne voit pas comment tous les fidèles auraient pu con-
tribuer à la conservation de la tradition apostolique à
Rome, autrement que par leur affluence dans cette ville,
par cette affluence que l'auteur exprime, suivant nous,
dans ces termes de convenire et à! undique.
Note H y sur V auteur de la Création du Monde. —
Dans le Nouveau Testament, la création du monde est
9
130 LE PASTEim d'hermas.
attribuée à Dieu (Actes xiv, 15; xvii, 24-26), qui l'a
créé par sa parole (p'/i(xaTt, Hébr. xi, 3) ou par sa volonté
(Apoc. IV, 11). Cette parole créatrice est couçue par l'au-
teur du quatrième évangile comme une liypostase et iden-
tifiée avec le Christ (Jean, i, 3, 4, 14), à qui l'épître aux
Colossiens (i, 16) et l'épître aux Hébreux (i, 2; Cf. xi, 3),
et même la première épître aux Corinthiens (vm, 6), attri-
buent également la création, eu faisant toutefois du Christ
un simple instrument. Le Verbe, deuxième personne de
la Trinité, n'a cessé, jusqu'à saint Arabroise et saint
Augustin, d'être considéré par les Pères comme l'ouvrier
de la création, et le symbole de Nicée lui-même, après
avoir nommé le Père, créateur de toutes les choses visibles
et invisibles, dit du Fils que tout a été fait par lui dans
le ciel et sur la terre (^t' ou i-aTravra iyév&TQ, toc èv TÔi oiipavô
xal Ta sv TV) yyÇ)-
Voici, pour donner un exemple, comment s'exprime
Origène (Contre Celse, 1. Vf, ch. 60) : « Nous avons déjà
« fait ce qui dépendait de nous pour éclaircir ces com-
« mandements : Que ceci ou que cela se fasse, en rap-
« portant ce passage : Il a parlé et tout a été fait; il a
(( commandé et tout a été créé, et en montrant que l'ouvrier
« immédiat du monde, celui qui, pour ainsi dire, a mis
« la main à l'œuvre, c'est le Fils de Dieu, que nous nom-
(( mons le Verbe ; mais que le Père du Verbe en est
« l'ouvrier primitif, en ce qu'il a commandé à sou Fils de
« faire le monde. » Voir encore Ibid., ch. 47; Orig. de
princip. Prsef., 4; Homel. in Geu., et in Joan., n, 6. —
Tous les autres Pères des quatre premiers siècles ont
partagé cette manière de voir. On peut citer entre autres :
Justin, 2*^ ApoL, 6 et Cohort. ad Graec, 15; Tatien, Orat.
ad Graec, 6; Athénag. Légat., 10; Theoph. ad Autolyc,
LE PASTEUR d'hERMAS. 131
10 et 22; Ép. de Barnabe, v, 5 et 10 ; Ep. ad Diogn., 7:
Const. Apost., II, 59; Iréuée, iv, 20, 1 et v, 18, 3; Ter-
tuU. Praescript., 13 et Adv. Prax., 2; Clém. Alex. Coh.
ad gentes, ch. i et Strom., 1. vi, ch. 7 (p. 769) et ch. 16
(p. 815) et L VII, ch. 2 (p. 831) ; Philosophoumena, 1. x,
ch. 33: « Jubente pâtre muudum fieri, perfecit Verbum,
in singuhs Deo obtemperans. »
Ce rôle attribué au Fils était une conséquence forcée de
la conception originelle du Verbe, qui fut imaginé pri-
mitivement pour être l'anneau reliant les créatures au
Dieu absolu et inaccessible. Mais il devint nécessaire de
modifier la théorie sur ce point particulier, quand on en
fut venu à considérer le Fils comme l'égal du Père, et
comme ne faisant qu'un seul Dieu avec lui ainsi qu'avec
le Saint-Esprit. Aussi saint Augustin euseigna-t-il que la
création n'est pas l'œuvre personnelle du Fils, mais bien
Tœuvre collective de la Trinité,. à qui il attribuait aussi
sans hésiter les théophanies de l'Ancien Testament. En
fait, c'est maintenant au Père qu'on a pris l'habitude
d'attribuer la création. « La puissance étant appropriée
(c'est-à-dire attribuée de préférence) au Père, la création
doit également lui être appropriée ; car la création est
surtout l'œuvre de la puissance. » C'est ainsi que le
catéchisme du Concile de Trente dit : « 11 n'y a de propre
« au Père que la paternité, au Fils que la génération, au
« Saint-Esprit que la procession du Père et du Fils : mais
« c'est l'usage de l'Église d'attribuer plus spécialement
« au Père l'œuvre de la création, au Fils celle de l'incar-
« nation et de la rédemption, au Saint-Esprit celle de la
« sanctification. »
132 LE PASTEUR d'hERMAS.
ADDENDA
A la page 8. — Le texte de l'ancienne version latine vulgaire a
été définitivement établi par Hilgenfeld : Veterem latinam inter-
pretationem e codicibus edidit Ad. Hilgenfeld^ Lipsiae 1873.
FIN
T j^BLiEl
Pages.
I. — Notice succincte sur le Pasteur, son origine, son auto-
rité, ses manuscrits et ses éditions 1-11
II. — Aperçu du Pasteur i 12-23
III. — Analyse méthodique du Pasteur 24-63
1° Dieu 24-25
2° Le Fils de Dieu 25-30
3° Le Fils adoptif de Dieu 30-31
4° Le Saint-Esprit 31-34
5° Les Anges 34-35
6° L'Eglise idéale 35-37
7° L'Eglise terrestre, à Rome 37-48
8° De la pénitence 49-53
9° Le monde, les affaires, les richesses 53-54
10° Les riches et les pauvres ; l'aumône 54-57
11° Rédemption, œuvres 57-59
12° Opinions diverses 59-63
IV. — Extraits 64-86
1° Dieu 64-65
2° Le Fils de Dieu 65-76
3° Les vrais et les faux prophètes 76-80
4* La pénitence 81-82
5° Les riches et les pauvres 82-85
6° Les apôtres.aux enfers....... .,,.... 85-86
1^34 LE PASTEUR d'hERMAS.
V. —Notes 87 131
Note a, sur la Trinité. . , 87-88
— b, sur la divinité du Fils de Dieu 88-107
— c, sur le Saint-Esprit 108-111
— d, sur l'épiscopat 111-121
— e^ sur les exhortations à l'allégresse 121-123
— f, sur la croyance des premiers chrétiens au
prochain retour de Christ s . . . . 123-126
— g, sur un texte d'Irénée, relatif à l'Eglise de
Rome 127-129
— h, sur l'auteur de la création 129-131
Addenda. 132
Imprimerie D. Bardin, à Saint-Germain.
■ 1
8R
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A/A/i/l/l/lta.
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